Chapitre 2

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Le lendemain, je me rends à un entretien chez Kieser et associés International.

Le meilleur cabinet de Paris en la matière. Et forcément, le meilleur cabinet de France.

A la clé: un stage de six mois à Londres. C'est mon premier choix, évidemment. Mais je sais qu'il est assez difficile d'intégrer ce cabinet et encore plus d'y faire ses preuves. La plupart des stagiaires sont des fils à papa et maman, qui réussissent à se faire pistonner. Mon seul mérite, est d'être major de promo et d'être aidée de mon merveilleux professeur de droit privé, qui chaque année, remplit une lettre de recommandation manuscrite pour son meilleur élève, afin de postuler dans un très bon cabinet. Il m'a néanmoins avouée, que sa lettre de recommandation aura peu de poids face au piston.

Tous ses élèves ayant tenté d'intégrer ce cabinet ont échoué. Alors qu'habituellement pour être avocat, nous effectuons notre stage en CRFPA, c'est-à-dire les Centres Régionaux de Formation Professionnelle pour avocat et non à l'université, la notre anticipe les choses afin que nous ayons plus de chance d'avoir accès aux centres, qui sont très sélectifs.

Je pose mon premier pas dans mon cabinet de rêve. La décoration intérieure contraste avec la façade de l'immeuble d'architecture haussmannienne. Dans la salle d'attente, les fauteuils modernes de couleur taupe, sont autour d'une table basse en verre, agrémentée des magazines que ce soit santé,  people ou encore sportif. Le cadre est agréable, la décoration très épurée. Les bureaux sont tous confinés dans des briques de verre. Ainsi, nous pouvons y apercevoir les travailleurs. On a la sensation de se retrouver dans une seule et même pièce, or nous sommes tous séparés. Seul le secrétariat n'est pas cloîtré et est orné de luminaires suspendus. Je me dirige alors à l'accueil et me présente. Elle m'indique l'espace d'attente et je m'y assois.

 J'analyse les autres candidats, ou plutôt mes concurrents

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J'analyse les autres candidats, ou plutôt mes concurrents. Nous sommes dix. Toutes les filles, sont vêtus de tailleur de luxe, et de paires de chaussures de Chanel, Louboutin ou encore Jimmy Choo. Les garçons, quant à eux, arbore des costumes et des attaché-cases qui valent probablement plus que mon loyer.

Moi? Je porte un tailleur entièrement acheté chez H&M et une paire d'escarpin qui vaut probablement moins que la manucure de ces filles, tandis que mes ongles sont nus.

Pour la première fois de ma vie je me sens mal à l'aise: je fais tache dans un environnement qui visiblement ne m'appartient pas. Mais cela ne va pas m'arrêter, au contraire.

-Madame Nour? appela un homme surgit d'une salle de réunion.

-Oui, c'est moi.

-Entrez et asseyez-vous.

-Merci.

-Je me présente, je suis Maître Bardon, l'associé de Maître Kieser. Je vais vous faire passer votre entretien. Vous n'avez aucune expérience sur votre CV mais une belle formation, et la lettre de recommandation de Monsieur Brigand, est très élogieuse. Mais parlez moi de vous. Présentez-vous, en n'omettant point vos défauts et qualités.

Je réponds à ses questions quand vient la fameuse question «pourquoi vous?».

Je sens mes jambes trembler, et boit une gorgée d'eau pour me relaxer.

Et là, le flot de mot qui sort de ma bouche est incontrôlable, encore une fois.

-Voyez vous, je me demande la même chose. dis-je sans me contrôler.

-Pardon? prononce Monsieur Bardon interrogatif.

-Enfin je veux dire. J'ai été assez idiote de pensez qu'un cabinet comme vous, recruteriez une fille comme moi, qui vient d'un bled paumé. Je n'ai aucun parent connu, qui ne vous apportera aucune notoriété. Mon seul avantage, est d'être major de promo. Je veux dire, sinon pourquoi je suis là ? Sur les neuf personnes restantes dans la salle d'attente, j'ai envie de vous dire que je suis probablement la meilleure. Que je n'ai pas grandi avec une cuillère en argent dans la bouche, que je n'ai pas cette mentalité, que j'ai bossé dur pour en arriver là, que je mérite d'être dans ce cabinet. Mais encore une fois, vous prendrez probablement le fils ou la fille de votre ami. Vous souhaitez juste vous donner bonne conscience en recevant une élève pour ensuite vous dire, qu'elle n'était pas mieux que l'enfant de votre ami. Mais la vérité est qu'avec tous les stagiaires pistonnés que vous avez, j'espère pouvoir apporter un autre point de vue, et des VRAIES connaissances, pas le nom de mes parents. Mais c'était gentil me recevoir pour faire comme si, et de m'avoir écoutée jusqu'à la fin. Je ne m'étonnerai pas si je n'ai aucune réponse de votre part. Au revoir.

Qu'est-ce que ta sale bouche pimentée a encore dit !

Je quitte la pièce, non sans avoir aperçu la bouche de Me. Bardon former un grand O.

Bon sur le coup, on peut dire que je l'ai marqué. Mais quand on rate son entretien, autant bien le rater!

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Ursula sévit encore!

Vous avez pensé quoi de son entretien raté?

Que se passera-t-il par la suite?

Les yeux vaironsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant