L'armée du zénith

Chapitre 40

Une toux me força à m'arrêter et une douleur fulgurante me retourna l'estomac. Je faillis perdre connaissance mais je tins bon. Au lieu de cela, se fut une cascade de larmes qui se fraya un chemin entre mes cils.

- Thelia, attend-moi ! s'écria Dann hors d'haleine.

Je n'avais aucune envie de lui faire ce plaisir mais je n'avais plus la force de continuer non plus. Je restais donc sur place, me tordant de douleur, le visage plus dur qu'un bloc de glace. Lorsque je sentis que le garçon s'approchait dans mon dos, je me retournais et lui envoyais ma main dans la figure. Un claquement époustouflant résonna dans le corridor et les coins de mes lèvres s'étirèrent malgré moi devant l'air ébahi de mon coéquipier.

- Bon, je l'ai bien cherchée celle-là... dit-il en massant sa peau douloureuse.

Je croisais mes bras sur ma poitrine pour empêcher Dann de s'approcher plus prêt de moi qu'il ne l'était déjà et fronçais les sourcils, menaçante.

- Tu as bien eus ce que tu voulais ? demandais-je sarcastiquement au garçon.

Il appuya son front contre le mur tapissé de papier peint moisi et ferma les yeux.

- Je suis un con !

Je me détendis un petit peu et le fixais sans rien dire. Dann rouvrit de nouveau les yeux et il se précipita vers moi pour prendre mes mains dans les siennes. Décontenancée, je le laissais faire.

- Je suis un con parce que j'ai attendu toute ma vie de rencontrer quelqu'un comme toi et maintenant que je t'ai trouvée, je me conduis comme un abruti sans cervelle. Tu n'es pas une victoire pour moi, comme à voulu nous le faire croire Brian, tu es ce que j'ai de plus chère et je me sacrifierais pour toi s'il le fallait. Comme... comme tu l'as fait pour moi dans cette cellule.

Je retirais mes mains des siennes et ne bipais mot. Les grands discours n'avaient jamais été ma tasse de thé. On se serait cru dans un conte, comme ceux que me racontait ma mère, sauf que nous n'avions pas ouvert le bon livre et que nous étions tombés sur des mutants au lieu des petites fées.

- Je t'aime Thelia, renchérit le grand blond, loin d'abandonner la partie.

Je scrutais ses yeux à la recherche de la moindre faille mais je ne vis rien, il paraissait sincère. Je franchis donc les quelques centimètres qui nous séparaient pour me blottir contre son torse. Nous restâmes ainsi pendant un instant qui me parut bien trop court et qui fut gâché par l'arrivée inattendue d'une femme d'un certain âge à la peau fripée.

- Je suis désolée de vous déranger mademoiselle mais il est temps de changer votre bandage...

Je me décollais de Dann et m'apprêtais à la suivre quand ce dernier m'attrapa le poignet.

- Où en sommes-nous Thelia ?

Je lui offris un sourire en coin avant de lâcher ces quelques mots qui le laissèrent sur sa faim.

- Il revient à toi seul d'en décider...