Dans l'Ombre de la Lune

Chapitre XX : Désertion / Partie 2

Maro venait à peine d'arriver chez le Phaïr d'Europe de l'Ouest avec la mallette qui lui était destinée. Comme pour le complexe d'Amérique du Nord, celui-ci semblait désespérément vide, la majorité de ses anciens occupants étant déjà partie pour le nouveau lieu de vie des loups. Il avait atterri à Francfort, avant de rejoindre la Forêt Noire, dans laquelle se trouvait le complexe d'Europe de l'Ouest. C'était un des soldats du Phaïr du continent qui était venu le chercher à l'aéroport et l'avait amené, en à peine trois heures, au lieu.

- Dêruh ! Tes loups sont-ils prêts ?

- Comme l'a demandé le Shéker, Maro. As-tu les éprouvettes ?

- Bien sûr, que crois-tu ? Prends-les, je dois visiter les autres complexes, à commencer par ton voisin d'Afrique.

Le Phaïr d'Europe de l'Ouest déposa la mallette sur son bureau, l'ouvrit et distribua à chaque loup présent plusieurs éprouvettes. Dans six jours, chacun devrait être aux points ordonnés pour répandre le virus. Le compte à rebours était lancé.

- Et maintenant, que faisons-nous ?, demanda Angeni.

Ils s'étaient enfermés tous les trois dans le faux laboratoire, après avoir abandonné leur voiture en Caroline du Nord pour prendre un taxi et rejoindre la ville d'Orlando. Ils avaient acheté, dans la ville de Savannah, à Kéra du maquillage, des lunettes de soleil pour la rendre « humaine », ainsi que des bandages pour sa cheville, et pour eux trois des vêtements légers et des perruques pour se cacher. Ils avaient fait une pause à Orlando pendant une demi-journée, afin de permettre à la louve de se reposer et de paraître aux yeux de tous comme un trio d'amis en route pour des vacances en parc d'attractions. Après, ils avaient emprunté un autre taxi jusqu'à Ocala et s'était rendus à pieds jusqu'au faux laboratoire. Un périple qui avait pris une journée entière et les avait tous extrêmement fatigués, en particulier la jeune louve, éprouvée par les mauvais traitements.

Ils étaient à présent dans la pièce qui leur avait servi de dortoir et de lieu de repas lors de leur rencontre. La jeune louve avait été allongée sur le canapé dès leur arrivée et Nathanaël s'était empressé de bloquer l'ascenseur, empêchant à quiconque, de l'extérieur, de l'utiliser.

- Nous ne pouvons plus apparaître, nous sommes recherchés par le projet Moly et, si nous sortons, nous serons tués ! Nous ne pouvons même plus prévenir le gouvernement, nous sommes bloqués ici !

- Mais nous n'avons rien, Nathanaël !

- Si, vous avez le virus que les loups vont répandre pour tuer les humains, murmura Kéra, qui s'était relevée.

- Ton sac t'a été pris par le projet Moly.

- Tu me crois assez stupide pour avoir mis le virus dans mon sac ? Il est en moi...

- Tu n'as pas avalé ce truc ?, hurla Nathanaël, inquiet.

- Non, je l'ai mis en tampon, comme une humaine !

- Kéra, tu es un génie !

Le capitaine Svensson regarda les deux membres de la gente féminine, ne comprenant pas toutes leurs allusions. Mais à voir la mine réjouie d'Angeni, il se doutait qu'il s'agissait d'une excellente nouvelle.

- Je vais t'accompagner aux toilettes, Kéra. Tu pourras me passer la bestiole !

Nathanaël regarda ses deux acolytes partir, la louve se tenant sur la jeune femme pour marcher. Il se posa dans un canapé en les attendant et les vit revenir, quelques minutes plus tard, l'air soulagé. Angeni tenait dans sa main une éprouvette, qu'elle posa délicatement sur la table basse.

- Vous avez un moyen de recycler les eaux usées ici ?

- Nous pouvons en fabriquer un, mais avant que l'eau soit coupée, nous avons un peu de temps, répondit le capitaine Svensson.

- Ce n'est pas pour ça que je le dis... Le virus va être propagé par les nappes phréatiques, avant de se répandre par contamination entre les Hommes.

Les deux humains dévisagèrent la jeune louve, intrigués. Voilà donc la raison pour laquelle elle était venue jusqu'à eux pour leur amener le virus. Elle espérait certainement qu'avec leurs connaissances scientifiques, ils parviendraient à trouver un antidote ou un remède et qu'en les enfermant, elle leur évitait une contagion. Elle avait risqué sa vie pour les sauver et, une nouvelle fois, en leur intimant de ne plus utiliser d'eau, elle leur évitait la mort.

- Ce virus, qu'est-ce que c'est ? Une sorte de VIH, comme au début du XXIe siècle, ou un genre de pandémie ?

- C'est plus traitre que cela, les gouvernements humains ne se rendront compte de rien avant un bout de temps... Ce virus coupe la création de spermatozoïdes et détruit les ovules...

- Cela permettrait de tuer notre espèce en moins de cent ans..., murmura Angeni.

- Et quand la pandémie aura-t-elle lieu ?

- Le vingt-cinq, dans moins de dix jours..., répondit Kéra.

Nathanaël se posa sur le fauteuil, abasourdi. Ils n'auraient pas le temps, en à peine plus d'une semaine, de créer un antidote ou de prévenir leur gouvernement, en particulier en étant recherchés et en risquant leur vie dès qu'ils sortiraient de ce lieu. Le projet Moly était puissant et il n'avait aucun doute sur le fait qu'ils les abattraient à vue, et que leurs corps ne seraient jamais découverts. Leur première action allait être de fabriquer un moyen de retraiter les eaux, que ce soit celle utilisée pour se laver, que celle pour boire. Ensuite, il ne leur resterait plus qu'à rester terrés dans ce faux laboratoire et de travailler sur le virus que leur avait amené Kéra afin de créer un remède pour les humains.

Et voilà, le chapitre XX est terminé ! Il n'en reste plus que deux !

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Sanguinement-vôtre,

Gothycka