Chapitre 49

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Crac.

J'ouvris les yeux en sursaut et voulut me redresser mais j'étais comme paralysée. Le bout de mes doigts était bleu et mon souffle formait des volutes de fumée devant mon visage. Je clignais des paupières quand le bruit recommença, plus fort cette fois-ci.

- Brian... tentais-je d'articuler mais ma voix faible se perdit dans l'air sans trouver son destinataire.

Je me mis assise sans trop savoir comment et scrutais les alentours obscurcis malgré le fait que la nuit touchait à sa fin. Je distinguais la silhouette de Brian adossé au tronc d'un arbre, dormant profondément, tandis que Dann se trouvait un peu plus loin. Je secouais ma protégée pour la réveiller mais je n'obtins qu'un râle fatigué. Je décrispais mes muscles et trainais son corps dans les feuilles mortes gelées pour l'allonger près de Brian. Je prononçais faiblement le prénom de ce dernier mais il ne broncha pas, rêvant sans doute. Je tendis l'oreille et seul le silence me parvint. Je décidais donc que le bruit n'était que le fruit de mon imagination mais refusais catégoriquement de me rendormir. Je me dirigeais donc à pas feutrés vers Dann et m'apprêtais à lui parler quand je vis que lui aussi c'était assoupi. Furieuse, je lui donnais un coup de pied et le grand blond s'éveilla en sursaut. Lorsqu'il me vit debout à côté de lui, il sursauta et se leva à son tour. Je le poussais contre l'arbre avec rage et approchais mon visage de son oreille pour lui souffler le mot « abruti ». Il ne répondit rien car il n'y avait rien à répondre. Je le poussais et pris sa place contre le tronc d'arbre rêche.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demanda-t-il encore abruti par le sommeil.

Pour toute réponse, je lui ordonnais d'aller dormir et pris sa place pour monter la garde. Il s'exécuta. A peine fus-je seule que le bruit recommença suivit d'un autre, méconnaissable. Je me levais prestement et dégainais mon arme avant de partir à la rencontre du bruit.

Celui-ci était en mouvement et je le poursuivais toujours plus loin, ne sachant réellement qui était la proie et qui était le traqueur.

Le jour se leva complètement mais le soleil avait du mal à pénétrer entre la cime des arbres et à éclairer mon chemin. Je m'arrêtais pour reprendre mon souffle et mes repères. Mais je me rendis compte bien vite que je ne me souvenais de rien. Perdue. J'étais perdue. Une boule dans la gorge, je renonçais à suivre le bruit puisqu'il s'était éloigné du campement et m'apprêtais à rejoindre celui-ci quand le son se fit à nouveau entendre, tout proche, sur ma droite. Je tournais la tête et m'avançais dans cette direction. J'écartais les broussailles pour découvrir une clairière baignée par le soleil et en son centre, une bête à défenses, de couleur sale. Un sanglier, me rappelais-je. Je fus étonnée de rencontrer une bête aussi laide dans un endroit pareil mais ne m'attardais pas plus longtemps que ça sur cette pensée maussade et levais mon poignard en visant soigneusement le sanglier, qui pourrait nous faire office de repas. Il était trop gros pour que je puisse le transporter seule et il faudrait que j'appelle un garçon à la rescousse en espérant retrouver cet endroit par la suite. Cependant, avant de penser aux choses secondaires, il fallait que je tue cet animal. J'ajustais mon angle de tir et le soleil se refléta sur la lame de mon arme. Le sanglier aperçut la lumière provoquée par ce contact et tourna la tête dans ma direction. C'est là que je vis ce qui clochait. La moitié de son corps avait été dévoré et ses yeux étaient d'un blanc vitreux. Cette bête s'était faite attaquée par un zombie ici, dans ces bois. Il y avait des zombies dans ces bois ! Paniquée, je voulus reculer mais avant que je ne puisse faire un quelconque mouvement, le sanglier leva la tête vers le ciel et hurla à la mort, me glaçant le sang dans les veines. Il reposa ensuite son regard sur l'endroit où je me trouvais. Je n'avais fait aucun bruit, je n'avais fait aucun mouvement, mais il me repéra et il chargea. Je lançais mon couteau qui se planta dans sa poitrine mais ce fut comme s'il n'avait rien senti et il ne ralentit pas d'un poil.

Je ne criai pas, mais je ne bougeai pas non plus, j'en étais incapable, comme paralysée. La bête fonçait sur moi, tête baissée, défenses en avant.

- Court Thelia, court ! m'ordonnais-je à moi-même.

Je me relevais automatiquement et dérapais dans la boue en faisant un demi-tour pas si contrôlé que ça. Mes jambes battaient le sol à un rythme effréné mais c'est mon cœur qui allait le plus vite. Il martelait ma poitrine au rythme de ma peur.

Les buissons, les arbres, rien ne me ralentissait. Je courais parce que ma vie en dépendait.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant