Chapitre 79

59 6 0
                                    

- J'ai vu ma mère morte. Devant moi. [...] Je l'ai appelé, je l'ai supplié, j'ai pleuré, hurlé mais il n'y avait rien à faire. Je le savais avant même de prendre son pouls, avant même de descendre ces putains de escaliers... Je savais que j'avais perdu ma mère et que le seul coupable se tenait en face de moi.


Il tremble et je m'approche de lui, il recule dans le fauteuil et m'invite à le rejoindre. Je m'assois sur ses genoux et lui caresse les bras dans le but de le calmer, au moins un peu.

- J'ai regardé le visage du meurtrier de ma mère et je n'ai pas su me retenir, je me suis jeté sur lui et je l'ai roué de coups, je le frappais encore et encore, tout ce à quoi je pensais c'était au visage sans vie de ma mère et à tout le sang dans lequel elle baignait.

Ses poings serrent les accoudoirs du fauteuil et ses phalanges sont blanches tellement il les tient fort. Je me risque à poser une main sur la sienne et ses yeux embués rencontrent les miens.

- Je l'ai cogné, encore et encore jusqu'à ce qu'on me fasse sortir de la maison, c'était Thomas. Ne nous voyant pas arriver alors que nous ne sommes jamais en retard, il s'est inquiété et est venu s'assurer que tout allait bien... Je ne l'ai même pas entendu arrivé, comme je n'avais pas entendu Rubis sangloter du haut des escaliers.

Il a l'air de tellement s'en vouloir, ça me broie littéralement le cœur de voir autant de peine et de douleur à travers ses yeux. Les miens s'emplissent de larmes et je sais que je ne vais pas être en mesure de les retenir encore bien longtemps.

- Thomas s'est précipité sur elle et l'a fait sortir d'ici en premier, il l'a installé dans sa voiture, lui a donné des jouets et a appelé sa mère pour qu'elle s'occupe de ma sœur ainsi que la police. Ensuite, il est venu nous séparer mon père et moi, il est resté à mes côtés jusqu'à l'intervention des secours et la fin de l'interrogatoire de la police.

Je renifle et je lève les yeux au ciel pour empêcher mes larmes de couler, j'ose à peine imaginer tout ce qu'a traversé Aaron. D'autant plus que me raconter son histoire doit l'obliger à revivre cette tragédie une seconde fois.

- Les parents de Thomas se sont occupés de Rubis le temps que les choses se calment. Mon père est passé en justice quelques semaines plus tard mais l'avis des médecins a joué en sa faveur et il n'a pas été jugé responsable de ses actes.

Les larmes aux coins des yeux d'Aaron menacent de couler alors qu'il reprend dans un souffle où se mêlent tristesse, colère et douleur.

- Il ne savait pas ce qu'il faisait, il était gravement malade et c'est tout ce que la justice a retenu. Un pauvre homme qui a perdu la femme qu'il aimait dans sa folie. Ils n'ont eu que faire des deux enfants que ce connard avait privé de leur mère.


Ses poings se serrent à nouveau, les traits de son visage se tirent en même temps que sa mâchoire se contracte à l'évocation de ces souvenirs.

-  Ils ont envoyé mon père dans une clinique spécialisée, et la garde de Rubis a été attribuée à ma tante, la seule sœur de ma mère.

- Nathalie ?

- Non, Bridget. Bridget Swanson. Nous n'avons jamais été proches et j'étais obnubilé par l'idée de reprendre la garde de ma petite sœur à ma majorité mais avant ça, le juge m'a imposé d'être suivi un psy. Une psychologue en fait, Nathalie.


Je me sens vraiment stupide, cette Nathalie n'est en aucun cas sa copine, plan cul ou peu importe, elle est sa psychologue. En même temps, comment aurais-je pu prévoir une chose pareille...

Seconde ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant