Chapitre 1

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Tout passe au ralenti... Le moment où je sens mes jambes faillir à cause de mes hauts talons, ma main essayant de garder le plateau, qui s'envole telle une fée dans les airs, et qui atterrit lamentablement sur le costume de l'homme et atteint la mini robe blanche de la femme, tandis que moi, je m'écrase pitoyablement sur le sol.

Je pense m'être fracturée le coccyx. 

- AAARRGH. Un violent cri guttural accompagné d'un cri aigu surgissent.

Heureusement qu'ils sont les derniers clients...

Je me relève immédiatement et m'empresse pour m'excuser.

- Excusez-moi mille fois monsieur et madame, c'était un accident, je reviens de suite prendre quelque chose pour nettoyer et je me chargerai de la facture de pressing, bien sûr.

- PRESSING? C'EST UN COSTUME ARMANI À DEUX MILLES EUROS, TU CROIS VRAIMENT QUE JE VAIS LAISSER UNE POUILLEUSE COMME TOI Y TOUCHER?!!!! me hurla-t-il.

- Moi ma robe vient de Chanel, tu n'as sûrement pas les moyens de me payer le pressing, m'assène la jeune femme.

Les autres clients  de la table restent de marbre. Je m'attendais à quoi, qu'ils me défendent?

- Euh pardon? Demandais-je avec un air interloqué.

- TU N'AS PAS ENTENDU, TU ES UNE POUILLEUSE, UNE INCOMPÉTENTE, UNE INCAPABLE, UNE MINABLE! aboie le chien.

- Je vais vous demandez de vous calmer monsieur, réplique mon patron, surgit de la réserve.

- LA SEULE CHOSE QU'ON LUI DEMANDE EST  D'EFFECTUER SON BOULOT CORRECTEMENT!

Je reste stoïque, la dernière chose que je voudrai, est de perdre ce boulot.

- Chéri, tu attends quoi pour la faire virer?! dit sa compagne avec une voix niaise.

Hein, quoi?!

L'inconnu adopte alors un ton calme, pour ensuite mieux me menacer.

- Oui effectivement mademoiselle, vous venez d'accomplir une faute grave et vous pouvez être licenciée pour cette raison. m'assène-t-il d'une voix grave.

Oh, il me vouvoie maintenant.

- Tu vas regretter de t'être attaquer à un avocat espèce de conne. me réfute-t-elle avec un air fière. 

Et là, ma bouche, sans m'en donner l'autorisation, se permet d'ouvrir sa grande gueule.

-Premièrement, ce n'est pas mademoiselle MAIS madame. À ce que je sache, vous n'aimerez pas être appelé damoiseau vous. Deuxièmement, vous là, madame-qui-confond-le-maquillage-avec-un-pot-de-peinture avec son monsieur-je-porte-un-costume-à-deux-mille-euros , je ne me permets pas de vous tutoyer, faites en donc de même. Même si je ne porte pas une robe Chanel, que je n'ai pas autant de moyens que vous, je vaux sûrement mieux que vous qui êtes des fils à papa qui ont toujours eu ce qu'ils voulaient dans la vie. Troisièmement, devinez quoi? Il y a des gens qui travaillent pour vivre ou survivre, comme moi par exemple. Et enfin, monsieur-l'avocat, certes je suis serveuse, mais pas une idiote. Je viens de commettre une faute oui, mais légère. L'accident qui vient de se dérouler ne peut être qualifier de faute grave que si il a une répercussion sur le fonctionnement normal de l'entreprise, selon la cour de cassation.

L'homme est sous le choc, et quelques uns de ses amis en train de se retenir de rire, et je décide alors de continuer ma tirade.

-Ah? Personne n'ouvre sa bouche à ce que je vois? Si vous vous voulez bien m'excusez, mon service vient de se terminer. Dans le cas où vous souhaitez absolument me virer, adressez vous à l'homme ici présent, mais moi, j'ai d'autres chats à fouetter.

