Chapitre 34

135 11 1
                                    


J'ouvris les yeux et relevais ma tête qui se cogna contre une surface en bois dure. Je paniquais un instant, ne me rappelant plus où je me trouvais mais tout me revint en mémoire. Je m'étirais et poussais la porte de la penderie avant de m'en extirper. Mon ventre émit un grognement infernal et j'essayais d'étouffer son bruit au maximum. Je tendis l'oreille mais à part le souffle de ma respiration, rien ne me parvint. Je me dirigeais donc vers la fenêtre et écartais le rideau. J'étais seule face à une vitre. Pas de zombie de l'autre côté du verre. Je me retins de sauter de joie et me détournais de la fenêtre pour explorer la chambre à la recherche de quelque chose qui pourrait me servir. Cependant, dans le noir, c'était difficile. J'arrêtais de compter le nombre de fois où mes orteils et mes hanches buttaient contre un meuble. J'ouvris les tiroirs de la commode et plissai les yeux pour en deviner son contenu. J'y trouvais un pantalon propre. Je le pris et le dépliais avant de le tendre devant moi. Il était un peu trop grand mais il ferait l'affaire. Je le pris sur mon bras et me dirigeais vers la salle de bain qui faisait partie de la chambre. Malheureusement, les vannes de l'évier étaient bloquées, il en était de même pour celles de la douche. Je me résignais donc à attendre encore un peu avant de me débarrasser de toute la crasse qui me recouvrait. Je retirais mon vieux jeans troué et taché et le mis dans la corbeille avant d'enfiler ma trouvaille. Le tissu était rugueux, abimé par le temps mais je n'en avais que faire. Je tournais encore un peu dans la pièce sans rien trouver d'autre. Je ressortis un de mes couteaux et me dirigeais vers la porte. Je fis glisser la clé dans la serrure et brandis mon arme devant moi tout en sortant mais le calme m'accueillit. Je ne baissais pas ma garde pour autant.

Je traversais une multitude de couloirs, descendis une série d'escaliers avant de trouver enfin ce que je cherchais. Une cuisine gigantesque se trouvait aux sous-sols du bâtiment. Je pénétrais dans la pièce mais au lieu de l'accueillante odeur de nourriture, se fut la pourriture qui emplit mes narines. Je fronçais le nez alors que je j'ouvrais un placard. Des souris couinèrent et filèrent entre mes jambes, m'arrachant un cri de surprise. Le buffet avait donc déjà été vidé par des rongeurs. Le moral au plus bas, je me dirigeais vers le suivant que je trouvais remplit de biscuits. Je voulus en saisir un mais il tomba en miettes et des verres blancs en sortirent. Je ne me décourageais pas et fouillais dans les moindres recoins. La seule chose comestible que je trouvais fut une vieille boîte de conserve toute rouillée, dont l'étiquette était à présent illisible. Je l'ouvris à l'aide de mon arme et fermais les yeux alors que son contenu périmé s'engouffrait dans ma bouche. Je réprimais un haut le cœur et me forçais à tout avaler. Je ne savais pas quand serait la prochaine fois où j'aurais le droit d'avoir à manger alors il fallait que j'en profite. Mon estomac récalcitrant se calma et je pus enfin relâcher mon souffle. Je sortis de la pièce et me mis à rebrousser chemin jusqu'à me retrouver sur la terrasse de l'immeuble.

Il faisait encore plus froid que la veille et du givre recouvrait à présent le sol. Je manquais de m'étaler plusieurs fois. Mon périple devenait de plus en plus dangereux. Avec d'infinies précautions, je descendis les escaliers en fer jusqu'à pouvoir enfin poser mes pieds sur le sol givré. Je pressais le pas pour rattraper mon retard.

Alors que je posais un pied devant l'autre, je fus stoppée net dans mon mouvement par des bruits étranges provenant de la ruelle à ma gauche. A pas feutrés, je me glissais le long de la façade du bâtiment, espérant me fondre dans le décor. Ils étaient là. Les zombies étaient amassés devant une vieille grille qui tenait à peine sur ses gonds. Je plissais les yeux et distinguais que ce bâtiment n'était autre qu'une vieille prison frappée par le temps.

Les créatures ne remarquèrent pas ma présence, trop occupées à se chamailler pour un bout de viande. Je ne pris même pas la peine de m'imaginer d'où ce met pouvait provenir que je passais déjà à l'action. Je ramassais une poignée de cailloux et les lançais le plus loin de moi que possible. Ils rebondirent sur des bennes à ordures avec fracas, comme je l'espérais. Les zombies arrêtèrent leurs mouvements comme si quelqu'un avait appuyé sur un bouton stop. Ils se dirigèrent tous dans la direction du bruit et j'en profitais pour me glisser en douce à l'intérieur de l'édifice. L'air était à couper au couteau. Une brise légère avait pris possession des lieux et s'y promenait, faisant voler des débris et de la poussière en tout sens. Les murs tout décrépis menaçaient à tout instant de se replier sur eux-mêmes. Pas un bruit ne venait troubler le silence qui semblait posséder les lieux. Si Dann était ici, ce que je sentais, il serait dur à trouver. Loin de me décourager, je m'engageais dans le couloir sombre et marchais sur le plâtre qui jonchait le sol. Des craquements se firent entendre et je tendis l'oreille, pensant que les morts-vivants ne tarderaient plus à se rendre compte de ma présence mais je ne distinguais personne derrière moi. Je sortis un couteau de ma poche et accélérais l'allure. J'arrivais bientôt à un croisement. Je décidais de prendre à gauche et je me retrouvais devant une volée d'escaliers qui s'enfonçait dans le sol. Une boule dans la gorge, je posais mon pied sur la première marche, puis un deuxième.

Il faisait beaucoup plus froid dans le sous-sol et une odeur de renfermée épouvantable rendait l'air irrespirable. Je ne pus m'empêcher de tousser alors que mes pas soulevaient de la poussière et que du moisis se collait à mes chaussures. Des cellules parcouraient les murs de chaque côté. Je scrutais chacune d'elles du mieux que je le pouvais dans la pénombre, sans rien trouver. Je commençais à croire que Brian avait raison depuis le début. J'avais vraiment été sotte de partir à la recherche de Dann. Les zombies l'avait sûrement déjà tué. Je fis demi-tour et m'apprêtais à prendre le chemin des escaliers en sens inverse quand un gémissement presque agonisant me parvint. Mon cœur s'affola et tout mon corps se tendit dans cette direction.

- Dann ? risquais-je.

Le silence s'était déjà réinstallé, encore plus pesant qu'auparavant. Déçue et des larmes plein les yeux, je posais tristement le pied sur la première marche quand une ombre se profila devant moi. Je relevais les yeux et n'eus pas le temps de crier. Je reçu un énorme coup de poing sur la pommette gauche et mon corps bascula en arrière. J'entrevis le visage effrayant d'un zombie au-dessus de moi avant de sombrer dans l'inconscience, laissant mon corps à la merci de ces monstres.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant