Dans l'Ombre de la Lune

Chapitre X : Retrouvailles / Partie 2

Nathanaël préparait ses affaires pour partir le lendemain dans l'Ocala National Forest avec Angeni. Bien que cette mission soit officielle, il espérait pouvoir se rapprocher de la jeune femme et, peut-être, la faire changer d'orientation sexuelle. Il était tellement rare, dans le laboratoire, de croiser une personne du sexe opposé si parfaite, qu'il ne voulait pas s'avouer vaincu. Le fait de rester enfermés quelques jours tous les deux pouvaient les rapprocher et il comptait là-dessus.

Il prit donc ses plus beaux T-shirts, les plus moulants, ainsi que des pantalons qui magnifiaient ses longues jambes. Il prit soin également de mettre dans son sac du savon, du shampoing et une pierre d'Alun pour couper la transpiration. Il voulait être parfait pour ces quelques moments privilégiés, en tête à tête avec la jeune femme. Un peu de parfum masculin, au musc synthétique, pourrait faire divaguer Angeni.

La sonnerie de sa porte le coupa dans ses préparations, et il se déplaça jusqu'à elle, demandant à son robot d'ouvrir. Devant lui se trouvait le lieutenant West, vêtue de sa blouse et son pantalon de recherches.

- Tu veux entrer ?

- J'ai besoin de parler de notre expédition en Ocala. Je...

- Pas dehors, entre !

Nathanaël fit refermer la porte derrière eux, après s'être assuré que personne n'était dans le couloir au moment où le lieutenant West avait prononcé ces paroles. Après avoir désigné une chaise à la jeune femme, il lui expliqua :

- C'est top secret, personne ne doit savoir ce que nous allons faire. De quoi veux-tu parler ?

- Je ne suis pas d'accord avec le piège que vous prévoyez de mener contre les lycanthropes ! C'est immonde ! Vous voulez tuer tous ces animaux ! C'est quoi votre problème ? Vous voulez copier la « solution finale » ? Etes-vous fascistes à ce point ?

- Je ne te permets pas de comparer Moly à Hitler ! C'était un nazi qui tuait des êtres humains ! Les loups-garous ne sont pas des humains, ce sont de dangereux animaux !

Angeni n'arrivait pas à décrocher son regard du capitaine Svensson. Elle ne pouvait pas accepter qu'il puisse penser cela des lycanthropes.

- Et pour les nazis, ceux qu'ils tuaient n'étaient pas des hommes, mais des sous-hommes ! Comme mon peuple qui a été décimé, car il n'avait pas la même couleur ! Depuis le peu de temps que je travaille avec les loups-garous, j'ai observé qu'ils ont une façon de communiquer entre eux par le regard, qu'ils comprennent ce qu'on leur dit et qu'ils sont beaucoup plus calmes depuis que j'ai fait changer leurs cages ! Je vais repartir, mais nous aurons une sérieuse discussion durant le trajet, tu peux me croire !

Elle sortit, agacée, mais espérait pouvoir argumenter et faire changer d'avis Nathanaël avant que les lycanthropes ne soient tués. Elle devait trouver un moyen de le faire devenir « humain » et se dirigea vers sa chambre dans le but de préparer ses affaires. Tout en mettant dans son sac des habits en vrac, elle s'énervait toute seule sur la situation dans laquelle elle s'était mise. « Je n'aurais jamais dû accepter ce travail... Si seulement cette grognasse ne m'avait pas trompée... », ragea-t-elle intérieurement. « Oui, mais maintenant que tu es là, tu dois faire quelque chose pour ces animaux ! ». Elle avait l'impression que sa conscience s'amusait avec elle et jeta son dernier top avec rage sur son lit, avant de s'y poser, prenant sa tête entre ses mains. Elle leva les yeux vers son miroir et soupira devant son reflet. Si elle voulait encore pouvoir se regarder dans une glace, elle devait éviter cette éradication. Et, malheureusement, elle savait que le temps ne jouait pas en sa faveur.

Le lendemain de l'arrivée du loup, le Shéker était installé dans son bureau et réfléchissait aux informations transmises par celui qui semblait être Frobo. Si ce qu'il disait était vrai, le laboratoire humain se trouvait dans la même forêt que leur complexe et leur centre de recherches. Cela représentait un danger, mais également une chance pour eux. Cependant, le vieux loup doutait de la véracité de ce que disait l'inconnu. Il hésitait encore à envoyer la majorité de ses tueurs sur place. Si jamais « Frobo » leur avait menti, il ne voulait pas voir une partie de ses meilleures armes risquer leur vie. Et, dans tous les cas, jamais la centaine de tueurs n'avait quitté le complexe en même temps. Tout au plus, il avait déjà envoyé en mission une vingtaine d'entre eux dans le même laps de temps, mais il aimait savoir que la plus grande majorité se trouvait entre le complexe et le centre de recherches. En cas d'attaque humaine, ces loups surentraînés représentaient leur meilleure défense, avec les gardiens, et permettraient à la plus grande partie de la meute de pouvoir quitter saine et sauve les lieux.

En relisant une nouvelle fois ses notes, prises au cours de l'interrogatoire, il eut soudain une idée, et demanda tout de suite à un de ses gardiens de faire venir son fils, Maro et Kéra. Il avait trouvé comment résoudre son problème. Et son plan était parfait.