Sans me retourner, fière de mon discours que j'ai entamé avec une voix plus ferme que je ne le souhaitais, je pars me changer, et entend plusieurs cris aigu provenant du pot de peinture.

En quittant le travail, mon patron m'interpelle :

-Ursula, vous les avez bien cloués leur bec à ces deux-là, vous conservez toujours votre poste, mais plus jamais ça, ou sinon vous connaissez la sortie dit-il en rigolant.

-Oui Jacques, merci à vous, de toute façon,  je vais passez des entretiens pour mon stage de fin d'année,  il me reste peu de temps ici.

-Ah mais non, ce n'est pas moi qu'il faut remerciez, mais l'homme qui a vous a accordé une seconde chance. Vous savez très bien comment fonctionne ce monde, faute légère ou pas. Rentrez bien, je vous revois après-demain.

-Au revoir.

Éprouvant. C'est le seul mot que je trouve pour définir cette fin de soirée. J'ai envie de dire que pour une fois, ma grande gueule ne m'a pas portée préjudice, et que pour une première plaidoirie, je m'en suis bien sortie.

Heureusement, que mon compagnon Bastien, vient me chercher après chaque fin de service, car il s'inquiète pour ma sécurité. Bon, j'aimerai dire que je suis une grande fille, indépendante, qui pratique du krav maga, capable de se débrouiller seule et blabla, mais si je peux passer un peu plus de temps avec mon copain, je ne refuse pas.

Nous marchons à pied, car c'est toujours sympa de redécouvrir Paris la nuit. Son appartement n'est pas loin du restaurant, mais quand même assez du mien. J'ai beau lui répété de se désencombrer de cette tâche inutile, mais il dit que cela lui permet de faire du sport, et en plus de passer du temps avec sa chérie. Nous nous racontons notre journée, et il rigole même à l'anecdote du restaurant que je viens de vivre.

Une fois au pied de mon immeuble, il me demande:

-Mon amour, demain tu travailles?

-Nope, jour de repos.

-Habille toi bien, je t'emmène au resto demain.

-Ah ouais, pour quelle occasion? l'interrogeais-je avec une voix toute excitée.

-Hum, aucune, juste une sortie en amoureux!me répond-il d'une voix évasive.

-D'accord, on se dit à demain alors.

Je l'embrasse et commence à taper le code.

-À demain, je viendrai te récupérer à 19h30! Par contre, on partira en voiture.

- Euh, ok, à demain, dis-je une fois la porte de mon immeuble franchit.

Je ne l'invite pas à monter car il se fait assez tard et qu'il  a cours demain matin, et que nous savons très bien que nous n'allons pas faire que parler...

Bastien, cela fait quatre ans et demi que nous nous fréquentons. Je l'ai rencontré sur le campus grâce à Adrienne,  étant donné qu'ils sont dans la même filière. Nous nous entendons sur tous les plans, et il me correspond tout à fait que ce soit physiquement ou mentalement. Il est grand, brun, des yeux marrons noisette et surtout, il refuse le mariage et les enfants. Tout comme moi.

La plupart des personnes hallucinent quand je leur révèle que je refuse de me marier et d'avoir des enfants. Pour eux, c'est le parcours pour être considéré comme une «vraie femme».C'est ce que la société veut. Mais je me connais. Je suis carriériste. Mon travail, ma carrière est la seule chose qui m'importe. Et en aucun cas, un mari et un mioche sera bon pour ma carrière.

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Maintenant que vous connaissez un peu plus le personnage et même son prénom que je cite pour la première fois, que pensez-vous d'Ursula?

Son altercation avec quelqu'un aux "yeux vairons"?

Son caractère, son côté carriériste?

Vous l'aimez bien ou pas trop à première vue? J'avoue qu'elle a l'air un peu détestable et spéciale.

Les yeux vaironsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant