Seconde Chance

Chapitre 76

  - Non. Écoute, j'ai rendez vous avec Nathalie d'ici deux heures dans le village voisin qui se trouve être l'endroit où Thomas et moi avons grandi. Mais avant de t'y emmener, il y a certaines choses que je dois t'expliquer. Tu viens ?   

Il me tend la main, j'accepte de me laisser guider jusqu'à ce mystérieux bâtiment.

Après plusieurs minutes de marche, ou plutôt de lutte acharnée pour ne pas m'étaler par terre avec mes escarpins, nous arrivons face à ce hangar. Ce n'est pas un vieux bâtiment, il a même l'air relativement récent mais les toiles d'araignées et la poussière témoignent de son abandon.

Trop occupée à détailler le bâtiment les yeux levés, je trébuche et manque de m'affaler de tout mon long sur le sol terreux mais c'était sans compter sur Aaron qui m'a rattrapé avant que je ne tombe la tête la première.

- Merci.

Je prends conscience de ses mains sur mes hanches et de notre proximité. Je peux sentir son souffle sur ma peau et mon corps est parcourue de frissons.

Aaron s'en aperçoit et sourit.

- C'est moi qui te met dans de tels états ?

Je sens mes joues virer au cramoisi et j'ai envie de disparaître dix pieds sous terre.

- Mais pas du tout.

Trop orgueilleuse pour lui donner raison, je me détache de lui et continue de marcher en le regardant fièrement mais marcher sur un chemin de terre escarpé avec des talons aiguilles n'est pas nécessairement une bonne idée, encore moins lorsqu'on ne regarde pas où on met les pieds.

Ce qui devait arriver, arriva. Je finis allongée par terre, et Aaron ne peut s'empêcher d'éclater de rire et de me prendre en photo avec son téléphone.

Cette fois c'est trop. Je me lève, retire mes escarpins et me mets à lui courir après. Action qui se révèle être parfaitement inutile sachant qu'Aaron court très vite, bien plus que moi qui en plus suis pieds nus, histoire de ne rien arranger. 

Malgré tout, je suis Aaron au pas de course vers l'arrière de ce hangar et m'arrête aussitôt.

- Oh putain.

Nous sommes au bord d'un lac que la végétation et l'imposante bâtisse me cachait depuis la route. La vue est superbe. Je me retourne et remarque que la façade du hangar, même si je ne suis pas certaine de savoir ce qu'est vraiment ce bâtiment, est faite de baies vitrée.

- C'est magnifique. Qu'est ce que c'est que cet endroit ?

- L'ancien atelier de ma mère.

- Ta mère était une artiste ?

- A ses heures perdues oui. Elle était directrice financière mais elle adorait dessiner et passer des heures à peindre alors elle venait souvent ici. Cette propriété et les terrains qui l'entourent appartiennent à mes grands parents. Elle a fait rénover ce bâtiment et nous emmenait souvent ici le week end Thomas et moi.

Il fait une pause, il a la gorge nouée. Mon cœur se serre chaque fois que je l'entends parler de sa mère, je sais à quel point il est difficile de parler de quelqu'un qui nous a quitté. J'en suis pour ma part totalement incapable.

Cela va bientôt faire un an que Giovanni nous a quitté et j'ai encore du mal à seulement prononcer son nom.

Aaron se racle la gorge et reprend.

- En été, elle s'installait juste là, pile à l'endroit où tu te tiens et elle dessinait pendant que Thomas et moi jouions dans le lac. On venait parfois passer plusieurs jours ici, il y a deux chambres à l'étage.