Chapitre XXII : Trop tard ? / Partie 2

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- Lorou, le Shéker m'envoie te chercher, ainsi que les tueurs, informa Maro, qui venait d'arriver.

Le jeune loup tourna la tête vers le scientifique, agacé. Il était hors de question qu'il quitte la Floride sans avoir retrouvé sa promise, qui lui échappait depuis déjà trop longtemps. Il cria presque :

- Je ne partirai pas tant que je ne l'aurai pas trouvée !

Le Phaïr s'était attendu à cette remarque, et rétorqua aussitôt, ne laissant aucun blanc dans leur conversation :

- Tu n'as pas le choix. C'est devenu trop dangereux de rester ici. Le Shéker veut que toute la meute soit en sécurité. Il t'a laissé deux semaines, tu ne peux en demander davantage... Il a exigé que tu reviennes, ta place est à ses côtés !

Lorou baissa les yeux vers son interlocuteur et acquiesça, pour la plus grande joie des tueurs, qui ne voulaient que rentrer auprès de leur moitié. Avant de monter dans le véhicule qui l'attendait, il jeta un œil aux soldats qui s'engouffraient dans le camion, trop heureux de retourner sur l'île. Il était agacé, il avait vraiment l'impression qu'il venait de perdre sa promise et qu'elle préparait quelque chose dans leur dos. De plus, elle attendait peut-être des louveteaux de lui, et savoir sa progéniture tant attendue loin de lui ne lui plaisait absolument pas.

Il pénétra dans la voiture, laissant Maro conduire, et réfléchissant à la manière dont il parviendrait à retrouver Kéra.



- Cela fera bientôt trois mois que nous cherchons un antidote, et nous n'arrivons à rien, soupira Angeni.

- Ne perds pas espoir, si les miens ont pu créer ce virus, vous pouvez trouver un remède. N'êtes-vous pas les scientifiques les plus éminents de votre génération ?

- Si, Shasha. Mais... ce n'est pas si simple. Tout ce que nous avons vu sur les ovules d'Angeni ou sur mes spermatozoïdes n'est qu'une élimination pure et simple par le virus...

Kéra regarda l'homme avec tristesse. Elle avait tout fait pour que ce moment arrive, à une époque et, aujourd'hui, elle était désespérée de voir que l'espèce humaine risquait d'être rayée à jamais de la surface de la Terre.

- Ne t'inquiète pas, Shasha, je ferai tout pour trouver un antidote et permettre à nos louveteaux de vivre dans un monde où les deux espèces dont ils seront issus soient encore là.

- J'espère que tu as raison, Naël. J'espère.

Elle se serra contre lui et tous deux sentirent un pied bouger dans le ventre de la jeune louve. Si le virus n'avait pas dévasté les humains, qu'elle n'avait pas été recherchée par les siens pour insubordination, que celui qu'elle aimait et son amie n'étaient pas sous le joug d'une désertion, qu'ils n'avaient pas été tous les trois enfermés dans un bunker à quelques dizaines de mètres, elle aurait été heureuse de cette situation. Mais là, elle craignait pour la vie de Nathanaël, et elle ferait tout pour que celui qu'elle aimait vive, même si elle devait retrouver les loups pour les forcer à faire un antidote. Elle avait toujours voulu contrer les lois, elle n'avait jamais voulu appartenir à Lorou, ses parents et Faroh lui avaient appris à être fière, indépendante, et que tous les humains n'étaient pas mauvais.

Ils avaient eu raison, certains étaient bons. Et elle, elle était une battante. 

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant