Dans l'Ombre de la Lune

Chapitre V : Découverte / Partie 5

- C'est ici, chuchota le jeune loup.

Kéra ne répondit pas et se contenta de scruter la partie légèrement déboisée qu'il lui montrait. Ils avaient laissé leur voiture quelques kilomètres plus loin et avaient couru jusqu'au lieu indiqué par leur otage. La jeune louve remarqua immédiatement un militaire devant ce qui ressemblait à une maison forestière, qui cachait probablement l'entrée du laboratoire.

- Il est seul, c'est bon, murmura Lorou.

La jeune louve leva les yeux au ciel. « Pourquoi a-t-il fallu que l'on me colle cet imbécile dans les pattes ? », ragea-t-elle intérieurement.

- Ils ne sont jamais seuls. Il y en a forcément un de caché quelque part.

Elle scruta les environs à la recherche du deuxième soldat, dont elle entendit le pouls non loin, à quelques mètres devant eux. Elle jeta un œil vers Lorou, lui indiquant de ne pas bouger, et regarda l'humain rejoindre son collègue. Il était temps pour elle de faire son travail.

D'un pas léger, presque aérien, elle contourna ses deux proies et se cacha non loin d'eux, prête à bondir. Lorsqu'elle vit les deux hommes commencer à discuter entre eux, elle prit une profonde inspiration, dégaina son poignard et s'élança vers eux. Avant qu'ils n'aient eu le temps de viser, elle avait déjà enfoncé son arme dans le ventre du premier, touchant avec précision ses intestins. Quant au deuxième, ses canines déployées lui tranchèrent la gorge. Regardant avec dédain les deux soldats, elle les acheva avant qu'ils n'aient eu le temps de prononcer un son et les faire repérer.

Elle entendit son acolyte la rejoindre et l'observa porter un des deux soldats, en entrant dans la cabane. Tout d'abord surprise, elle fut soulagée de comprendre que Lorou ne lui serait pas aussi inutile qu'elle ne l'avait pensé. Il utilisait les yeux et la main droite du mort pour ouvrir une porte blindée, comme avait dû le leur avouer leur prisonnier. Lorsque la porte glissa sans un seul bruit, elle céda la place à un ascenseur, confortant l'idée de la jeune louve que le laboratoire humain était en sous-sol, comme le leur. La descente fut de courte durée, mais le tableau indiquait le seizième étage et les deux loups pénétrèrent dans l'enceinte du centre abandonné grâce à leur proie. Un long couloir se présentait à eux, et ils le suivirent sans un mot, le mort toujours sur l'épaule de Lorou, et le poignard ensanglanté dans la main gauche de Kéra.

- Là, indiqua le jeune loup.

Il montrait des yeux une porte, qu'il ouvrit aussitôt. Après avoir déposé le mort dans un coin, il se précipita vers quelques papiers qu'ils restaient encore dispersés, tandis que la jeune louve montait la garde. N'entendant rien, Kéra observa la salle dans laquelle ils se trouvaient en soupirant. Il ne restait plus rien, et elle était énervée que le Shéker ne l'ait pas écoutée et n'ait pas décidé d'interroger leur prisonnier le jour-même où elle l'avait ramené. Certes, il aurait été moins manipulable, mais les autres humains n'auraient peut-être pas eu le temps de tout détruire. Sur les paillasses du laboratoire, il ne restait plus rien, ni ordinateurs, ni machines, ni microscopes... rien.

- On devrait peut-être continuer rapidement notre visite, grogna-t-elle.

D'expérience, elle savait que la rapidité était le maître mot de ce type de mission, et elle commençait à craindre la lenteur typique du scientifique de son acolyte. Il hocha la tête, plaça les quelques papiers dans son sac et reprit le mort sur l'épaule avant de sortir de la pièce.

Après d'autres salles vides rencontrées, la jeune louve commençait sérieusement à perdre patience et à s'agacer de la situation.

- Nous allons continuer à fouiller, décréta Lorou.

- Pourquoi faire ? Ne vois-tu pas qu'ils ont tout emporté !

- Ecoute, je suis ton supérieur, je décide !

- Si tu veux nous faire prendre et mourir, grand bien te fasse !

Le jeune loup décida de ne pas relever la remarque et de continuer leur exploration, sa promise, poignard à la main, sur ses talons. Il s'arrêta devant une immense porte à laquelle, malheureusement, le mort ne semblait pas avoir accès lorsqu'il était en vie. Avant d'avoir eu le temps de faire quoique ce soit, il vit Kéra enfoncer son poignard dans le système de sécurité, qu'elle venait de démonter, et l'ouverture s'actionner.