Chapitre 42

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Nous avancions l'un derrière l'autre et scrutions les moindres recoins du bâtiment. Le silence dominait tout si bien que le bruit de nos pas me faisait penser à un troupeau d'éléphants. Dann se retourna vers moi et entrouvrit la bouche pour me parler quand un coup de feu suivit immédiatement par un deuxième résonna dans le couloir. Un vacarme épouvantable s'ensuivit. Sans nous concerter, mon coéquipier et moi tendirent nos armes devant nous et parcoururent au pas de course les derniers mètres qui nous séparaient de la salle en question.

Les premières choses que nous vîmes furent des corps allongés dans des postures ondoyantes, baignant dans leur sang, une balle logée en pleine poitrine ou en pleine tête. Je réprimais un hoquet de dégout et m'avançais dans la pièce, sur les pas de Dann. Au fond de la salle, nous n'avions aucun mal à distinguer, parmi la pénombre, des mutants entourant leur prochaine victime. L'imposant garçon qui m'accompagnait saisit un de nos adversaires à la gorge et le plaqua contre le mur avec force avant de lui planter son couteau dans l'abdomen. L'immonde créature émit un râle dégoutant avant de devenir lourde et moite dans ses bras. Mon compagnon la lâcha et s'attaqua au suivant sans perdre de temps. Deux des zombies m'aperçurent et se mirent à me montrer leurs dents jaunâtres en grondant, de la salive coulant aux coins de leur bouche. Je lançais mon poignard dans le ventre du premier et en dégainais un autre pour le lancer dans la tête du second mais il fut abattu d'une balle en pleine poitrine avant que je ne puisse faire un geste. Je détournais donc la tête de ma cible pour découvrir la petite protégée de Dann recroquevillée dans un coin de la salle, un pistolet dans sa main droite tendit que sa main gauche essayait d'empêcher le sang de dégouliner de sa jambe. Les morts-vivants qui l'entouraient quelques instants plus tôt étaient tous rassemblés en un tas informe sur le plancher rougi, sans vie.

- Tu tires drôlement bien pour une débutante ! dis-je admirative en fixant l'adolescente.

Je la rejoignis et me mis tant bien que mal à genoux à ses côtés, laissant échapper un râle de douleur suite aux tiraillements que je ressentais dans mon ventre.

- En fait, je ne connais pas ton nom...

- Je m'appelle Délila et j'ai seize ans.

J'haussais les sourcils de stupéfaction en apprenant que la jolie brune était plus âgée que moi. Dann s'accroupit à mes côtés et me tendit un morceau de tissu dont j'ignorais la provenance.

- Il faut lui faire un garrot autrement elle va se vider de son sang.

J'hochais la tête et commençais à enrouler le morceau de chemise autour de son membre blessé.

- Où as-tu trouvé ce pistolet ? demandais-je afin de lui changer les idées.

La jeune fille desserra quelque peu ses dents pour me répondre et planta ses ongles dans sa paume pour se retenir de crier.

- C'est Brian qui me l'a donnée, il prétendait que j'en avais plus besoin que lui et il avait sans doute raison. Sans ça, je serais morte à l'heure qu'il est !

Je terminais de faire le bandage puis Dann m'aida à me relever en douceur pour ne pas que je fasse sauter les files qui maintenaient ma blessure fermée. Je me dandinais jusqu'à la porte pendant que mon ami installait Délila sur son dos pour pouvoir la transporter.

- Sais-tu où Brian est parti ? demandais-je en regardant à droite et à gauche dans le couloir sans trouver âme qui vive.

- Il me semble qu'il est parti dégager l'entrée du bâtiment pour nous permettre de sortir sans danger.

Je remerciais intérieurement Brian de son initiative. Je ne pensais pas pouvoir prendre part à un immense combat dans mon état sans que son dénouement ne soit tragique pour moi. Je me retournais vers Dann pour lui demander par où nous devions aller étant donné que je ne savais pas où nous nous trouvions mais le garçon comprit immédiatement ce que j'avais à lui dire sans que je ne parle. Il prit la tête de la file sans ployer sous le poids qu'il portait.

- Nous partons ? demanda la jeune fille entre deux anhélations.

Dann hocha affirmativement la tête tout en continuant à progresser en direction de la sortie.

- Mais, nous n'avons pas retrouvé tout le monde... plaidais-je.

Mon ami tourna la tête dans ma direction et planta ses yeux résignés dans les miens.

- Thelia, penses-tu sérieusement qu'une gamine ait pu survivre à une attaque pareille ? Crois-moi il vaut mieux que nous partions maintenant au lieu d'attendre la mort ici.

Avec effroi, je dû bien reconnaitre que mon ami avait raison. Nous avions retrouvé les cadavres d'hommes armés alors comment une enfant sans défense aurait-pu se tirer d'une déferlante de monstres aussi importante ? La jolie frimousse de Madeline, souriante et pleine de vie se dessina devant mes rétines et une larme s'écoula sur ma joue. Seuls, nous serions bientôt seuls. A chaque attaque l'un ou plusieurs d'entres nous perdaient la vie. Qui serait la prochaine victime? L'enjeu se jouait à présent entre moi et Délila.

Alors que nous atteignions le sommet des marches et que je posais, non sans difficulté, mon pied sur le premier escalier, un cri déchirant nous parvint. Un hurlement que j'aurais su reconnaitre entre mille. Je fis demi-tour au quart de tour et avant que Dann n'ait pu me retenir, je me mis à courir dans le corridor en espérant ne pas arriver trop tard...


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant