Chapitre II : En danger / Partie 2

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L'homme se releva pour arroser sa plante, seule espèce vivante que les scientifiques et militaires avaient le droit de posséder chez eux.

- Alors, ma belle, tu fais de nouvelles pousses ?

Nathanaël sourit en s'entendant ainsi parler avec une crassula. Peut-être aurait-il eu envie qu'elle lui réponde, lui prouvant que la communication était réciproque. Mais, comme toujours, la plante ne parla pas, et il se plaça devant son miroir, voulant apparaitre sous son meilleur jour pour aller dîner. La vie au sein du laboratoire était très prenante, s'il voulait rencontrer quelqu'un, il n'y avait qu'aux réfectoires qu'il pouvait voir la gente féminine sans masques, gants, ou tenues de laboratoire peu seyantes. Il inspecta le reflet que lui renvoyait la glace. Un bel homme de bientôt trente-sept ans, en pleine force de l'âge, dont les origines de Suède étaient sans appel. Que ce soit sa taille (un mètre quatre-vingt-quinze), ses yeux clairs, ses cheveux coupés très courts châtain-roux, tout, chez lui, rappelait que ses parents avaient immigré aux Etats-Unis. Il observa avec attention sa barbe de trois jours, toujours impeccablement taillée, et ses sourcils épilés dans les règles de l'art, qui affirmaient sa masculinité, sans pour autant en faire un homme négligé. Puis, ses yeux analysèrent sa musculature puissante, obtenue après de nombreuses années d'entrainements et d'heures passées à la salle de sport et à la piscine. « Nickel », se dit-il. Ses muscles étaient épais, mais ne faisaient pas faux ou bodybuildés, ce qu'il n'aurait pas supporté ; loin d'un cliché qu'il détestait, tout son être était attirant et poussait bien des femmes à se blottir dans ses bras. Karl lui avait dit ce matin qu'une nouvelle recrue très mignonne était arrivée ; il se devait donc de faire bonne impression.

Alors qu'il comptait sortir de sa chambre pour rejoindre un des réfectoires, son robot lui annonça qu'il recevait un appel urgent de la part de Stan. Nathanaël soupira et ordonna :

- Passe-moi l'appel !

- Nathanaël ! Je suis content que tu sois encore chez toi ! Je dois te voir urgemment ! J'ai convoqué Karl également et la nouvelle !

- Je me change et j'arrive, chef !

- Non, tu viens immédiatement dans mon bureau ! Nous avons une réunion de crise !

Nathanaël n'eut pas le temps de répondre, que la communication avait été coupée. Il se précipita hors de sa chambre pour rejoindre le bureau de Stan, qui se situait juste entre les quartiers résidentiels et les laboratoires, comme tous les autres bureaux et salles de réunion. En marchant de son pas pressé, l'homme était certain d'arriver dans moins de dix minutes à cette réunion. Le ton qu'avait employé le major général ne lui disait rien qui vaille. Ce dont ils allaient parler était forcément très grave et il commençait à sentir une boule se faire de plus en plus oppressante dans sa gorge. Une réunion à cette heure, alors qu'ils avaient passé la journée dans le laboratoire, et que personne n'avait eu encore le temps de dîner. Cela ne voulait dire qu'une seule chose : il y avait une faille dans leur système de sécurité. 

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant