Les yeux vairons

Chapitre 79

~Ursula~

- Tu es sûre de vouloir entrer ?

Nous sommes allés au commissariat de police, le plus proche de notre hôtel.

Il est délabré. Cela signifie manque de moyen du commissariat. Peut-être que si la chance me sourit, je pourrai amadouer un policier ou une policière.

Ou il faudrait que j'aille plus loin.

Je hoche enfin la tête après plusieurs secondes de réflexion.

- Oui on n'a pas le choix. Merci pour le portrait par ailleurs, il me sera d'une grande aide.

Nous entrons enfin dans le commissariat. Il est pire qu'à l'extérieur. Si le Brésil est autant corrompu, c'est parce que personne ne prend soin de ses fonctionnaires et ne s'assure de son bien-être.

Il n'y a que des hommes et je suis la seule présence féminine.

C'est comme s'ils n'avaient jamais vu la moindre femme de leur vie, je n'aime certainement pas être regardée comme un jour de viande.

Liam, pris d'un élan de jalousie, met ses bras autour de mon épaule ce qui fait baisser le regard de certains hommes.

Un policier, des cernes noirs autour des yeux vient vers nous et parle en anglais :

- Des touristes ? On vous a volé quelque chose ?

Je lui réponds en portugais que je suis brésilienne mais que mon copain ne l'est pas et que ça serait mieux de continuer la conversation en anglais effectivement. Il nous invite à s'asseoir à son bureau mais nous sommes par la suite interrompus.

Une voix masculine m'interpelle en français.

- Victoria ? C'est toi ?

Je me retourne mais en vain, car je ne vais pas le reconnaître.

- C'est moi, Eder Cortès Mercier ! Du lycée Pasteur tu t'en souviens ?

Le lycée Pasteur, contrairement à ce que son nom l'indique, ne contient pas seulement un lycée mais aussi la maternelle, la primaire et le collège, français, où j'ai débuté ma scolarité.

- Ah oui Eder, on a fait la maternelle ensemble jusqu'en CE1!

- Oui, puis un jour tu es partie subitement.

Le premier policier se lève et nous quitte. Eder prend sa place.

- Eder, je te présente Liam, mon compagnon, et Liam, je te présente un ami d'enfance. Enfin ami, tu n'avais pas l'air de beaucoup m'aimer.

Ils se font une poignée de main.

- Ah tu t'en souviens encore quand je te tirais les cheveux ? J'étais un petit con amoureux de toi désolé.

Liam le menace du regard, n'appréciant pas sa remarque.

- Je suis un homme marié et heureux en ménage, ne t'inquiète pas Liam.

Nous rigolons tous les deux mais Liam n'enlève pas son air menaçant, jusqu'à que je lui pince la cuisse, discrètement.

- Pourquoi du jour au lendemain tu es partie ? Plus personne n'avait de nouvelles de toi.

- Ma mère est décédée cette année là et mon père ne pouvant pas s'occuper de moi, m'a envoyée à La Réunion chez ma tante. La Réunion c'est une petite île dans l'océan Indien, un département français.