Chapitre 43

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Du sang...

Il y avait du sang partout et le sol était aussi glissant que la route recouverte de verglas en hiver. Avec prudence, je pénétrais dans la pièce et scrutais l'intérieur de cette dernière avant de recevoir un coup de poing dans l'omoplate. Je tombais face contre terre et je sentis du sang emplir ma bouche sous le choc. Je devais m'être mordue l'intérieur de la joue. En grimaçant, je me retournais sur le dos et bloquais de justesse le couteau que le zombie essayait de m'enfoncer dans la trachée. Je grimaçais sous l'effort mais je tins bon. Je donnais un coup de genoux dans le mollet de mon assaillant, ce qui le fit reculer légèrement. J'en profitais pour rouler hors de sa portée et me redressais aussi prestement que me le permettait mon corps endolori. Je jetais un coup d'œil au reste de la pièce et découvrit Madeline recroquevillée contre un vieux placard, la peur emplissant ses doux yeux d'enfant. Je ne m'attardais pas plus longtemps sur cet horrible spectacle et tournais sur moi-même pour enfoncer la lame de mon arme dans le ventre du monstre qui se tenait derrière moi. Je vis Dann apparaitre dans l'ouverture de la porte, sans Délila. Je ne pris pas la peine de lui demander ce qu'il avait fait de la jeune fille et courus rejoindre ma petite protégée. Ses yeux étaient translucides, comme si on les avait recouverts d'un film plastique. On aurait pu croire que c'était une poupée de cire mais le pouls léger qui battait sous mes doigts me prouvait qu'elle était bien réelle et en vie. Pourtant, elle ne semblait pas me voir et regardait quelque chose qui se déroulait dans mon dos.

- Madeline, je suis là, tout va bien. Tu ne crains plus rien.

La fillette n'eut aucune réaction. La gorge serrée, je me décidais enfin à tourner la tête dans la direction en question et je retins mon cri d'horreur de justesse. Un mutant était littéralement en train de dévorer le corps d'un pauvre malheureux. Je plissais les yeux et découvris qu'il s'agissait de Lexis, le frère de Madeline. Je restais tétanisée sur place, les yeux braqués sur cette scène d'épouvante. Soudain, le mort-vivant tourna sa face dévastée dans notre direction et l'on pu voir un filet de sang dégouliner de sa bouche où un morceau de chair sanguinolent dépassait. Madeline se mit alors à crier à gorge déployée, sans pouvoir s'arrêter. Le zombie se redressa et laissa vulgairement tomber le cadavre sur le sol pour se mettre à marcher dans notre direction quand une lame de poignard traversa son crâne, redoublant les cris d'angoisse mêlés de sanglots de la pauvre enfant. Dann nous rejoignit précipitamment et souleva la gamine du sol en la portant dans ses bras musclés et l'entraina hors de la pièce, loin de toute cette horreur.

Je n'avais guère l'envie de m'attarder dans cette pièce où l'odeur de mort vous prenait aux narines et y restait mais je pris tout de même le temps de ramasser les armes et de les ranger dans les poches de mon pantalon avant de me diriger vers la sortie.

Je jetais un dernier regard au corps du garçon et le laisser en plan, comme un potentiel repas à ces monstres, fus au dessus de mes forces. J'enjambais les cadavres aux relents de moisi et entrepris de détacher les rideaux poussiéreux qui étaient encore, par miracle, pendus à la fenêtre. Je les posais délicatement sur le corps pour le recouvrir et tombais à genoux, ne pouvant retenir mes larmes plus longtemps. Combien de vies allions-nous encore devoir laisser derrière nous avant de pouvoir quitter cette ville, cet enfer terrestre ?

En pleine crise de larmes, je sentis une main se poser sur mon épaule et relevais la tête. Brian se tenait au dessus de moi, les vêtements déchirés et du sang maculant ses vêtements sans nulle trace de blessure sur son corps, comme je m'y attendais. Je me relevais et me jetais dans ses bras pour continuer à sangloter de plus belle. Le garçon ne me pria pas de me dépêcher et me laissa exprimer mes émotions à ma guise en me caressant délicatement les cheveux.

Lorsque je me calmais enfin, j'essuyais mes yeux rougis par mes larmes et reniflais de manière répugnante.

- C'est bon, nous pouvons continuer maintenant ? Le périmètre est sécurisé, du mieux que j'ai pu en tout cas...

Incapable de répondre, j'entrepris de remettre mes pauvres jambes en marche et de rejoindre les autres. Alors que je m'apprêtais à descendre, une paire de bras me saisit et la poigne puissante de Brian me souleva de terre.

- Nous irons plus vite comme cela Thelia, me dit-il sans brusquerie dans sa voix.

Je lui souris reconnaissante alors qu'il dévalait les marches avec sa grâce habituelle. Les autres nous attendaient dans le renfoncement en dessous des escaliers. Lorsqu'elle me vit, Madeline se jeta dans mes bras et je la câlinais du mieux que je le pouvais. Je ne saurais pas effacer ce qu'elle avait vu mais je pouvais au moins essayer de rendre le restant de ses jours plus beau.

Du coin de l'œil, je vis Brian ramasser un sac à dos qui était posé par terre avant que ce dernier ce dirige vers nous. Le grand brun arracha la fillette à mon étreinte et la plaça délicatement sur ses épaules pendant que Dann faisait de nouveau monter Délila sur son dos.

- Tu sauras marcher Thelia ? me demanda Brian avec un air inquiet en fixant mon ventre.

Je redressais fièrement le menton et fis un pas en avant.

- Alors, qu'est-ce que nous attendons ? Voilà bien longtemps que nous devrions être sortis de cette ville !

Les garçons sourirent et calquèrent leurs démarches sur la mienne. La sortie n'était plus très loin, j'espérais que nous y arriverions sans encombre cette fois.


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant