Chapitre 7

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Les rues que nous empruntions étaient sales et encombrées de poubelles et de cadavres. C'était une vision apocalyptique. Plus nous avancions et plus les bâtiments étaient détériorés. Certains tenaient encore debout mais d'autres s'étaient effondrés sur eux-mêmes, répandant leurs ruines sur la chaussée déjà presque impraticable. L'odeur, ici comme ailleurs, était épouvantable. J'en vain à regretter mon quartier, qui même atteint par l'apocalypse, n'avait as été aussi touché que le centre ville dans lequel j'évoluai à cet instant même.

- Tu ne voudrais pas te dépêcher ? D'habitude, je serais déjà rentré. Les autres doivent s'inquiéter, sauf s'ils m'ont déjà ajouté à la liste des morts, ce qui est fort probable. D'ailleurs, ce ne serait pas la première fois...

Miracle, monsieur bougon venait de m'adresser la parole après un quart d'heure de marche. Dommage, ce n'était pas pour me dire quelque chose de gentil.

- Je fais ce que je peux... dis-je entre deux anhélations.

Brian se retourna et me barra la route avant de s'accroupir devant moi.

- Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je embarrassée.

- Soulève ton pantalon ! Tu es blessée, je veux juste voir ta plaie.

- Comment sais-tu que je suis blessée ? Je ne t'ai rien dit, à ce que je sache !

- Je ne suis pas aveugle. Ton pantalon est tout tâché, tu boites comme une fille qui sortirait d'une soirée bien arrosée en talons aiguille et on dirait qu'on t'a fixé un masque de gargouille sur la figure tellement tu grimace.

Je haussai les épaules en faisant un pas de plus pour le contourner. Je ne voulais pas de sa pitié. Je n'avais jamais autant souffert de ma vie mais, ce n'était pas à lui que j'allais me confier. Il m'attrapa brusquement par le bras et me força à m'asseoir. Incapable de résister à la pression qu'il exerçait sur mon épaule endolorie, je m'installai devant lui en me mordant la lèvre pour ne pas gémir de douleur. Sans attendre ma permission, il remonta mon pantalon et la stupeur se vit sur son regard alors qu'il dévoilait ma blessure au grand jour.

- Bon sang ! Tu vas avoir une de ces cicatrices après ça, s'il ne faudra pas carrément te couper la jambe !

N'ayant pas pensé à cette deuxième éventualité, j'eus un hoquet de surprise qui n'échappa pas au garçon.

- Si tu ne veux pas que cela arrive, il faudrait accélérer pour que l'infirmier puisse t'examiner...

- Je fais ce que je peux, je te l'ai déjà dit !

Je lui repris l'ourlet de mon pantalon des mains en tremblant de fureur, avant de le rabaisser sur ma jambe et de me remettre à avancer. Mes membres peinaient à me maintenir debout et je crus un instant que j'allais m'affaisser sur le sol. J'espérais qu'on serait bientôt arrivé.

- Tu comptes allez où comme ça ? me demanda Brian qui se levait seulement.

- A l'hôtel de ville, idiot !

- Et tu sais où c'est ? me nargua-t-il.

- Non mais...

Il passa devant moi et tourna à gauche dans une ruelle étroite et lugubre, obstruée par des briques et des poutres de métal. Je ne bougeai pas d'un pouce et suivais sa laborieuse progression du regard. Au fond de l'allée, je vis une porte blindée enfoncée dans le dernier mur encore partiellement debout de l'édifice.

- Bon alors, tu viens ?

- Où va-t-on? demandais-je méfiante.

- Dans le repère de l'armée du zénith ma grande !

Il ouvrit une porte et me la tint ouverte. Je m'avançai en essayant de ne pas grimacer et mes efforts firent rire Brian. Je le fusillais du regard avant de passer sous son bras. Il referma la porte derrière nous et on descendit une volée d'escaliers, plongée dans le noir total, avant de se retrouver dans un étroit couloir où quelques lampes dispensaient une faible lueur, tout juste de quoi distinguer la silhouette de Brian devant moi.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant