Le lieutenant Angeni West donnait ses ordres aux différents scientifiques dans le but d'une évacuation très rapide et, surtout, discrète du laboratoire. Tous avaient cessé leur travail et rangeaient consciencieusement leurs affaires dans des boites hermétiques, que le capitaine Svensson et ses hommes se chargeraient de récupérer ensuite. La jeune femme avait moins de trois heures devant elle pour que tous ne soient partis, et le stress commençait à se faire ressentir. Agée seulement de vingt-cinq ans, Angeni avait une lourde responsabilité sur elle et elle savait que le major général lui ferait payer la moindre de ses erreurs. De ses doux yeux marron de descendante directe des Comanches, elle regardait les scientifiques s'affairer. Elle avait dû en nommer quelques-uns responsables afin de lui permettre de souffler quelque peu et, surtout, de superviser tout en parallèle. Bon nombre de ces hommes et femmes ne voulaient pas partir sans emmener avec eux les photographies de leurs proches ou des cadeaux qu'ils avaient reçus, conscients que tout ce qu'ils laisseraient serait détruit.
- Lieutenant, tous les hommes des quartiers A et C sont prêts à être évacués !, l'informa un militaire.
- Bien, sergent. Vous conduisez tous ces hommes au point de rendez-vous. Des camions vont les récupérer !
- Bien, lieutenant !
Angeni regarda partir le sergent et fut soulagée de constater que déjà deux quartiers sur cinq étaient prêts. Elle se dirigea aussitôt vers le téléphone codé qui servait aux communications dans le laboratoire et appela le sergent qu'elle avait chargé du quartier B, puis ceux des D et E. Devant la voix peu affirmée du dernier, la lieutenant partit en courant vers le quartier E, dans lequel un grand désordre régnait. Malheureusement pour elle, il n'y avait que très peu de scientifiques à formation militaire, et cela se ressentait dans leur attitude quelque peu dissipée.
La jeune femme dut donner de la voix pour se faire entendre et pousser les hommes et femmes à s'activer, sans pour autant que le tout ne se fasse dans la cohue.
- Lieutenant ! Un appel pour vous de la part du major général !
- Bien, caporal. Occupez-vous avec le sergent de ces personnes pendant que je réponds ! Dans dix minutes, elles doivent être parties, est-ce clair ?
- Bien, lieutenant.
Angeni se plaça sur le côté de la pièce pour répondre à son supérieur, évitant ainsi de se trouver dans le chemin de la pagaille qui se déroulait devant ses yeux.
- Lieutenant ! Comment se passe l'évacuation ?
- Les quartiers A et C sont partis. B et D sont en cours et là, je gère le E, mon major général.
- Bien ! Quand tout cela sera fait, vous partirez en hélicoptère pour notre futur laboratoire. Je veux que quelqu'un de confiance soit là pour accueillir nos hommes dans leurs nouveaux locaux.
La jeune femme acquiesça et raccrocha. Les quelques militaires du quartier E avaient fini par venir à bout de la tornade qui déferlait dans cette partie du laboratoire, et les scientifiques commençaient à rejoindre le point de rendez-vous. Il était temps pour elle de rejoindre l'état de Géorgie.
Nathanaël était parvenu à faire en sorte que la plus grosse partie de leurs recherches soit prise par ses hommes et à présent en sécurité. Tous les tests, les produits viraux et bactériologiques... avaient été placés dans des contenants réfrigérés et prévus pour le transport. Les boîtes se trouvaient à présent à la surface et étaient placés dans les hélicoptères de l'armée, pour la plus grande satisfaction du capitaine Svensson, qui observait les allers-retours des soldats depuis la vidéo-surveillance.
Le subordonné qu'il avait envoyé dans sa chambre l'informa qu'il avait récupéré ce qui comptait le plus pour lui : photographies, diplômes et, bien entendu, sa plante et son fauteuil. En tant que l'un des chefs du projet Moly, il avait quelques avantages, dont celui de pouvoir transporter des meubles, ce qui n'était pas le cas de tous les officiers, et d'aucun sous-officier. Cette nouvelle lui apporta la satisfaction qu'il attendait pour pouvoir continuer son travail.
Il traversa le couloir pour rejoindre Karl, qui avait fait transférer tous les loups-garous dans leur cage. A présent, il ne restait plus au capitaine Svensson qu'à détruire tout ce qu'il restait, mettant le feu aux documents, afin qu'ils ne puissent pas tomber en de mauvaises mains. Tous, exceptés ceux que le major général lui avait demandé de laisser. Leur plan était simple et efficace. Et il était certain que si les lycanthropes connaissaient leur langue, et si John avait parlé, ils tomberaient dans le panneau.
VOUS LISEZ
Dans l'Ombre de la Lune
WerewolfKéra est une louve, autrement appelée par les humains « loup-garou » ou « lycanthrope ». Kidnappée pendant son adolescence à des fins expérimentales par un projet secret humain, elle a, depuis sa fuite, nourri une rancœur et une envie de vengeance s...