Chapitre 47

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Je n'avais jamais détestée marcher jusqu'ici mais là, je venais de changer d'avis. Mes chaussures étaient usées jusqu'à la corde. Si je marchais à pieds nus, se serait pareil. Je gémis de douleur et m'arrêtais pour reprendre mon souffle. Mes membres étaient tout crispés et j'avais un poing de côté horrible. Brian se retourna vers moi et proposa gentiment de me porter. Je déclinais son offre en voyant Madeline se cramponner à son cou. Dann, qui jusque là marchait l'échine baissée, ne nous portant plus attention, fit demi-tour et se dirigea vers moi. Il passa ses bras dans le creux de mes genoux et autour de mes épaules avant de me soulever du sol.

- Tu es aussi épuisé que moi, dis-je au garçon en voyant des cernes violette sous ses yeux.

Il ne réagit pas à ma remarque et continua sur sa lancée. Je sentais ses muscles tendus et posais ma tête contre son torse pour écouter battre son cœur. J'avais besoin d'entendre la vie battre en lui, battre en nous.

Le silence se réinstalla encore une fois avant que Dann ne le rompe.

- Je l'ai tuée.

Je levais mon visage vers le sien, crispé et malheureux, avant de passer une main sur sa joue comme pour éponger des larmes invisibles.

- Tu as fait ce qu'il fallait, elle n'aurait pas sût s'en sortir de toute façon. Tu lui as évité de souffrir encore plus.

Il secoua négativement la tête.

- Non, avant ça. Tu avais raison. Nous n'aurions pas dû la bouger, nous aurions dû la laisser récupérer dans la voiture mais au lieu de cela, j'ai voulu aller trop vite. Je l'ai brusquée et elle morte à cause de moi alors qu'elle avait une chance de s'en sortir.

- Non Dann, elle serait morte quand même. L'infection s'était déjà répandue, il était trop tard. Dans tous les cas elle serait morte et si nous étions restés là-bas, peut-être que Madeline et moi serions mortes aussi...

Il ne me répondit pas, pas plus qu'il ne me regarda. Je détournais donc le regard et fixais l'horizon. De lourds nuages gris s'amoncelaient dans le ciel et se dirigeaient à toute vitesse vers nous.

- Je crois qu'une tempête se prépare...

Brian regarda dans la direction que je lui indiquais et ses yeux s'assombrir.

- Il ne manquait plus que ça ! soupira-t-il.

Il accéléra ses foulées et Dann fit de même. J'étais ballotée dans tous les sens ce qui réveilla ma blessure à l'estomac mais je ne me permis pas de faire une quelconque remarque.

* * * * * * * * *

Malgré tous nos efforts, l'orage arriva plus tôt que prévu et rien ne pouvait nous servir d'abris aux alentours. La pluie s'abattis sur nous en torrent et nous fûmes tous trempés jusqu'aux os en quelques secondes. Nous étions dans l'incapacité de voir au delà de notre nez et cette constatation me mit la chair de poule. N'importe qui ou plutôt n'importe quoi pouvait surgir devant nous par surprise à tout instant. Je remuais dans les bras du garçon et réussis à m'emparer de mon poignard que je tendis devant moi.

Je frissonnais tandis que des gouttes de pluie glissaient le long de mon visage. Dann, impassible comme un roc, me serrait contre lui pour essayer de me protéger mais par un temps pareil, c'était peine perdu. Je jetais négligemment un coup d'œil derrière nous et aperçus la silhouette de Brian portant Madeline à travers l'épais rideau de cette averse.

Dann dérapait souvent sur le macadam détrempé et manqua plusieurs fois de me lâcher, si bien que je m'étais entaillée le doigt avec mon arme. C'était l'horreur et il ne manquait plus qu'un troupeau de zombies pour compléter le tableau. D'ailleurs, je trouvais cela bizarre que nous n'en ayons croisé aucun depuis que nous avions quitté la ville. N'y avait-il de ces créatures que chez nous et nulle part ailleurs ? Non que je ne me plaigne de ne pas en voir...

Après un temps qui me parût infinie, la pluie se calma enfin mais ne s'arrêta pas pour autant. Le brouillard prit la relève et nous bloqua la vue. Cependant, à travers lui, je distinguais des formes éparses droit devant nous, immobiles et menaçantes. J'écarquillais les yeux et brandis à nouveau mon couteau devant nous.

- Dann, pose-moi par terre tout de suite, je crois que les ennuis recommencent...


L'armée du zénithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant