Chapitre 39

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J'avais l'impression que quelqu'un m'avait labouré le ventre. Je souffrais atrocement et c'est en gémissant que j'émergeais de la brume dans laquelle j'étais plongée. Je tournais la tête à droite et à gauche pour savoir où je me trouvais mais tout cela était peine perdu. Je n'avais jamais mis les pieds ici, j'en étais certaine ! J'étais emmitouflée dans une vieille couverture, qui ne me tenait pas tellement chaud d'ailleurs, avec pour seul haut un soutient gorge tout abimé. Mes joues se tintèrent de rose lorsque je réalisais que quelqu'un avait dû me déshabiller pour me laver et me soigner. Une pile d'habits propres était posée à mes pieds et je m'empressais de les enfiler en ignorant les tiraillements qui se faisaient ressentir dans le bas de mon abdomen. Un long bandage couvrait cette partie.

J'avais un mal fou à progresser, pliée en deux par la douleur. Pas un seul bruit ne dérangeait les lieux, comme si en réalité, j'étais seule dans tout le bâtiment. Je continuais à avancer jusqu'à ce que je me retrouve en haut d'une imposante rampe d'escaliers. J'eus la nausée rien que de m'imaginer poser mon pied sur la première marche. Il était inconcevable que je descende. Je décidais donc de retourner bien sagement dans ma chambre en attendant que quiconque se souvienne de mon existence. Cependant, je me trompais de couloir et me retrouvais ainsi dans une autre aile du bâtiment, froide et lugubre. Je jurais entre mes dents en me frottant les bras pour me conserver du froid. J'hésitais entre faire encore demi-tour et risquer de me perdre une nouvelle fois ou rester ici et attendre que quelqu'un daigne partir à ma recherche. J'étais tellement abrutie par la douleur que je choisis la deuxième solution. Je me roulais en boule par terre en serrant mon ventre pour l'empêcher de me torturer.

* * * * * * * * * *

- Mon dieu, Thelia tu es là ! s'exclama une voix enfantine.

J'ouvris mes yeux qui me révélèrent une Madeline complètement paniquée.

- Ne bouge pas, je vais chercher mon frère ! m'ordonna-t-elle.

Je la regardais s'éloigner et entrepris de me redresser. Une fois debout sur mes jambes flageolantes, je me frottais la tempe du bout des doigts pour forcer mon cerveau à se remettre en marche. Quand soudain, des éclats de voix se firent entendre. Je redressais la tête et entreprit de rechercher les deux garçons à qui appartenait ces voix brulantes de colère, malgré le fait que Madeline m'avait ordonné de ne pas bouger.

Les couloirs me semblaient longs et infinis, tout crasseux et sinueux. Pourtant je pus bientôt apercevoir de la lumière sortant de l'interstice d'une porte. Je glissais mon œil dans l'ouverture pour découvrir les deux garçons auxquels je tenais en pleine altercation.

- Abrutis, en me cachant la vérité, tu m'as empêché de la protéger ! s'écria Brian fou de rage.

- Je n'y suis pour rien ! Et puis pourquoi tu t'énerves comme ça, hein ? Ne serais-tu pas jaloux ? Jaloux que ta protégée se soit rapprochée de moi ? répliqua Dann.

Brian lui envoya un coup de poing dans la joue et la tête de Dann percuta le mur avec fracas.

- C'était donc ça ? Tu as usé de tes charmes pour arriver à tes fins ? Pour conquérir le cœur de Thelia et me le foutre au nez après ?

- Tu t'éloigne mon cher ami, je l'aime. C'est pour cela que je la laisse faire ses propres choix ! Elle a décidé de se sacrifier pour me sauver, je ne l'ai forcée à rien !

C'est à ce moment que Brian ne sut plus contenir sa colère. Il fonça sur Dann la tête la première et se mit à le rouer de coups. Ce dernier riposta et envoya une belle droite dans l'oreille de Brian qui recula en titubant. Impuissante, je les regardais se détruire, camouflée par une porte, en proie à mes pires craintes. Ils se détruisaient à cause de moi. Encore à cause de moi !

Je ne supportais plus le spectacle qui était de voir deux êtres aimés en train de se battre et décidais de faire demi tour quand la vois fluette de Madeline résonna dans tout le couloir.

- Lexis, je l'ai trouvée ! Thelia est là !

Je me raidis automatiquement alors que seul le bruit des pas de la fillette venait troubler le silence. Je me retournais vers la porte pour découvrir Brian tenant fermement le col de Dann sans lui porter le moindre coup. Ils étaient bien trop tétanisés par le fait que je les avais vus pour continuer leur petit duel entre coqs.

Nous restâmes tous trois debout, à nous contempler sans savoir quoi faire quand Madeline arriva à ma hauteur.

- Bah vous en faites une tête ! dit-elle en nous dévisageant.

Je l'écartais doucement de mon chemin pour m'enfuir, oubliant ma douleur. Mon cœur en miette ne pouvait plus supporter de voir leurs visages. Que j'avais été bête ! Un trophée ! Je n'étais qu'un trophée à remporter ! Mon malheur s'accentua encore lorsque je me rendis compte que j'avais gaspillé le précieux don de Daphnée pour préserver les apparences.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant