Dans l'Ombre de la Lune

Chapitre XI : Trahison / Partie 4

Une fois sortis de la douche, Nathanaël et Angeni avaient rejoint leur bureau aménagé et avaient commencé à manger ce qu'ils avaient apporté. Le repas était silencieux, et le capitaine Svensson ne se lassait pas de regarder sa nouvelle conquête, dont les ébats, bien qu'incomplets, avaient été fort sympathiques. Vêtu simplement d'un T-shirt moulant et de son pantalon, il gonflait les pectoraux dans le but de charmer davantage la jeune femme.

De son côté, Angeni était soulagée de ne pas avoir été plus loin que quelques préliminaires sur le capitaine Svensson. Le sexe masculin la rebutait toujours autant, mais sa conscience et son envie d'aider les lycanthropes avaient été les plus fortes. Tous les héros se devaient de faire des sacrifices, selon elle, et elle se considérait comme la future héroïne de la liberté des loups-garous. Après avoir passé quelques jours au contact de ces animaux et, surtout, des autres chercheurs, tellement racistes contre ses bêtes, elle était énervée. Si au départ elle voulait juste permettre aux lycanthropes d'avoir un meilleur traitement au sein du laboratoire, elle avait changé d'avis et décidait à présent de leur rendre leur liberté. Les libérer de ce piège serait la première de ses actions. Et le beeper volé à son supérieur lui serait d'une grande utilité. Son estomac se noua un instant en pensant à l'ustensile. Elle espéra que Nathanaël n'allait pas se rendre compte de cette disparition, et que les loups-garous n'allaient pas tarder à arriver, ne voulant pas subir, une nouvelle fois, les assauts de l'homme qui la dévisageait, sourire aux lèvres.

- C'est ici, derrière la colline, chuchota Alpha à la jeune louve.

Après une quinzaine d'heures de marche, presque sans pause, exceptées pour les besoins naturels, ils étaient enfin à proximité de l'entrée du faux laboratoire. Le jeune loup avait eu du mal à suivre le rythme effréné de sa sœur, habituée à marcher ou courir durant de longues distances, tandis que lui était le plus souvent cantonné à sa chambre. Son souffle était court, saccadé, et il avait besoin de faire une pause avant que ses poumons ne refusent à nouveau de se contracter.

- On peut s'arrêter un peu, avant d'y aller ?, parvint-il à articuler.

- Tu es vraiment une petite nature... D'accord, on va redescendre un peu pour être à l'abri, en profiter pour boire, manger, et se reposer un peu en attendant la tombée de la nuit. Ce sera plus simple pour nous d'attaquer.

Kéra montra la direction et repartit en marchant à son rythme soutenu. Une fois arrivés en bas, les deux loups se glissèrent au milieu d'un talus et elle sortit de son sac de l'eau et de la viande séchée, qu'elle tendit à son frère. L'en-cas apaisa leur faim et leur permit de reprendre des forces avant d'attaquer le laboratoire. Après avoir regardé, le ciel, la jeune louve décréta :

- Dans quatre heures, le soleil sera couché. Dans quatre heures, nous passons à l'action. Dors, tu vas en avoir besoin.

Elle se mit sur le côté, ses yeux tournés vers son frère pour continuer de le surveiller. Comme leurs cousins chats, les loups étaient capables de dormir sur une oreille, et elle se devait de continuer à veiller, tout en se reposant. Ses paupières se fermèrent et elle se laissa envahir par la torpeur de la fin de journée.

Alpha regarda sa sœur s'endormir et hésita un instant à fuir à ce moment-là. Cependant, il avait constaté qu'elle se réveillerait au moindre mouvement ou bruit de sa part et il se retrouverait coincé. Il devait absolument faire en sorte de ne pas entrer dans le faux laboratoire et risquer de se faire tuer en même temps qu'elle. Même s'il n'avait pas complètement rempli sa mission, ce n'était pas de sa faute si les loups s'étaient méfiés, et son maître s'en rendrait certainement compte. Une seule solution lui vint à l'esprit : il devait feindre d'être malade. Kéra ne prendrait pas le risque de trainer un loup malade avec elle et le laisserait de côté, affrontant seule son morbide destin.