Dans l'Ombre de la Lune

Chapitre III : Informations / Partie 2

Le colonel Davis tentait de résister au produit que lui avait injecté le lycanthrope. Il avait cru, naïvement, dans un premier temps, que ce ne serait qu'un simple sérum de vérité comme on lui avait déjà injecté plusieurs dizaines de fois pour le rendre résistant mais, il n'en était rien. « Nous nous sommes trompés », pensa-t-il. Durant toutes ses années de recherche auprès de Stan, il avait cru, et ses collègues également, que les loups-garous n'étaient que des bêtes sans intelligence aucune. Mais, depuis deux jours qu'il avait été kidnappé, il avait appris à ses dépens que les lycanthropes étaient capables de comprendre et de parler anglais, d'écrire, et qu'une partie d'entre eux semblaient être des scientifiques qui n'avaient pas à rougir de ceux, humains, que lui-même employait. « Ils vont essayer de savoir ce que nous avons découverts sur eux et où sont enfermés les leurs. Je dois les en empêcher... », tenta-t-il de se convaincre. Mais, déjà, il sentait que le produit que lui avait injecté le prédateur commençait à agir sur lui. Il se sentait malléable, il avait l'impression que son esprit ne lui appartenait plus complètement, comme s'il était sur un nuage, dans un flou complet. Il devait réagir mais les liens qui l'enserraient étaient trop résistants et ses forces s'amenuisaient. Cette espèce était bien plus développée qu'il ne l'avait pensé et toute leur technique était rodée. Il avait cru qu'ils avaient tort de l'enfermer pendant deux jours au lieu de l'interroger, mais cette tactique était très intelligente car, ainsi, ils l'avaient vidé d'une bonne partie de son énergie, empêchant son corps affamé, en partie assoiffé, et fatigué, de lutter contre ce poison.

Il releva la tête avec lenteur lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Ses bourreaux étaient revenus, et semblaient déterminés.

Lorou attendit quelques minutes dans la salle avant de briser le silence pesant qu'il avait imposé, dans le but de bien montrer à l'humain que les seuls alphas présents ici étaient eux.

- En quoi consistent vos recherches ?

Le colonel ne répondit pas, et le jeune loup regarda Maro avec inquiétude.

- Pose des questions simples en premier, Lorou, le conseilla-t-il.

- Quel est votre nom et votre grade, soldat ?

- Je ne dirai...

L'humain poussa un cri déchirant, qui fit mal aux oreilles des loups. Lorou sourit malgré la douleur. Le produit faisait son effet, et le colonel était en train de craquer.

- Je vous le répète ! Quel est votre nom et votre grade, soldat ?

- Je... Colonel Davis.

- Bien, on avance !, déclara le jeune loup. Pour qui travaillez-vous ?

- Non... je ne dirai rien... Je... Moly...

- Moly ? Qu'est-ce que c'est ?, demanda Maro.

- Le... le nom du projet...

- Et qu'y faites-vous ?, interrogea Kéra, agacée par le temps que prenait l'interrogatoire.

Lorou jeta vers elle un regard désapprobateur, qu'elle ne daigna pas relever. Il fallait qu'elle comprenne que tous les interrogatoires ne pouvaient pas être rapides. Mais il se calma en entendant l'humain marmonner :

- Nous... nous tentons... les loups-garous...

Kéra commençait à rager. Lorou avait dû injecter trop de produit dans les veines du scientifique, car il commençait à bégayer et à ne plus être cohérent dans ses propos. Elle grogna :

- Tu as mis trop de sérum, il plante !

- Tais-toi, Kéra ! Mets-toi dans un coin et laisse-moi faire !, grogna l'intéressé.

- Qu'est-ce que le projet Moly ?, s'agaça Maro.

- Eradiquer les loups-garous.

- Comment ?

- Un virus...

Lorou dévisagea l'homme avant de se tourner vers le Phaïr. Les humains étaient bien plus avancés sur leurs recherches que ce qu'ils avaient imaginé. Si un virus était créé contre eux, ils ne pourraient plus rien faire. Ils devaient trouver un moyen de mettre fin à ces tests, quitte à tuer les cobayes.

- Où est votre laboratoire ?, questionna le jeune loup.

- Non... je ne peux....

- Où est-il ?, hurla Kéra.

La vue de celle qui avait tué sa femme, et dont les canines immenses se rapprochaient de lui, glaça le sang du colonel, qui répondit :

- Caroline du Nord...

- Très bien, je vais me préparer, vous me tiendrez au courant de ce qu'il a dit de plus avant mon départ !, trancha la jeune louve.

Les deux loups n'eurent pas le temps de répondre que, déjà, elle refermait la porte derrière elle. Ils n'avaient pas de temps à accorder à Kéra, car ils devaient terminer leur interrogatoire, mais elle allait très vite être remise à sa place.