~ Ursula ~
Le mois de septembre touche à sa fin. Durant ce mois, j'en avais profité pour m'inscrire à une salle de sport qui proposait un peu de tout. Plusieurs fois par semaine, souvent après le boulot, je me défoulais soit sur un tapis de course, soit sur un ring. Me défouler, j'en avais besoin et cela indéniablement surtout car la fin de ce mois était évidemment synonyme du début du mois d'octobre.
Octobre.
Dixième mois de l'année.
Celui que je déteste le plus. Celui qui a bouleversé ma vie. Tout a changé un putain de jour d'octobre.
Cela fait cinq ans. Cinq ans qu'une rage est enfouie en moi et qu'un monstre grandit à travers toutes les cellules qui composent mon corps.
J'essaie de ne plus y penser. Il faut que je tape, tape, encore et encore.
La pièce dans laquelle je me trouve, ma chambre, m'étouffe. Les quatre murs qui m'entourent rétrécissent et semblent sur le point de m'écraser. J'ai besoin de sortir, de respirer et ailleurs. Ces souvenirs remontés à la surface me détruisent intérieurement. Et avant qu'ils ne me détruisent, je dois agir. Je dois le détruire lui, la raison de mon mal-être depuis cinq ans.
Dix-huit ans est probablement l'âge le plus important de notre vie. Il signifie notre émancipation, notre passage vers l'âge adulte mais aussi celui de tous les déboires, de tous les débauches, l'âge parfait pour notre jeunesse.
Et moi? Je n'ai pu vivre ce bonheur d'avoir dix-huit ans qu'un court moment, avant qu'il arrive et m'abat. Il s'attendait à ce que je sois plus faible, moins résistante. Mais non. Il m'a rendu plus forte, et plus résistante. Jamais plus je ne baisserai les bras, et jamais je ne serai soumise. Quand il me reverra, je veux qu'il baisse les yeux, qu'il regrette, et qu'il voit qu'il ne m'atteindra plus jamais. La confrontation arrivera un jour, je le sais, et je le sens. En attendant, je travaille sur moi-même, sur mon apparence, mon physique, mon mental, ma force, mon tout. Je ne serai plus jamais cette fille de dix-huit ans détruite, et lorsque le face à face arrivera, je l'écrabouillerai comme il l'a fait lorsque je n'étais qu'une jeune femme innocente.
Je sors précipitamment de ma chambre, pour me défouler, comme je sais si bien le faire depuis ce fameux jour...
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~ Liam ~
On était déjà au début du mois d'octobre. L'automne commençait à s'installer tout doucement. Central Park vivait d'une manière différente de l'été: ses feuilles avaient beaux être mortes mais paradoxalement, le parc rayonnait grâce à ses couleurs chaudes.
Une certaine routine s'est installée au fil du temps: la semaine je travaille, j'essaie d'être impliqué pour ne pas décevoir mon père, tandis que le week-end, une autre vie s'offre à moi. Celle de la nuit, où tous les coups sont permis. J'enchaîne les verres au même rythme que les filles, tous impressionnés par mes Rolex ou mes voitures de sport, enfin, ceux de mon père.
Aujourd'hui est un jour particulier: il y a vingt-sept ans, un sept octobre, Liam Kieser Genest, fils d'Arnold Kieser et de Sophie Genest est venu au monde. Je suppose qu'une bougie de plus sur un gâteau, est un jour heureux pour celui qui le fête. Mais pas pour moi. Ce jour est certainement le plus insignifiant de toute l'année. Un jour certes pas comme les autres, mais qui ne vaut pas mieux que les autres. À Paris, j'aurai fêté mon anniversaire avec les trous du cul qui me servent d'amis. Mais ici à New York, rien. J'ai reçu des messages de potiche sans importance, qui ne furent que des coups d'un soir mais qui croient qu'elles sont uniques mais aussi de mon meilleur ami Marc. Ce dernier est probablement le seul qui se soucie véritablement de moi. Ami du berceau jusqu'à la tombe. Il arrive à faire en sorte que ce jour habituellement maussade me rendent heureux. Mais 5836,78 kilomètres nous séparent désormais et je sais qu'aujourd'hui, il n'y aura que moi contre le reste du monde.
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Les yeux vairons
ChickLit« 'Il n'y a que toi et moi, personne d'autre.' 'Fait moi confiance, je t'ai dit qu'il ne t'arrivera rien de mal tant que je serai là, je te le promets.' Et là... je crois que tout s'est arrêté à l'entente de ces phrases. ...