Chapitre VII : Dressé / Partie 2

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Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis qu'Angeni s'était fâchée avec le major général au sujet des lycanthropes. La jeune femme avait compris qu'elle ne pourrait rien changer de manière frontale et, après avoir passé quatre nuits à ruminer, elle avait décidé de tenter de modifier les choses de l'intérieur. Peut-être arriverait-elle à faire comprendre aux autres scientifiques que ces animaux n'étaient pas des bêtes, et qu'ils méritaient un traitement plus digne que celui qui leur était administré.

Assise seule dans sa chambre, profitant d'un repos bien mérité après une journée (ou une nuit car, dans cet environnement sous-terrain, les heures n'avaient plus de sens pour ceux qui n'avaient pas d'attache extérieure), la jeune femme ôta sa blouse et son pantalon de recherche, qu'elle lança en boule dans un coin de la pièce. Après avoir enlevé ses sous-vêtements, elle se glissa avec extase dans sa douche, soucieuse d'enlever de son corps et ses cheveux l'odeur peu agréable des produits qu'elle avait manipulés pendant huit heures. Le major général l'avait nommée à la tête des recherches sur l'ADN des loups-garous. Avec cet ADN, le directeur du projet Moly espérait trouver un moyen d'annuler le gène « loup » des lycanthropes, les rendant beaucoup plus humains qu'ils ne l'étaient actuellement. Angeni avait accepté ce poste, car elle préférait que les loups-garous soient modifiés, et non exterminés. Elle avait l'intention de demander à ce que ses cobayes soient décemment traités, et avait obtenu une audience auprès du major général pour le lendemain.

- Pourquoi penses-tu à cela, au lieu de te détendre ?, marmonna-t-elle pour elle-même.

Fatiguée par ses nuits à ressasser, la jeune femme demanda à son robot de lancer de la musique, et commença à chanter, sous le bruit des gouttelettes d'eau qui ruisselaient sur son corps et sur le béton de la douche. Le contact de l'eau chaude l'apaisa, et elle laissa la vapeur envelopper entièrement la pièce et sa peau caramel. Le savon enleva toute trace d'odeur des produits chimiques, ne laissant qu'un voile légèrement sucré de noix de coco. Après s'être rincée avec délicatesse, elle prit sa serviette et la noua au-dessus de sa poitrine, avant de se poser sur sa chaise, les yeux fixés sur la vue de montagne créée par hologramme par le projet Moly dans toutes les chambres afin de faire oublier, un instant, aux scientifiques, qu'ils se trouvaient à plusieurs mètres en-dessous du sol.

- Allez, il faut te motiver, Angeni. Il faut préparer cet entretien..., marmonna-t-elle pour elle-même.

Elle resta devant sa feuille blanche pendant quelques minutes, laissant les gouttes d'eau se détacher d'elle et créer une flaque en-dessous de la table.

- Ça m'énerve ! Je suis fatiguée, je ne suis plus bonne à rien ! Je me sèche les cheveux, je vais pisser, et je fais une sieste !, s'écria-t-elle.

Une fois posée dans son lit, les yeux à peine clos, elle s'endormit d'un sommeil agité et peu reposant.


Pourquoi me conduisent-ils dans cette forêt ? Leurs yeux... ce ne sont pas des soldats... ce sont des lycanthropes... Comment donc sont-ils parvenus à me kidnapper ?

On me balance par terre et je lève mon regard vers les loups-garous qui se tiennent debout, devant moi. Le garçon de la dernière fois est là et, si ses yeux avaient été des armes, je serais morte sur le champ...

- Vous êtes condamnée, humaine, à la mort !, m'annonce, en anglais, l'un d'entre eux.

C'est impossible ! Ils ne peuvent pas parler, et encore moins notre langue !

- Pitié !

- En as-tu eu pour ce jeune loup-garou ? Toi et les tiens l'avez enfermé dans une cage, battu, torturé, vous lui avez injecté des produits aussi divers que dangereux !

Le jeune garçon s'approche de moi mais, déjà, je ne peux plus bouger. Je ne sais pourquoi, mais tous mes muscles refusent d'obéir. Peut-être savent-ils qu'il est déjà trop tard... Ses crocs se plantent dans ma carotide...

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant