Chapitre XV : Rapprochements / Partie 3

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Après un bain de trois-quarts d'heures, Angeni, totalement détendue, avait pris le temps de sécher ses longs cheveux noirs et s'était rendue dans la pièce qui leur servait de dortoir. Elle était contente de cet emprisonnement forcé car elle sentait chez son supérieur que le fait de discuter avec Kéra commençait à lui ouvrir les yeux sur les loups et ce que le projet Moly leur faisait subir.

Ravie, calme et en pleine forme, elle ne s'attendait pas à la scène qu'elle vit lorsqu'elle ouvrit la porte de la pièce.

- Nathanaël... Tu ne peux pas t'en empêcher ? Kéra... Pourquoi ne te détaches-tu pas de lui ?

La louve regarda la jeune femme, intriguée, ne comprenant pas toutes ses allusions. Elle ne voyait pas le mal qu'il y avait à tester un accouplement avec un humain.

- Où est le problème ?, demanda-t-elle.

- Mais enfin, je suis dans la même pièce que vous ! Et... Nathanaël est un coureur de jupons !

- Ça veut dire quoi ?

- Qu'il couche avec beaucoup de femmes !

- Comme toi, non ?

Angeni lança un regard noir à son supérieur, agacée qu'il ait expliqué son homosexualité à Kéra.

- Angeni, ce n'est pas un secret que tu aimes les femmes... J'ai bien compris, après coup, que ce qui s'est passé entre nous dans la douche n'avait eu lieu que pour que tu récupères mon beeper.

- S'il-te-plait, Kéra, détache-toi de lui, ça me gêne énormément...

- Je ne comprends pas pourquoi...

- Mais enfin, on ne couche pas devant tout le monde ! Et là... certes vous ne couchez pas mais... vu votre baiser, vous n'étiez pas loin...

- Et pourquoi ça ?, demanda la louve, étonnée.

- Kéra, quand on embrasse quelqu'un comme ça, c'est pour aller plus loin !, expliqua la jeune femme, médusée.

- Ça, je le sais, ce que je ne comprends pas c'est pourquoi pas devant quelqu'un ? Chez nous, l'accouplement se fait alors que nous sommes en groupe, seuls les plus jeunes sont interdits d'être présents... Pourquoi se cacher ? C'est rapide en plus !

Angeni et Nathanaël s'échangèrent un regard surpris. L'explication des coïts humains allait décidément être très longue.



Lorou poussa un soupir de soulagement en étudiant au microscope le sperme de son premier cobaye mâle. Il ne décelait aucun spermatozoïde, alors que lorsqu'il avait examiné ce liquide trois semaines auparavant, les gamètes de l'homme étaient nombreuses et bien formées. Il continua à rédiger son rapport, avant de passer à l'analyse, plus complexe, des corps des trois femmes qui avaient été les premières à tester son virus. Il les avait attachées sur des tables de gynécologie et les regarda gesticuler en criant lorsqu'il s'approcha.

- Shaga, resserre les liens de ces trois femelles !, ordonna-t-il à un des scientifiques. Elles ne doivent absolument pas pouvoir bouger pendant l'opération !

- Pitié ! Ne me violez pas !

Le jeune loup dévisagea celle qui venait d'hurler en voyant Shaga venir vers elle. Une jeune femelle d'une quinzaine d'année, à priori plus inquiète pour sa virginité que pour ses ovaires, ce qui le fit sourire.

- Nous ne prenons pas les femelles des autres, rétorqua Lorou. Ce sont les humains qui sont infidèles, non les loups. De plus, tu ne m'intéresses pas !

Alors que la jeune fille continuait de gémir, il s'installa sur son siège, face à ses parties génitales, et y introduit une caméra, provoquant la rupture de son hymen et l'écoulement de sang sur la serviette qui recouvrait la table. « J'ai bien fait de mettre ça, au moins, la table restera propre », pensa-t-il aussitôt. Une fois la caméra arrivée à destination, il inséra une seringue dans le but de récupérer les ovocytes. Après un premier essai infructueux, qui pouvait être assimilé à une « ponction blanche », il fit refaire trois fois le test à un autre scientifique, tandis qu'il chapeautait cette même opération sur les deux autres humaines. Lorsqu'il analysa les douze ponctions, quatre par cobayes, un sourire se dessina sur ses lèvres, dévoilant ses crocs. Il avait réussi là où aucun loup n'avait eu l'idée de ce virus. Il gratta les pages de rapport.

Une fois son bilan finalisé, il pourrait se rendre dans les appartements de son père et lui dévoiler l'ampleur de leur arme virale. 

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant