Chapitre 78

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Sylver

- Il y a bientôt deux ans, ma mère nous a quitté. Un 24 décembre alors que nous nous apprêtions à fêter Noël en famille...


Je relève les yeux et j'observe Aaron pendant qu'il se confie à moi. Je suis tellement émue qu'il s'ouvre à moi de la sorte.

Il met sa tête dans ses mains et ses coudes sur ses genoux, il est penché en avant, assis seul sur son fauteuil et ne me regarde même plus.

J'hésite à me rapprocher de lui, mais je reste finalement en retrait à le regarder se faire du mal pour me parler d'un souvenir aussi douloureux.


- Et le seul responsable de sa mort, c'est mon père.

- Pardon ? Je n'ai pu m'empêcher de demander, abasourdie par ce que je viens d'entendre.

- Mon père a tué ma mère, sous mes yeux.

- Il.. Il...

Je ne suis même pas capable de parler ou d'aligner deux pensées cohérentes tellement ses propos m'ont choqué.

Je n'arrive à rien dire, je suis incapable de penser correctement, une multitude de questions m'envahit et je n'arrive pas à croire les mots que vient de prononcer Aaron. Je me demande si je n'ai pas mal compris, si je ne me ferai pas des idées mais un seul regard dans la direction de mon interlocuteur font taire tous mes doutes et m'impose cette triste vérité.

- C'était un meurtre ? J'arrive finalement à demander, horrifiée, après avoir porter mes mains à ma bouche.

- Pas vraiment.

Je retiens mon souffle dans l'attente de la suite des explications, encore sous le choc de ce que je viens d'apprendre. Je n'en reviens toujours pas qu'Aaron me fasse pareilles confidences.

- Il l'a tué mais il ne le voulait pas, du moins pas vraiment. Sa maladie était à un stade tellement avancé que la justice l'a déclaré non coupable.


Il marque une pause avant de reprendre. Ses poings sont serrés, sa mâchoire contractée, j'ai envie de me lever, de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout ça est terminé, qu'il n'a ni à y repenser, ni à m'en parler mais je ne le fais pas et je me contente de l'écouter.

- Mon père est maniaco-dépressif, ce qui veut dire qu'il souffre de troubles bipolaires.

- Oh mon dieu... Je souffle, en partie consciente de tout ce que cela implique.

- Je ne sais pas si tu en as déjà entendu parlé mais c'est une maladie qui entraîne de violents dérèglements de l'humeur. Un bipolaire va passer rapidement de phases d'excitation ou de manies à des phases dépressives, et l'une comme l'autre sont totalement hors de proportions.


Aaron s'est levé et a quitté son fauteuil et il fait maintenant les cent pas dans la pièce en cherchant ses mots.

- En phase dépressive, les malades sont envahis d'un sentiment de tristesse et d'une humeur donc dépressive pratiquement toute la journée et ce, pendant plusieurs semaines. Je me souviens avoir vu mon père dans de tels états quand j'étais plus jeune mais je pensais qu'il traversait juste une mauvaise passe ou que ça n'allait pas trop au boulot, rien de bien alarmant quoi.

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