Chapitre XI : Trahison / Partie 1

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Au petit matin, Angeni retrouva Nathanaël en dehors du laboratoire et ils prirent tous les deux une voiture qui appartenait au projet Moly. Le capitaine avait demandé à conduire, et la jeune femme avait accepté, à la condition qu'elle puisse faire le chemin retour. Assise sur le siège passager, elle réfléchissait à la façon dont elle allait aborder le sujet des loups-garous avec lui. Elle ne voulait en aucun cas participer à un génocide, et prévoyait de l'en empêcher.

- Nous ne pouvons pas les assassiner, cela s'appelle un meurtre ! Nathanaël, s'il-te-plait, réfléchis un peu ! Ne connais-tu donc pas le sens du mot compassion ?

- Ce sont des animaux, Angeni, rien de plus ! Sauf que, à l'inverse d'un chaton ou d'un chien, ils n'ont aucun intérêt et aucune gentillesse !

- Tu travailles au projet Moly depuis combien de temps ? Dix ans ? Ne me dis pas que tu n'as jamais détecté la moindre trace de bonté en eux, alors que moi, j'en ai déjà vue !

- Ce sont eux qui ont tué la famille du major général ! Ce sont des monstres !

- D'accord ! Et comme ce sont des hommes blancs qui ont tué mon peuple, il y a des centaines d'années, alors je devrais te tuer par vendetta !

La remarque du lieutenant West surprit l'homme. Il n'avait jamais pensé à ce genre d'argument mais ne voulait plus risquer de s'attacher à un quelconque lycanthrope. Il avait mis plusieurs années à se persuader que ces bêtes ne valaient rien, ce n'était pas une nouvelle qui allait changer sa façon de penser. Il avait trop travaillé sur lui-même et ses principes pour permettre à quiconque de venir lui dire ce qui était bien ou mal. La jeune femme venait juste d'arriver, elle était comme lui lors de son entrée dans le projet Moly, persuadée de connaître la vérité, soucieuse de faire le bien autour d'elle. Mais, comme lui, elle allait changer d'avis au contact de ces monstres sanguinaires, et surtout de la lecture et la vue des exactions que perpétraient ces bêtes dans le monde.

- C'est différent, Angeni. Les hommes ont de l'importance à mes yeux, quelles que soient leurs couleurs, leurs religions, leurs sexualités. Mais ça, ce ne sont que des bêtes !

- Je suis certaine que passer quelques temps avec une de ces « bêtes », comme tu dis, pourrait te faire du bien !

Le lieutenant West se posa contre son siège, regardant le paysage défiler devant elle. Avec ou sans l'aide de son supérieur, elle ne laisserait pas les loups-garous se faire exterminer.



Kéra prépara ses affaires pour se rendre, dès le lendemain, dans la direction du laboratoire humain. Elle était stressée comme jamais elle ne l'avait ressenti pour une autre mission. Si le laboratoire n'existait pas, ou qu'à la place il se trouvait un piège, Frobo aurait menti et elle se trouverait probablement enfermée ou tuée. Au contraire, si le laboratoire existait réellement, Kéra n'aurait que très peu de temps pour faire demi-tour et contacter par téléphone les autres loups pour qu'ils viennent l'aider. Le Shéker et Lorou lui avaient donné un cellulaire et entré le numéro d'urgence où elle pourrait les joindre, tous deux ayant prévu de s'alterner pour veiller. Jamais ils ne faisaient personnellement cela en temps habituel mais, cette fois, l'enjeu était de taille et ils souhaitaient tous les deux être tenus au courant du moindre problème que rencontrerait la jeune louve.

Elle attrapa son sac à dos, y mit quelques vivres et de l'eau, un pantalon de rechange, ainsi qu'un haut moulant, plus pratique aux combats au corps à corps. A côté, elle posa son poignard et la sangle qui lui permettait de l'attacher à sa cuisse.

Avant de s'habiller, elle décida de prendre une bonne douche, la dernière surement avant quelques temps, ce qui n'était pas pour lui plaire. S'il y avait bien quelque chose qu'elle détestait par-dessus tout, venant d'elle, c'était la crasse et les mauvaises odeurs. Elle les avait trop ressentis lors de son emprisonnement par les humains, et cela lui était désormais insupportable. Après avoir massé chacun de ses membres, elle se sécha vivement et s'habilla. La journée allait être très longue et elle devait d'abord s'entretenir avec Frobo.



Angeni était stupéfaite. La réplique du laboratoire était extrêmement bien réalisée, à un tel point qu'elle-même aurait pu s'y tromper. Les hologrammes et les sons que Nathanaël avait mis en place donnaient une impression de vie, et nul doute que les lycanthropes seraient bernés par cette tromperie.

Avec le capitaine Svensson, ils décidèrent de veiller ensemble dans un bureau proche de la sortie. Le plan de Nathanaël était simple, une fois les loups-garous entrés dans le laboratoire, ils prendraient l'ascenseur, mettraient en marche la fermeture automatique et laisseraient les animaux mourir de soif et de faim. Il n'y avait aucune vivre, mis-à-part celles qu'ils avaient amenées, et l'eau serait coupée depuis l'extérieur. N'ayant encore trouvé aucune solution chimique pour tuer ces animaux, le plus simple restait encore la soif.

Angeni n'était pas d'accord avec cette façon de procéder et avait bien l'intention de voler à son supérieur le mécanisme de fermeture du laboratoire. Il fallait juste qu'elle trouve comment, mais elle commençait à avoir sa petite idée...

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant