Lorsque je me réveillais, je discernais nettement deux yeux à quelques centimètres de mon visage. Surprise, j'eus un mouvement de recul. Le bord du matelas se trouvait plus près que prévu et je tombais sur le plancher poussiéreux. Je me réceptionnais sur le derrière et esquissais une grimace.
- Mince, ça va Thelia ? s'informa Dann avec un air inquiet.
Je jurais dans ma barbe en me relevant et en frottant mes fesses endolories. Il faisait noir comme du charbon dans la pièce mais je n'eus aucun mal à repérer les yeux de Dann, brillant de malice, dirigés dans ma direction.
- Disons qu'il y a plus doux comme réveil, dis-je. Que faisais-tu si proche de moi ?
- Tu es magnifique quand tu es vulnérable.
- Et le reste du temps alors, tu me trouves comment ?
Il éclata de rire mais moi, je gardais le silence. J'étais d'humeur maussade. Je me dirigeais vers le corridor tant bien que mal, en frôlant les murs. Je sentis le souffle de Dann dans ma nuque et ses bras s'enroulant autour de ma taille.
- Laisse-moi tranquille ! ordonnais-je en essayant de me dégager de sa poigne.
Il s'exécuta et je sentis son regard me brûler le cou. En soupirant, je me retournais pour lui faire face. Je devinais sa moue contrariée dans l'ombre et je m'approchais de lui pour déposer un baiser sur ses lèvres. Cependant, j'avais mal évalué la distance qu'il y avait entre nous et mon nez heurta le sien. Je me reculais et éclatais de rire. Le silence me fit écho.
- Dann, voudrais-tu avoir l'immense bonté de cesser ton manège ?
Mon compagnon ne me répondit pas. Je n'avais pas de temps à perdre avec ses enfantillages et décidais donc de continuer à tâtons pour trouver la chambre d'Héloïse. J'avais besoin de sa lampe torche, même si la simple idée de lui adresser la parole me répugnait. Alors que je progressais dans le corridor à l'aveuglette, Dann me suivant de près, une lumière vive s'alluma devant moi et m'aveugla. Je protégeais mes yeux à l'aide de mon bras et le détenteur de la lampe abaissa cette dernière.
- Désolé de t'avoir surprise Thelia, me dit une voix masculine.
Je relevais la tête et plissais les yeux. Mon interlocuteur illumina son visage et je pus découvrir qu'il s'agissait de Thois.
- Où as-tu eu ta lampe ? demandais-je.
- Tous les membres de l'armée en ont une. Héloïse nous les a remises.
Je réprimais mon irritation. Tout revenait toujours à cette fille et j'en avais marre d'être dépendante de son bon vouloir. Frustrée, j'arrachais la lampe torche des mains de Thois et me dirigeais d'une démarche féline vers la chambre de l'ancienne dirigeante. Je tambourinais à son battant jusqu'à ce qu'elle daigne m'ouvrir. Lorsque la porte s'ouvrit, je l'agressais directement pour ne pas lui laisser l'occasion de cracher son venin la première. Je décidais de ne pas y aller par quatre chemins car j'avais marre de prendre des pincettes avec elle.
- Je voudrais une lampe torche moi aussi, tout de suite !
Elle me contempla comme si j'étais folle puis elle tourna les talons en soupirant et revint quelques secondes plus tard avec un objet en main qu'elle me tendit. Je pris la lampe sans la remercier et m'apprêtais à repartir vers mes appartements alors qu'Héloïse commençait déjà à refermer sa porte mais je l'en empêchais en glissant mon pied dans l'interstice.
- Une réunion de groupe a lieu dans cinq minutes. Tu dois être prête et je n'accepterais aucune excuse.
Quand je fus sûre qu'elle avait saisi, je la laissais tranquille et rejoignis les garçons qui n'avaient pas bougés de leur emplacement. Je rendis sa lampe à Thois et lui demandais gentiment s'il pouvait rassembler tout le monde ici. Le garçon s'exécuta et je me retrouvais seule avec Dann. Je dirigeais le faisceau de lumière vers son thorax et n'y découvris aucune cicatrice.
- Tu as bien dormi ? Cette nuit va être longue et j'aurais besoin de toi.
- Je me suis reposé et je vais très bien, ne t'inquiète pas pour moi.
Je le fixais longuement. Ses yeux étaient tirés et il ne semblait pas au meilleur de sa forme. Cependant, pour ne pas l'irriter, je le laissais tranquille et me retournais pour éclairer le bout du couloir d'où les autres se mettaient à sortir. Ils me rejoignirent et formèrent un attroupement autour de moi. Les faisceaux des lampes torches éclairaient le couloir comme en plein jour et je m'en réjouis. Je préférais apercevoir les visages de mes interlocuteurs.
- Tout le monde est là, m'annonça Thois en venant se placer au premier rang.
Brian vint se poster à ma gauche et me sourit. Madeline, qui l'accompagnait, vint se blottir contre mes jambes. Je parcouru la foule du regard et leur souhaitais la bienvenue avant de débuter les explications.
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L'armée du zénith
Science FictionLe monde n'est plus ce qu'il était. Du jour au lendemain, la vie de milliards d'humains a virée au cauchemar. Des créatures repoussantes ont envahi le monde, semant le chaos sur leur passage. Thelia est une rescapée. La jeune fille vit avec sa mère...