Chapitre 37

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- Il faut que nous sortions d'ici ! s'écria Brian en se jetant, l'épaule la première contre les barreaux en fer qui le retenaient prisonnier.

Il ne réussit qu'à se déboiter l'omoplate et à émettre un petit cri plaintif. Je ne l'avais jamais vu perdre sa contenance à ce point et son comportement m'exaspéra, moi qui avais besoin de calme pour me faire à ma situation et essayer d'échafauder un plan d'évasion. J'essayai de deviner ce que Daphnée aurait fait dans une situation comme celle-ci mais le vacarme que Brian provoquait me fit sortir de mes gonds.

- Ca ne sert à rien que tu t'acharnes. La grille ne bougera pas. Explique moi plutôt ce que tu fais ici et où sont les autres ? dis-je lasse de le voir tourner en rond comme un fauve en cage.

Il me lança un regard noir très déstabilisant avant de serrer des barreaux dans ses mains, de rage, comme s'il espérait les plier.

- Les autres sont en sécurité et moi j'étais censé venir te chercher et voilà où j'en suis maintenant ! s'énerva-t-il en balançant un coup de pied dans le mur de brique.

J'avais une farouche envie de lui dire que je ne lui avais rien demandé mais je m'abstins. Rien ne servait de le mettre encore plus en colère qu'il ne l'était déjà. Je m'installais le plus confortablement possible contre les barreaux de ma prison pour me trouver le plus près possible du garçon et je ne pus résister à la tentation de dormir. De toute façon, je n'avais rien d'autre à faire qu'à attendre.

* * * * * * * *

Je ne somnolai pas longtemps. Trop d'interrogations tournaient en boucle dans ma tête pour que je puisse me reposer complètement.

- Brian, que crois-tu que les zombies nous veulent ?

Le garçon soupira dans mon dos et sa voix rauque aux intonations graves résonna dans le souterrain.

- Je pense qu'ils ont compris que nous représentions une menace pour eux. Ils ont décidé de nous mettre hors course et se sont servit de Dann comme appât pour nous avoir. Je ne vois que cela comme explication logique. Les zombies s'avèrent finalement des créatures plus coriaces à combattre que nous ne le pensions.

Je me mordis la lèvre. La réponse de Brian était complètement erronée mais je pensais la même chose que lui. Si nous avions raison, nous étions tous morts d'avance... L'apprentissage des mutants dépassait l'entendement!

- Tu as une idée pour nous sortir de là ? demandais-je à mon ami pour combler le silence des lieux.

N'entendant pas sa réponse me parvenir, je me tournais vers lui pour voir ce qu'il faisait. Le grand ténébreux me regardait laconiquement et soupira.

- Thelia, franchement, est-ce que j'ai l'air d'avoir une quelconque solution ?

- En fait non, pas vraiment, dis-je en serrant les dents.

Le silence se réinstalla après ces quelques mots et une boule de sanglots remonta dans ma gorge. Non ! Je n'allais pas me laisser submerger par mes émotions, pas maintenant. Je me remis debout et dû m'appuyer contre le mur pour garder l'équilibre. Je ne pensais pas pouvoir tenir encore longtemps dans ces conditions. Mes forces commençaient à me lâcher. Il fallait que je mange, que je boive et que je dorme une bonne fois pour toute. Autant de choses impossibles à réaliser ici. Mon accès de faiblesse n'échappa pas à Brian qui me regarda d'un œil suspicieux. Il devait sûrement se douter de ce qu'il s'était passé entre Dann et moi mais il ne fit aucun commentaire et ne me lâcha pas du regard. Au prix d'un petit effort, je me décollais du mur et lui souris. Le garçon, hautain, détourna le regard et se renfrogna dans son coin. Mon sourire avait dû lui paraitre aussi faux qu'une prison aux murs d'or mais je n'étais pas en mesure de lui en proposer un autre pour l'instant.

La lassitude s'installa entre nous. Nous n'échangions plus un mot et je goutais au silence, le dernier son auquel j'aurais peut-être droit. Quand soudain, des bruits de pas, tellement infimes que je manquais de ne pas les entendre, résonnèrent dans le long couloir qui longeait les cages qui nous renfermaient.

- Brian, tu entends ça ? chuchotais-je.

Mon ami ne me répondit pas, tendu comme un arc, il attendait que le nouveau venu arrive à notre hauteur. Une silhouette se découpa sur un fond de pénombre et en plissant les yeux, je reconnus Dann.

- D... voulus-je m'exclamer mais le garçon posa sa main ensanglantée sur ma bouche pour me faire taire.

- Tais-toi Thelia, il ne faut en aucun cas qu'ils nous entendent. Un groupe de zombies est à mes trousses, il faut faire vite !

J'acquiesçais pour lui signifier que j'avais compris et mon coéquipier enleva sa main. Il se mit à traficoter la serrure de ma cage avec un poignard qu'il avait récupérer je ne sais où et comme par miracle, le cadenas céda, me rendant ma liberté. Je sortis en trombe de ma prison et me jetais dans les bras de mon ami.

- Merci... lui murmurais-je tout bas.

- Hum hum, je suis désolé de vous interrompre mais je suis toujours enfermé ! nous fit remarquer Brian.

Dann s'empressa de fourrer la pointe de son arme dans la serrure et se mit à la tourner en tout sens.

- Bon sang, je n'arrive pas à l'ouvrir celle-ci ! s'exclama-t-il furieux.

Je posais une main sur son épaule et le forçais à se retourner vers moi.

- Passe-moi ton arme, je vais essayer...

Mon coéquipier s'exécuta et je m'accroupis devant la cellule de Brian, le front plissé.

- Thelia fait vite, j'entends des pas et cette fois, ce ne sont pas les miens... me signala Dann complètement paniqué.

Le stresse s'empara de moi et je m'arcboutais contre la grille pour essayer de l'ouvrir, en vain. Les deux garçons qui m'accompagnaient échangèrent un signe de tête et Brian passa une main à travers les barreaux pour me toucher la joue.

- On se retrouvera ma jolie, un jour, sois en sûre...

Je ne compris la sonorité de ses paroles que quand la poigne puissante de Dann me tira en arrière puis me souleva du sol.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? m'énervais-je.

- Je te sauve princesse !

Je ne voulais pas partir, pas si prêt du but. Je refusais catégoriquement de laisser encore un de mes amis derrière moi, même s'il s'agissait de Brian et que je savais qu'il ne pourrait rien lui arriver. Cependant, Dann ne me laissa pas le choix. Il entama une course effrénée et se ne fut qu'arriver à la moitié des marches qu'il remarqua que tout cela était vain. La horde de mutants descendait déjà vers nous, nous piégeant sous terre.

- Je suis ravie de t'avoir connue Dann... dis-je en l'embrassant pour la dernière fois.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant