Chapitre 9

245 21 0
                                    


J'ouvris les yeux. Je me trouvais dans le noir total, ce qui ne me convenait pas du tout. Je me redressai en position assise en faisant grincer les ressorts du lit. Ma jambe ne me faisait plus aussi mal qu'hier. Lorsque doc m'avait recousue, la veille, j'avais tellement hurlé que j'avais fini par m'évanouir, si bien que je ne savais pas où je me trouvais. Je posais les pieds sur le sol et me mis debout. Je ressentis un léger picotement dans ma jambe rafistolée lorsque mon poids pesa sur cette dernière. Je fronçais les sourcils, surprise. Doc avait vraiment fait du bon travail ! J'avançais donc de quelques pas, en boitillant, jusqu'à ce que je rencontre malencontreusement le coin d'une table. Je jurais de tout mon soul en me frottant la hanche. J'allais encore avoir un nouveau bleu. Je tendis les bras devant moi pour plus de sécurité. Mes doigts rencontrèrent le mur et, à tâtons, je cherchai la porte qui me permettrait de m'extraire de la pièce. Cela me prit une éternité mais mes doigts rencontrèrent enfin une matière différente de la brique et je trouvai bientôt la clinche.

Dans le couloir, il n'y avait pas un bruit. Cette constatation me mit la chair de poule. Une faible lumière éclairait le corridor. Je baissais la tête vers ma tenue et découvris qu'on m'avait vêtue d'une tunique noire qui descendait jusqu'à mes genoux. Pas de quoi cacher l'immense cicatrice qui me barrait à présent le mollet.

- Il y a quelqu'un ? demandais-je faiblement.

Le silence me répondit. J'avançais prudemment, mes pieds nus touchant à peine le sol. J'ouvris la première porte sur ma droite et trouvai un dortoir entièrement vide, jonché ça et là de linges éparpillés. Je n'eus pas plus de succès avec la suivante.

Je m'affalai contre le mur pour reprendre ma respiration quand un bruit attira mon attention. Une sorte de gémissement sourd. Mes cheveux se hérissèrent sur ma nuque mais j'avançai quand même dans cette direction. Une porte était entrouverte tout là-bas, au fond du couloir. J'approchais jusqu'à découvrir la salle dans laquelle doc m'avait opérée la veille. Sur la table d'opération, un garçon était couché sur le ventre, la tête dans ma direction, tandis que le médecin examinait son dos.

- Je te vois Thelia !

Je tressautais. Comment Doc avait-il pu savoir que j'étais là sans même avoir relevé la tête ? J'étais sûre de n'avoir fait aucun bruit.

- Tu ferais mieux de partir, ce n'est pas un patient facile, continua le vieil homme.

Le jeune garçon en question releva la tête et planta ses yeux de fauve dans les miens.

- Non, au contraire, reste ! Admirer une jolie fille me changera les idées.

Je regardais le médecin qui riait sous cape et m'avançais dans la pièce. Les néons m'éblouirent et je cachais mes yeux meurtris avec mon bras.

- Tu es nouvelle.

Ce n'était pas une question, pourtant, j'acquiesçais.

- Approche, je ne vais pas te manger !

- Rien n'est moins sûr ! répliqua doc.

Le garçon me détailla sous tous les angles et un air appréciateur se dessina sur son visage, ce qui me mit vraiment mal à l'aise.

- Je m'appelle Dann.

Je lui souris timidement et doc lui donna un une petite tape sur l'épaule.

- Ce n'est pas le moment de draguer, arrête un peu de bouger !

Dann le singea et là, j'éclatais de rire mais, cela ne sembla pas amuser Doc. Je m'approchai un peu plus de la table d'opération et me penchai pour voir le dos du patient. Je grimaçais en découvrant les dégâts. De longues zébrures le traversaient. Elles partaient de ses omoplates et rejoignaient ses hanches.

- Blessure de guerre ! s'exclama-t-il tout joyeux.

Le médecin planta son aiguille dans la peau de mon interlocuteur, qui tressauta, pour le recoudre.

- Thelia aussi a une belle de cicatrice, montre lui Thelia.

Je me retournai de sorte à ce qu'il voit mon mollet et Dann poussa un juron.

- Saloperie de zombies, abîmer un trésor pareil, ils sont fous !

Je crois que je devins rouge comme une pivoine parce que cette fois-ci, ils partirent tous deux dans un fou rire incontrôlé. A cet instant, la porte du cabinet s'ouvrit et un homme à la carrure imposante se dressa dans le chambranle.

- Trêve de plaisanterie ! Doc, faite votre travail, Dann, tu la fermes et la nouvelle, tu viens avec moi !

Je me figeais sur place. Dann, tendu comme un arc baissa les yeux et regarda le sol.

- Vas-y, à tout à l'heure, me dit-il.

La boule au ventre, je suivis l'homme dans le couloir.

- Je suis votre instructeur. Tu commences les entraînements ce matin. Tu dois être de sortie ce soir. Nous venons encore de perdre des effectifs. Les zombies sont de plus en plus nombreux et de plus en plus forts.

Il ouvrit une porte à double battants et me poussa à l'intérieur sans délicatesse. La salle était vide et sentait mauvais. Seule une table se dressait au milieu de la pièce et en son centre, on avait posé une bassine d'eau.

- Tu dois prêter serment. Jures-tu de ne jamais trahir ce repère ni tes coéquipier ? Jures-tu que tu accepteras de mourir plutôt que de laisser des zombies pénétrer ici ?

Sans une once d'hésitation, je répondis par l'affirmative. De toute façon, même si je ne l'avais pas voulu, j'y aurais été obligée. Un sourire éclaira la face de l'homme alors qu'il sortait un couteau de son étui. Il m'attrapa le poignet et fit une entaille dans mon avant-bras sans plus de cérémonie.

Trop secouée pour émettre le moindre son, je regardais mon sang se répandre dans le récipient et se mélanger à l'eau. A présent, mon destin était scellé.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant