- Celle-là est têtue et dangereuse, m'informa Karl.
Je tournai la tête vers la cage qu'il désignait, qui contenait une jeune fille d'une quinzaine d'années, à l'apparence inoffensive. Mais mon travail au sein de la section de recherches sur les loups-garous de l'armée m'avait appris à me méfier de cette espèce primaire et agressive. La jolie petite adolescente brune qui se trouvait devant mes yeux n'était en fait qu'un animal dangereux.
- Il faut que tu surveilles attentivement celle-là, ainsi que les deux ici !
Dans deux autres cages à côté se trouvaient un vieil homme, ainsi qu'un homme d'une quarantaine d'années. Il était apparu, vues les réactions des autres bêtes enfermées, que le vieillard devait être quelqu'un d'important pour eux. Je souris à cette idée. Si nous avions pu prendre leur chef, nous serions bientôt tranquilles avec ces animaux. Et les recherches que nous faisions dans ce laboratoire permettraient probablement de trouver un moyen de tous les anéantir.
- Nathanaël, peux-tu venir ?
J'hochai la tête et avançai avec mon chef jusqu'à son bureau.
- La jeune effrontée que t'a montrée Karl doit être amenée en salle quatre ! Je veux que ce soit toi qui t'en occupe. Tu es parmi mes plus puissants soldats.
- Bien, chef. Toujours pas d'avancées en ce qui concerne les sédatifs ?
- Non. Ces animaux résistent encore à tout ! Même à ceux pour éléphants ! Fais bien attention quand tu l'emmèneras, elle est très dangereuse.
Je sortis du bureau et me dirigeai vers les cages, qui étaient toutes regroupées dans un seul hangar. J'attrapai la pince, une grande tige de fer qui me permettrait d'attraper l'animal par le cou et de le conduire jusqu'à la salle en question. Karl me suivait et ouvrit la porte de la cage pour que je puisse utiliser l'instrument. A ce moment-là, la jeune fille tenta une sortie en bondissant sur nous, comme je m'en doutais. J'actionnai donc la pince et la violence du choc, combinée au fait que les loups-garous ne supportaient pas d'avoir quelque chose autour du cou, stoppa l'adolescente. Elle s'écroula à terre, tentant de défaire ce lien, et j'en profitai pour la trainer hors de la cage. Non sans mal, je parvins à l'amener en salle quatre, où les chercheurs nous attendaient, lui donnant une décharge électrique qui, au lieu de la calmer, ne fit que l'énerver d'avantage.
Lorsque je quittai la salle, mon regard croisa celui de l'animal. Ses yeux noirs semblaient avoir changé. Je n'y lisais plus la rage et la haine, mais la tristesse. Je ne devais pas faiblir, pas me laisser avoir par cette jeune fille. « Elle n'est pas humaine, elle n'est pas comme Lara ». Penser à ma petite-sœur décédée me fit mal au cœur. Depuis que cet animal était arrivé au laboratoire, j'avais vu cette ressemblance troublante entre les deux adolescentes. Je ne devais pas me laisser guider par mes émotions ; cette bête n'était pas ma sœur. Et pourtant... quelque chose en moi me criait de lui venir en aide, d'écouter les hurlements de la jeune fille, de faire stopper cette maltraitance, qui avait pour but de la faire plier. Je décidai donc de partir et de rejoindre les dortoirs. La nuit n'allait pas tarder à tomber et, avec elle, le risque que tous ces animaux ne se transforment en sorte de loup.
Vers une heure du matin, je n'arrivais toujours pas à dormir. J'avais besoin de la voir telle qu'elle était vraiment pour oublier cette ressemblance troublante avec Lara. Je devais observer cette « louve » dangereuse, afin de m'assurer que je n'étais pas fou.
Lorsque j'entrai dans la salle quatre, je sentis immédiatement cette odeur métallique de sang séché, mêlée à celle piquante et désagréable d'urine. La lycanthrope était là, dans une minuscule cage qui ne lui permettait pas de se retourner ou se coucher, et elle m'observait. A cet instant précis, je lus dans son regard ce que je ne voulais pas voir en face. « Qui donc de nous-deux était le monstre ? », me demandai-je. Tout animal qu'elle soit, n'était-ce pas honteux de la traiter de la sorte ? Je voulus partir, mais les grands yeux noirs dans lesquels j'étais plongé m'en empêchèrent. Je n'aurais jamais supporté que quelqu'un face du mal à ma petite-sœur.
Je ne sais pas si cet animal avait un quelconque don de télépathie mais, lorsque je me retrouvai à trente mètres au-dessus du laboratoire, soit à la surface de la forêt qui le cachait, je constatai qu'elle ne m'avait pas tué. J'avais enfreint le règlement, et remis en liberté un animal sauvage...
Bonjour à tous !
Alors, ce prologue est-il à votre convenance ?
Comme toujours, n'hésitez pas à commenter, voter et blablater !
A mercredi pour la suite ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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Dans l'Ombre de la Lune
WerewolfKéra est une louve, autrement appelée par les humains « loup-garou » ou « lycanthrope ». Kidnappée pendant son adolescence à des fins expérimentales par un projet secret humain, elle a, depuis sa fuite, nourri une rancœur et une envie de vengeance s...