Dans l'Ombre de la Lune

Chapitre VI : Décision / Partie 2

Le Shéker avait fait demander Maro et l'attendait dans ses appartements. Tout devait être prêt pour le retour de son fils, et leur département de recherches avait des logiciels prévus pour recomposer automatiquement des feuilles déchiquetées. Le Phaïr, en tant que directeur des recherches, possédait une de ses machines, et il devait être prêt à décrypter au plus vite toutes les informations récupérées dans le laboratoire de Moly.

Lorsque Maro arriva, le Shéker l'accompagna jusqu'à ses appartements pour vérifier la fiabilité de la machine.

- Tout sera prêt dans deux heures, lorsque votre fils arrivera. Mes deux meilleurs opérateurs ont été rappelés du centre de recherches.

- Ces documents sont prioritaires, Maro !

- Bien sûr, Shéker. Et ils seront traités dès que nous les aurons en notre possession.

- Bien. Une dernière chose : les salles de tortures du complexe sont-elles fonctionnelles ?

Le Phaïr fronça ses sourcils gris, mais répondit à la question :

- Je vais les faire vérifier, si vous le souhaitez.

- Oui. Nous allons en avoir besoin très rapidement...

Sur ce, le Shéker laissa Maro et retourna à ses appartements. Ce soir, il comptait bien découvrir les avancées des humains, et rendre la promise de son fils plus disciplinée.

Lorou gara la voiture sur le parking du centre de recherches et en descendit en soufflant. Comme il s'en était douté, Kéra n'avait pas desserré les crocs de tout le trajet, et il était soulagé d'être presque arrivé. La journée n'était pas finie, et l'activité était encore très présente dans le centre. Ses oreilles de loup lui apportaient des sons de ses congénères travaillant dans l'entrée, qui faisait que le centre de recherche ressemblait juste à une usine basique.

Au rez-de-chaussée du bâtiment, une quarantaine de loups étaient dispersés entre un accueil chaleureux, où des fleurs fraiches chatouillaient les narines des visiteurs et quelques bureaux, à gauche, aux portes en partie vitrées, dans lesquels ils travaillaient sur des ordinateurs, hologrammes devant les yeux pour passer des commandes. A la droite de l'accueil se trouvait une immense salle fermée où une soixantaine de loups cousaient toute la journée des vêtements à la mode humaine qui, ensuite, étaient stockés dans un entrepôt adjacent, pour être revendus. Par chance pour eux, les humains raffolaient des habits faits main, et cette activité était très lucrative, d'autant que les loups s'arrangeaient pour créer des modèles en matières nobles, telle que la soie, le lin ou encore le velours.

En pénétrant dans l'entrée, au fond, se trouvaient les toilettes des visiteurs, très confortables, et ceux des employés, à côté du placard dans lequel ceux qui faisaient le ménage rangeaient leurs affaires. Placard qui donnait sur un ascenseur et permettait d'accéder au sous-sol, à plus de cinq mètres sous terre, dans lequel le vrai travail des loups scientifiques était présent. Fini les grandes fenêtres éblouissantes de clarté, les fleurs à l'odeur embaumantes, le bruit des machines à coudre et les stylistes dessinant leur nouvelle création. Ici, tout était en béton, les loups travaillaient avec des masques, des microscopes, des machines élaborées. Deux étages encore en dessous, accessibles par un autre ascenseur, se trouvaient les cages dans lesquels les loups enfermaient leurs victimes humaines, qui étaient gardées et filmées afin de connaître le moindre changement de comportement, physique... par rapport aux traitements assignés.

En général, Lorou passait tous les jours au centre de recherches mais, cette fois, il décida de rentrer directement au complexe. Courant à travers les bois, il vit soudain Kéra le dépasser avec aisance, bien plus habituée que lui, par son travail, à l'endurance et la vitesse. Lorsqu'il arriva enfin, elle ne semblait pas essoufflée, et paraissait l'attendre depuis quelques temps. Il lança un regard noir aux deux gardes, qui se gardèrent bien de faire une réflexion au futur Shéker. Une fois entrés dans le complexe, les deux jeunes loups prirent la direction des appartements du père de Lorou.