Chapitre V : Découverte / Partie 3

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La jeune louve s'endormit aussitôt après que son acolyte ait enfin sombré dans les bras de Morphée. Elle avait eu du mal à se contenir tandis qu'il la dévisageait, pensant qu'elle était déjà assoupie. Mais, son métier de tueuse lui avait appris à ne jamais dormir tant que de potentielles menaces étaient encore éveillées. Elle pouvait enfin souffler pendant quelques heures, malgré ses oreilles en alerte, et son corps prêt à bondir au moindre bruit suspect. Cependant, à peine avait-elle fermé les yeux que l'image de Faroh lui vint en tête, provoquant chez elle à la fois un bonheur sans nom et un mal au cœur à la vue de celui qui lui manquait depuis si longtemps.


- Les humains ne sont pas tous méchants, ma petite Kéra.

- Alors, pourquoi ils ont emmené papa, maman et Frobo ?

- Parce qu'ils ne sont pas tous gentils.

- Et comment je vais reconnaître les gentils humains, des méchants ?

- Je serai toujours là pour te protéger, ma petite Kéra. Tu n'auras plus jamais à t'inquiéter.

Les bras de Faroh se refermèrent sur la petite louve, encore traumatisée de l'enlèvement de ses parents, six mois plus tôt. Elle étouffa un sanglot et il lui caressa doucement les cheveux, la berçant doucement.


- Tu m'as menti. Tu n'es plus là...

Lorou ouvrit les yeux, se demandant ce que pouvait bien lui reprocher Kéra. Mais, au lieu de cela, il la découvrit parlant dans son sommeil. Il décida donc de l'écouter à son insu, pensant qu'il pourrait apprendre peut-être des secrets qu'elle lui aurait cachés.

- Tu avais dit que certains humains étaient gentils.

Le jeune loup retint son souffle ; il n'avait jamais dormi près de Kéra, et il espérait pouvoir en apprendre plus sur elle. Il comprenait soudain mieux pourquoi elle avait toujours refusé de dormir avec quelqu'un. Sans doute était-elle au courant de sa somniloquie et voulait préserver tous ses secrets. Et, aujourd'hui, une partie d'elle était à sa portée.

Tout en l'écoutant parler d'humains qui auraient pu être non-agressifs et de potentiels mensonges, il se demandait bien qui pouvait être ce « tu » auquel la jeune louve parlait dans son rêve. Son père lui avait appris tout ce qu'il savait de la famille de Kéra. Une famille de loups bien particuliers, persuadés, à tort, que, parmi les Hommes qui les entouraient, certains étaient bons et prêts à accepter l'existence de leur espèce. Un groupe de loups pervertis à la cause de l'ancien Phaïr d'Amérique du Nord, le puissant Faroh qui, fort heureusement, avait péri une dizaine d'années auparavant, cédant ainsi sa place à Maro, bien plus proche des idéaux et des avis du Shéker concernant les humains. Lorou savait également que la jeune louve avait été élevée durant une partie de son enfance et de son adolescence par ce fameux Faroh, dont il ne gardait personnellement que quelques vagues souvenirs d'un vieux loup à la fourrure noire et à la peau, lors de son apparence humaine, noire comme l'ébène.

- Ils t'ont tué...

Lorou observa davantage les traits de sa promise, dont le visage s'était légèrement déformé à cause de la douleur et l'inquiétude. Ses crocs s'étaient agrandis et, de son œil droit perlait un début de larme. Le jeune loup soupira, constatant que cela faisait déjà près de deux heures qu'il espionnait Kéra et que la fatigue commençait à le harceler de toute part. Résigné, il se reposa sur son oreiller et ferma les yeux pour se reposer.

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant