Chapitre 64

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Mon ami se calma, dévisagea scrupuleusement mon interlocuteur puis m'attrapa le poignet pour m'entraîner en dehors de la pièce. Je me dégageais et m'agenouillais sur le sol pour ramasser les armes que le scientifique m'avait fournies. Ce dernier ne quittait pas Brian des yeux et il le regardait comme si mon ami représentait un danger. J'observais les deux hommes tout en me dépêchant de terminer ma besogne. Une fois le sac à nouveau en possession de son contenu, je m'empressais de le fermer et de me relever. Je m'approchais de Brian et me plaçais entre les deux hommes. Je poussais le grand brun en dehors de la crypte en lui signifiant que rien de grave ne venait de se passer. Mon ami, mal à l'aise, céda et tourna les talons, moi à sa suite. Alors que je venais de poser un pied en dehors de la pièce, je me retournais pour fermer le battant et mes yeux croisèrent ceux du vieil homme. Ce dernier m'interrogeait du regard et je lui signifiais, de la même manière, que tout allait bien se passer. Je fermai ensuite la porte pour mettre fin à cette intense entrevue. Lorsque je me retrouvai nez à nez avec Brian, ce dernier croisa les bras sur sa poitrine et me bloqua le passage.

- Thelia, qu'as-tu encore fais ?

- Moi ? Rien du tout. J'ai juste signé un pacte avec cet homme et j'ai accepté de diriger son armée.

Mon ami me regarda comme si j'avais pété un plomb et sortit de ses gonds.

- Tu as JUSTE signé un pacte ? Tu te fou de moi. Mais enfin, réveille-toi ! Ce n'est pas une fille comme toi qui, à elle seule, pourra sauver le monde. Rentre-toi ça dans le crâne. Je commence à croire que tu aimes le danger et que tu cherches par tous les moyens possibles à attirer le courroux de la mort sur toi. Je me trompe ?

- Je ne supporte pas de rester les bras croisés alors que le monde se meurt autour de moi et s'il faut mourir pour que les autres se rendent compte qu'il faut agir alors oui, je le ferai.

Brian secoua la tête, vaincu.

- Si tu t'embarques là-dedans, je te suivrai.

J'ouvris la bouche pour mettre les points sur les « i » dès le début mais je me retins. Inutile de se disputer maintenant. J'avais besoin de lui et de Dann pour entraîner mon armée. De plus, j'en avais marre de me disputer avec des personnes que j'estimais plus que moi-même. Je passais donc mes bras autour du buste de Brian et le remerciais d'être là pour me soutenir. Surprit par mon geste, le garçon resta les bras ballants mais n'essaya pas non plus de se dégager de mon étreinte, comme si me sentir contre son corps lui plaisait, comme si c'était ce qu'il attendait. Je reculais et le fixai mais il ne laissa aucune émotion paraître sur son visage. Il se contenta juste de m'enjoindre de le suivre à la surface. Nous y retrouvâmes Dann et Madeline qui avaient leur corps tendus dans note direction, sans doute inquiets de ne pas nous voir ressortir. Lorsque nous émergeâmes des escaliers, la fillette courut vers nous et se plaignit d'être fatiguée.

- Je vais vous conduire à ma chambre, dis-je en me remettant déjà à avancer.

Brian était à mes côtés et Dann nous suivait, quelques mètres derrière, la moue contrariée. La petite tête blonde nous laissa la dépasser et s'arrêta pour attendre Dann. Lorsqu'elle ne fut plus à portée de voix, je demandais à Brian s'il avait aperçu une jeune fille à la chevelure noire sortir de la crypte. Il me dit que non et je me demandais par où Héloïse s'était enfouie. Soudain, une idée farfelue me vint à l'esprit. Et si elle était restée près de la crypte depuis le début, à épier notre conversation à son père et moi. Si elle savait pour Brian et Dann ? J'avais beau savoir qu'ils étaient intouchables, la possibilité qu'elle leur veuille du mal ne quittait pas mon esprit. Brian remarqua que je m'étais crispée et il tourna son visage dans ma direction, attendant que je lui explique la pensée qui tournait en boucle dans ma tête. Je n'en fis rien et continuais à avancer.

Lorsque nous arrivâmes à l'hôtel, je m'arrêtais, honteuse. Je ne me rappelais plus que sa façade était autant décrépie et j'étais gênée de faire dormir une enfant aussi fragile que Madeline dans un taudis pareil. Je pris la main de ma petite protégée dans la mienne et elle monta les escaliers à mes côtés. Des éclats de voix nous parvinrent de l'étage et je sortis mon arme, par précaution. Cependant, je découvris bien vite qu'il ne s'agissait que de Thois et d'un autre garçon dont je ne connaissais pas le nom. Lorsqu'ils nous virent, ils arrêtent de s'insulter et le blond laissa tomber son arme sur le sol en croisant mon regard.

- Tu as réussi à leur échapper ! dit-il en se dirigeant vers moi.

Mais, Thois stoppa son élan lorsqu'il vit Brian et Dann sortir de l'ombre à ma suite.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant