Chapitre 26

2.7K 251 38
                                    


~ Liam ~

 - Qu'est-ce que tu fais là?

- Je ne mérite pas un bonjour de mon fils ingrat?

- Tu sais ce qu'on dit? Tel père tel fils.

- Très drôle. Je suis ici pour assister à la réunion «Carawell» .

- Tu as fait le déplacement Paris - New York juste pour ça?

- Disons que les Carawell sont les plus gros clients du cabinet. Donc ma présence est essentielle aujourd'hui. D'autant plus que tu travailles sur leur dossier, je voulais voir comment tu t'en sortais. On m'a informé que la stagiaire assistait à la réunion. Pourquoi?

- Parce que je suis sur cette affaire et que tu m'as désigné comme son tuteur, tu t'en rappelles? J'ai donc l'obligation de l'y emmener et de lui faire découvrir ce monde. Elle n'est pas venue à New York faire un stage photocopie ou café.

-  Me Bardon m'avait dit que son premier mois était décevant, selon toi en plus.

- Je me suis trompé sur elle, erreur de jugement, c'est tout.

- Hum d'accord, si tu le dis. Va te préparer, nous nous retrouverons à la réunion. Je pars maintenant, ce serait mieux de préserver ta couverture entre guillemets en arrivant séparément.

Je suis son ordre et part me préparer. Après une bonne toilette, je m'habille d'une tenue assez élégante, d'un costard sur mesure fait par un grand tailleur italien. Il s'agit d'épater des clients pour une réunion, je m'en fous d'être discret ou pas sur ma fortune. Enfin je devrai dire la fortune de mon père.

Il est midi moins le quart lorsque j'arrive devant le restaurant. Je suis arrivé en avance, mais le serveur me place étant donné que notre table est déjà prête. J'attends les autres. Le responsable du cabinet, un de mes superviseurs, Me Evans, arrive cinq minutes après que je me sois installé, suivi de nos clients, le père et fils Carawell. Quant à mon père ou je devrais plutôt dire Me Kieser, il arrive pile à l'heure.

Et Ursula? Où est-elle? J'espère qu'elle ne va pas trop tarder, ou elle donnera une image d'elle négative.

À douze heure zéro sept, des longues jambes armées des escarpins noirs rentrent dans le restaurant. En levant mes yeux, je la vois, Ursula, vêtue d'une robe grise moulante, qui dépasse de ces genoux, avec un blazer noir, un sac assez élégant, et des accessoires qui lui vont à merveille. Elle est simple, mais chic.

Arrivée à notre table, elle se morfond en excuse.

- Je suis vraiment désolé du retard, je m'étais perdue, le taxi ne m'a pas déposé à la bonne adresse.

Le fils Carawell, Edward je crois, se lève, lui ôte sa veste, qui laisse apercevoir sur son épaule des bretelles fines, la donne à une hôtesse, retire la chaise à côté de moi afin de l'inviter à s'asseoir.

Il la dévore des yeux mais croyez moi, s'il pouvait, il la dévorerait d'une autre manière si vous voyez ce que je veux dire.

- Ce n'est pas grave mademoiselle, on vous excuse dit-il en se rasseyant sur sa chaise, qui se trouve en face d'elle.

- Madame Nour.

- Oh vous êtes marié? On ressent une pointe de déception dans sa voix.

- Non c'est jusque qu'en France le mademoiselle est assez péjoratif. Mais bref, nous sommes pas là pour ce débat, je ne me trompe pas?

- Oui elle a raison, parle plutôt de notre cas, dis-je en souhaitant mettre fin à ce moment qui me gêne.

Pendant trois quarts d'heure, nous débattons de la manière dont ne devons aborder le dossier.

Seule Ursula n'a rien dit et son regard est perdu sur son plat de résistance. Elle s'ennuie probablement. Je suis sûr qu'à cause de son retard, mon père a une mauvaise image d'elle, mais là elle n'arrange pas les choses.

- Et vous Ursula vous en pensez quoi? Demande le père Carawell.

Elle relève enfin sa tête de son plat.

- Oh je pense que mon avis n'a pas d'importance, je ne suis qu'une stagiaire après tout.

La voix de mon père se fait entendre:

- Oh que si votre avis nous intéresse.

- Sincèrement?

- Oui, sincèrement, mon père affirme.

- Je pense que les négociations sont une erreur. Si on regarde la partie adverse, nous voyons clairement qu'elle ne fait pas le poids face au cabinet Kieser et vous les Carawell, grosse multinationale. Avec les négociations, on donnent à nos adversaires ce qu'ils veulent. Et qu'est-ce qu'ils ne veulent pas? Un procès. Il y a un fossé entre la juridiction américaine et française et pour être honnête je pense que dans ces deux juridictions, vous êtes en torts car vous écrasez cette petite entreprise et l'opinion publique ne joue pas en votre faveur. Comme je l'ai dit, elle est petite, et ne fera pas le poids face à un procès. J'ai étudié la situation de leur entreprise ce matin, tenez, dit-elle en sortant un dossier de son sac et en le donnant au père Carawell. Ils sont à la limite du dépôt de bilan, alors un procès mettra clairement fin à leur activité. Je trouve que la menace d'un procès est une bonne idée comme le disait Me Genest tout à l'heure. Je rajouterai que soit ils nous feront une offre, soit ils iront en procès. Je pense que par fierté,après avoir établi le profil psychologique des deux associés à partir de leur image sur les réseaux sociaux, ils se pencheront plutôt sur la deuxième solution. Certes ils se croiront forts au début de procès mais leur porte-monnaie lui sera affaibli et au bout d'un moment ils craqueront. Le mieux serait de demander d'ajourner souvent les audiences pour des motifs divers et et ils n'auront plus le choix pour ramper à vos pieds afin leur fassiez une offre, lorsqu'ils se rendront compte de leur situation et à ce moment là, vous feriez l'offre la plus minable qu'il soit pour leur faire regretter. Mais après comme je l'ai dit, je ne suis qu'une stagiaire, mon avis est sans importance.

Elle reprend son souffle, comme si elle venait de faire le discours de sa vie.

- Pour une stagiaire, vous vous en sortez drôlement bien, dit le fils.

Il applaudit doucement et son père ainsi que le mien le suivent.

- Je veux qu'elle soit plus impliquée dans cette affaire, vous m'avez entendu Me Evans? ordonne-mon père.

Me Evans acquiesce.

- Me Genest, commence Me Kieser, on a l'impression que l'élève va détrôner le maître,n'est-ce pas Madame Nour?

Les Carawell et Me Evans rigolent mais Ursula s'abstient.

Comme s'il y avait de quoi rire idiots.

Un sentiment de colère monte en moi, il me provoque, pour me rappeler que son fils n'est qu'un incapable, comme il l'a toujours pensé.

- Oh non non, ne vous inquiétez pas. S'il n'avait pas abordé l'idée du procès sous cette forme lors d'une de nos discussion, je n'aurai probablement jamais pensé tout ça, d'autant plus que c'est lui même qui m'a donné l'ordre d'étudier le profil des plaignants renchéri Ursula, alors que c'est faux.

Je crois qu'elle a compris que la remarque du grand maître m'avait mis mal à l'aise et même en me détestant, elle a toujours une bonne âme envers moi.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

C'est un chapitre non relu, excusez-moi!

J'ai une petite question: est-ce que la longueur des chapitres vous satisfait ou ils sont trop courts?

Qu'avez vous pensé du comportement d'Ursula au déjeuner?

Liam est un peu désespéré non?

J'espère que vous avez aimer.

À dimanche <3 !



Les yeux vaironsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant