Nous étions tous les deux à l'arrière de la voiture qui nous mènera enfin chez nous, depuis trois quarts d'heure. J'hésitai à aller au cabinet après ce qu'il s'était passé, surtout après que mes souvenirs aient refais surface, mais je décidai d'y aller car c'est grâce au travail principalement que j'ai pu remonter la pente.
Je n'avais pas adressé la parole à Liam, depuis notre sortie du diner.
Il brise le silence qui était tout de même pesant, nous deux ne sachant pas comment réagir.
- Tu as sommeil?
- Un peu, je lui avoue.
- Pose ta tête sur mon épaule si tu veux.
En effet, il y avait un autre covoitureur à ma droite, j'étais donc assise au milieu de la voiture par obligation, ne pouvant donc pas reposer ma tête sur la fenêtre.
J'accepte sa proposition volontiers, en hochant la tête.
Une fois posée ma tête sur son épaule gauche, je commence à réfléchir.
Pourquoi la veille il s'est montré super désagréable après notre panne et ensuite ce matin, il était super attentionné? C'est en particulier le câlin qui m'avait marqué. Certes, je n'avais pas resserré mon étreinte, mais je me sentais apaisée... Pour une fois surtout... Et dans les bras d'un inconnu.
J'étais partie vite me réfugier dans la salle de bain, ayant haï le moment où il me découvrait faible.
Car oui, je suis faible.
Je décide de ne plus y penser et de m'assoupir.
Une secousse me réveille plus tard. C'est Liam qui m'avertit que nous sommes arrivés.
Nous descendons tous les deux de la voiture, et Liam m'accompagne jusqu'à mon palier.
-Donc, nous y voilà, dis-je m'agitant timidement sur le paillasson de mon entrée.
- Écoute Ursula, annonce-t-il en se grattant la nuque.
- Oui?
- Je voulais te dire que... je suis encore désolé pour ce week-end, j'ai agi comme le roi des cons.
- Je confirme.
Son expression se renfrogne immédiatement.
- Bon, j'ai eu tort aussi ce week-end, avouais-je. Donc je te présente mes excuses aussi.
Il émet un petit sourire.
- Amis donc? demanda-t-il.
- Amis, je lui réponds avec un sourire.
- On se voit tout à l'heure alors.
Et il me quitte en agitant sa main droite, en signe d'au revoir.
Au moment où j'ouvre la porte, je cogne Sarah.
- Vraiment Sarah, on écoute au porte? Tu n'aurais pas dépassé l'âge un peu?
- Tu ne m'avais pas dit qu'il était canoooooon ton tuteur, roh lala j'en ferai bien mon petit goûter de quatre heures.
- En plus tu espionnes à travers le judas. Dégage, ou tu vas sentir une claque arrivée.
Elle part se réfugier dans sa chambre et je ne peux m'empêcher de rigoler face à sa blague.
Je mets mon téléphone à charger, part me doucher pour la seconde fois de la journée et ressort avec un tailleur, pour entamer mon après-midi de travail.
Si je calcule bien, je n'aurais que trente minutes de retard, sachant que le cabinet a été prévenu.
En arrivant au travail, Liam aussi a fait acte de présence.
Je le souris, avant de me rendre dans mon bureau, qui ressemble plus à un placard par ailleurs, mais au moins, cela reste mieux qu'un cubicule dans un espace ouvert.
Je fais la première chose que j'effectue habituellement en ouvrant mon ordinateur: je consulte mes mails, même si en général, ce sont des petites tâches de correction par exemple ou quelques renseignements demandés par les autres avocats, étant donné que je suis la seule stagiaire.
Heureusement que ce n'est pas un stage "photocopies" ou "café" et que les collaborateurs m'autorisent à jeter un œil sur les affaires ou même les commenter.
L'entraide dans le cabinet est plutôt bonne. Parfois, le soir après le travail, nous nous rencontrons dans des bars pour décompresser et la plupart du temps, à midi, nous déjeunons tous ensemble dans la salle de conférence, après avoir commandé, même si les avocats senior sortent souvent manger entre eux au restaurant.
Ah, j'ai oublié d'ouvrir le mail de Me Bardon, avant d'avoir la panne de voiture ce week-end. Je m'empresse de le lire.
" Chère Madame Nour.
Votre tuteur m'a fait part de votre mois d'intégration.
Il serai tout simplement assez déçu.
Selon lui, vos connaissances dans le domaine sont assez limitées, ce qui est assez étonnant tout de même pour une major de promo.
Vous n'êtes pas vraiment concentrée, et vous ne vous sentez pas concernée non plus.
Vous sembleriez également peu réceptives aux ordres.
Il ne vous pense surtout pas capable de continuer le stage.
J'attendais mieux de votre part, mais vous laisse tout de même le temps de faire vos preuves après tout ce n'est qu'un premier mois. J'espère que lors de son prochain compte-rendu, son analyse s'inversera.
Ma réputation au sein de mon cabinet dépendra également de vous et de ce que vous feriez par la suite car tout simplement, j'ai placé des hauts espoirs en vous pour ce stage et je vous ai défendu auprès de mes associés fervents recruteurs de "fils à papa-maman".
Cordialement, Me Bardon".
Mes yeux s'écarquillent au fur et à mesure que je lis le mail.
Quelques heures de cela il me proposait d'être son «amie» et maintenant, je découvre qu'il me traite d'incapable et souhaite ruiner mon stage?
Je ne sais pas vraiment ce que j'ai fait pour mériter ça. Ce n'était qu'un mois d'intégration et j'ai essayé de montrer le meilleur de moi-même.
Dire que je me suis excusée auprès de lui, alors que si ce week-end était un fiasco, c'était principalement de sa faute. Je n'aurai jamais du lui demander de me conduire.
Il m'a vraiment prise pour une conne sur le coup.
Son «ami?», il va voir là où il peut se le mettre.
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Bon, on dirait que Liam a fait sa petite vengeance là, qu'il veut tout simplement la dégager de NY! Ce rapprochement n'était qu'une petite stratégie...
Liam ne serait-il pas bipolaire ou même suicidaire en lui proposant d'être son ami?
Comment va réagir Ursula au prochain chapitre?
Vous avez pensé quoi de ce chapitre?
La suite... demain :) !
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Les yeux vairons
Literatura Kobieca« 'Il n'y a que toi et moi, personne d'autre.' 'Fait moi confiance, je t'ai dit qu'il ne t'arrivera rien de mal tant que je serai là, je te le promets.' Et là... je crois que tout s'est arrêté à l'entente de ces phrases. ...