Les rues étaient bondées. Des combattants sortaient de partout et je devinais aisément leur destination. Je n'arrivais à progresser qu'en rasant les murs et en faisant profil bas. Il fallait que je retrouve Héloïse mais je n'avais pas la moindre idée de la rue dans laquelle je l'avais abandonnée. Je déambulais donc, essayant tant bien que mal de trouver un détail pour me montrer le chemin. Soudain, une silhouette drapée dans une cape noire se détacha de la pénombre et s'avança vers moi. Je sus qu'il s'agissait de ma coéquipière car elle devait se tenir au mur pour avancer et elle avait une main posée sur son front. Je fondis sur elle.
- Héloïse, tu vas bien ?
- Où est cette satanée bestiole que je...
- Morte, la coupais-je en passant son bras autour de mes épaules. Maintenant suis-moi, il est temps de rentrer.
Alors que j'essayais tant bien que mal de trouver le chemin de la crypte, la blessée me fit changer de direction pour m'amener vers l'autel où elle avait élue résidence, ne voulant pas se montrer aux autres dans un état pareil, vaincue et honteuse. D'une voix fatiguée, elle m'indiquait le chemin et je m'efforçais de l'y conduire en la soutenant du mieux que je le pouvais. Il fallait dire qu'elle pesait son poids et que les hommes de main du maître du village ne me rendaient pas la tâche facile. Aussi, lorsque j'aperçus l'édifice, je dus dissimuler mon soulagement. Nous pénétrâmes dans le hall et je posais Héloïse quelques secondes, le temps de reprendre mon souffle avant de devoir la supporter pour gravir les escaliers menant à l'étage.
- Les ascenseurs ne marchent plus je suppose ? demandais-je dans un relent d'espoir.
Elle me fit non de la tête et en soupirant, je me mis à la hisser jusqu'à sa chambre. Je ne réussi pas à dissimuler mon soulagement lorsque je pus enfin la poser sur son lit. Héloïse ferma les yeux et posa son bras sur ses paupières fermées. Je restais là, à reprendre mon souffle et je la regardais incrédule. Je crois que cette fille ne connaissait pas les mots tels que « merci » ou encore « s'il te plait ».
- Tu as encore besoin de mon aide ? demandais-je, ne voulant pas la laisser dans cet état même si elle était odieuse.
- Ce dont j'ai besoin, c'est d'une poche de glace, gémit-elle.
- Et où puis-je en trouver ?
- Je n'en ai pas cependant tu peux prendre un morceau de tissu et l'imbiber d'eau froide, ça fera l'affaire.
Je me dirigeais donc vers la salle de bain, après lui avoir substitué sa lampe torche, et pris un essuie que je passais sous la douche avant de lui apporter. Je le posais sur le côté de sa tête, à l'endroit approximatif où elle avait reçu le coup et elle se mêla de le replacer autrement en me fusillant du regard.
- Tu pouvais te contenter de me le passer, je pouvais très bien me le mettre moi-même !
- Très bien puisque tu es encore capable de râler, c'est que tu peux te débrouiller toute seule !
Je sortis de sa chambre, sans oublier de claquer la porte derrière moi, et rejoignis mes appartements en tapant des pieds telle une furie. Je me plaçais ensuite devant ma fenêtre pour observer le ciel. Le soleil se levait enfin. Je regardais mon épaule et remarquais qu'elle saignait abondamment. Je passais la pièce en revue mais il y avait tellement de poussière que je ne risquais pas de prendre un morceau de drap pour nettoyer ma plaie et il était hors de question que je retourne dans la chambre d'Héloïse pour lui demander poliment si elle n'aurait pas du désinfectant pour ma blessure. Je préférais me vider de mon sang en dormant plutôt que de lui montrer que j'avais besoin d'elle. Toutefois, je sortis dans le couloir et remarquais que la porte de la chambre de Thois n'était pas fermée. Je m'approchais donc de son appartement à pas de loup et trouvais sa chambre vide. Sans entrer, je passais ma tête à l'intérieur afin de dénicher quelque chose qui pourrait me servir quand quelqu'un se racla la gorge derrière moi. Je sursautais et me retournais, prise en flagrant délit. Thois avait croisé ses bras sur sa poitrine et me regardait amusé par ma gêne.
- Je suis désolée, je ne voulais pas fouiller dans tes affaires, j'avais juste besoin de...
- Pas de soucis, tu peux même entrer si tu veux !
Comprenant ce qu'il sous entendait par là, mes joues virèrent au rose et mes yeux lui lancèrent des éclairs.
