Les yeux vairons

Chapitre 12

                  
~ Liam ~

Cela faisait une semaine que j'étais arrivé au cabinet sous le nom de Liam Genest. Bien sûr, je n'avais pas oublié mon vrai côté. Je me rendais toujours à des soirées de la jet-set, en  consommant peu  à cause de mon pauvre budget, mais réussissait toujours à en avoir une dans mon lit à la fin grâce à mes tenues de luxe, que je n'avais pas oublié, et ma Audemar Piguet sur mon poignet gauche.

Mon père m'avait demandé d'arriver à l'avance au cabinet afin d'accueillir la stagiaire. À ce que j'avais compris, c'était le profil typique de la petite intello coincée major de promo. Rien d'attirant j'en suis sûr.

  Elle s'appelle Ursula Nour,

Je n'aimais pas forcément ce que mon père m'ordonnait, mais avec le recul, il serait bien qu'on me voit pour une fois, autre qu'un «fils à papa», ce que je suis et ne nie pas.

La stagiaire doit arriver d'ici dix minutes. J'espère qu'elle est ponctuelle. Je n'ai pas que ça à foutre.

  Tout d'un coup, une grande fille mince, élancée, à la peau mate et aux cheveux afros attachés en queue de cheval débarqua. Je l'ai déjà vu quelque part ...

  Et merde, ma mémoire eidétique ne me trompe pas: c'est bien la serveuse qui m'avait toisé du regard et osé me répondre à moi, le grand Liam Kieser, il y a quelques semaines! Heureusement que je n'ai pas oublié mes lentilles cette fois-ci...

C'est la fin de la pause déjeuner. Tout le monde quitte la salle de réunion et je compte les suivre.

Il n'y a que la Ursula que je ne supporte pas déjà. Elle arrive et déjà tout le monde l'aime déjà. Puis, elle ose faire comme si elle ne me reconnaissait pas?

Je suis sûr que c'était elle cette serveuse. Premièrement car j'ai une putain de mémoire photographique, je n'oublie rien. Et surtout pas les personnes qui m'humilient publiquement. Secondement, elle nous a révélés qu'elle exerçait en tant que serveuse dans un restaurant du Vème arrondissement. Mais elle veut se la jouer comme ça? Pas de problème, salope.

-Hey!

Une voix horrible me retient.

J'exagère, mais je ne la supporte toujours pas.

- Oui?

J'essaie de me montrer le plus froid possible avec cette fille, je ne veux rien à voir affaire avec elle, même si je suis censé la superviser.

- Désolée d'être direct, mais je vous trouve plutôt froid avec moi. Si ça se trouve nous nous sommes déjà rencontrés, et encore désolée si je ne vous reconnais pas, mais je suis atteint d'un trouble de la reconnaissance des visages, donc si c'est vraiment ce que je pense, et qu'il est possible que vous étiez un client du restaurant où je travaillais, ou qu'on s'est rencontré dans une soirée ou, dites le moi tout simplement, au lieu d'être froid.

Elle esquisse un petit sourire pour terminer son discours.

Quoi?

- Ah, excusez-moi alors si je me suis montré froid envers vous, c'est juste que c'est la première fois que je supervise quelqu'un, du coup, je ne sais pas vraiment comment me comporter, ce n'était pas volontaire, j'essaie juste de m'adapter encore un peu. Je n'ai jamais fréquenté votre restaurant et je ne me rappelle pas de vous donc je ne pense pas qu'on s'est déjà croisés. C'est quoi ce trouble dont vous parlez?

-La prosopagnosie, un truc assez chiant à expliquer, mais en gros, je peux vous avoir croisé plusieurs fois mais ne vous reconnaîtrai pas la fois d'après. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai un petit détail pour vous reconnaître.

- Quel est ce détail?

- Votre grain de beauté là sur le menton. Elle pointe son doigt en direction de la partie gauche de mon menton.

- Il est assez discret mais je vais le mémoriser.

Elle me sourit, avant de quitter la salle.

Oh putain, c'est mieux que je le pensais. je vais pouvoir l'humilier comme elle l'a fait avec moi.

Elle ne va rien comprendre à sa vie. La pauvre.