- Non mais ça ne va pas la tête ! Je cherchais du désinfectant, rien de plus mais si tu n'en as pas, je m'en vais.
- Et attends ! s'exclama le garçon en m'attrapant le poignet pour me forcer à lui faire face. Je déconnais, je ne te veux aucun mal, je te le jure. J'ai du désinfectant et je ne te laisserais pas t'enfuir tant que ta blessure ne sera pas soignée.
Je lui fis signe de rentrer le premier et je le suivis ensuite, gardant une main sur la poignée de mon arme au cas où je devrais m'en servir. Thois s'affaira dans un de ses tiroirs et en ressortit des serviettes ainsi que du désinfectant et une bassine qu'il remplit d'eau à l'évier. Je le regardais faire en scrutant sa chambre. Ce garçon n'était pas du tout ordonné et je remarquais même des caleçons jetés négligemment dans un coin de la pièce, sur une pile d'habits sales. Remarquant mon regard, Thois s'empressa de faire disparaitre le linge que je regardais et je détournais les yeux, honteuse.
- Assis-toi sur le lit, si tu t'évanouie, tu ne tomberas pas comme ça.
- Je préfère restée debout, dis-je en le défiant du regard.
- Comme tu veux.
Il s'approcha de moi et enleva mes cheveux de ma nuque avant de tamponner ma plaie avec de l'eau pour enlever les saletés. Des larmes me montèrent aux yeux et ma vision se brouilla.
- Et, ce n'est que l'eau, je n'ai pas encore mis d'alcool. Assis-toi sur le lit, ça vaudrait mieux et je ne tenterais rien, je te jure.
Je dus bien admettre qu'il avait raison et je me laissais tomber lourdement sur le matelas. Thois continua de panser ma plaie et soudain, il déchira ma combinaison.
- Tu en auras une nouvelle mais là, j'ai besoin d'apercevoir la plaie.
Je le laissais faire et lorsqu'il en vint à l'alcool, j'attrapais son oreiller et mordis bien fort dedans pour m'empêcher de m'évanouir ou d'éclater en sanglot. Lorsqu'il eut terminé, il dit d'une voix amusée.
- Tu peux pleurer tu sais, je préférerais ça plutôt que tu ne déchires mon oreiller.
Je me retournais pour le fusiller du regard et lui lançais le coussin au visage avant de me lever et de quitter la chambre. Avant de partir, je me retournais une dernière fois et le remerciais. Ensuite, je rejoignis mes appartements et dormis jusqu'à la nuit prochaine.
Le soir suivant, je me réveillais et trouvais une nouvelle tenue au bout de mon lit. L'idée que quelqu'un puisse pénétrer dans ma chambre sans que je ne m'en rende compte ne me plut pas du tout. Je me cachais dans un coin de la pièce et revêtis ma nouvelle tenue en quatrième vitesse en entendant des cris provenant du couloir. Lorsque je vis ce qu'il se passait, je me retins de rire. Thois tirait sur la poignée de la chambre d'Héloïse pour essayer de l'ouvrir mais cette dernière l'avait bloquée de l'intérieur car elle ne voulait pas que quelqu'un la voit dans cet état. Je me rapprochais d'eux.
- Héloïse, c'est moi, tu peux ouvrir !
- Je ne veux voir personne, foutez-moi la paix et rejoignez les autres sans moi, je prends un jour de congé.
Thois haussa les épaules et entreprit de descendre les escaliers. Je le suivis, tout en trouvant le comportement d'Héloïse suspect, et nous retrouvâmes quelques autres garçons dans le hall de l'hôtel.
- Ca ne te dérange pas si on fait le trajet avec eux ?
Je lui lançais un regard interrogateur avant de dire d'une voix réellement étonnée :
- Non, pourquoi ça me dérangerais ?
Thois ne répondit pas et partit rejoindre le groupe de garçons qui nous regardaient tous avec des yeux amusés. Je les laissais avancer devant et restais en retrait. J'espérais pour Thois qu'il ne s'imaginait pas qu'il allait sortir avec moi parce qu'autrement, il aurait été vraiment déçu. Dès que j'aurais retrouvé Brian et Dann, surtout ce dernier, je ne les lâcherais plus d'une semelle.
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L'armée du zénith
Ciencia FicciónLe monde n'est plus ce qu'il était. Du jour au lendemain, la vie de milliards d'humains a virée au cauchemar. Des créatures repoussantes ont envahi le monde, semant le chaos sur leur passage. Thelia est une rescapée. La jeune fille vit avec sa mère...