Chapitre XIX : Captive / Partie 1

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La sonnerie de l'alarme réveilla le capitaine Svensson alors même qu'il venait de s'endormir. Intrigué, il regarda en direction de son robot, qui lui indiqua qu'il était vingt-deux heures dix. Il hésita un instant à sortir de ses doux draps, mais décida tout de même de se rendre dans le couloir, après avoir enfilé un pantalon. Angeni s'y trouvait déjà et tous deux se dévisagèrent quelques instants, surpris par l'agitation qui régnait. Le capitaine Smith vint vers eux en courant et les sortit de leur torpeur.

- Nathanaël, bouge-toi ! Les caméras de surveillance ont fait état d'un loup-garou se rapprochant de notre base !

- Comment est-ce possible, mon capitaine ?, interrogea Angeni.

- Venez avec moi, tous les deux !, cria Karl en courant.

Le faux couple se regarda un instant, avec tous les deux une même idée : Kéra.

Lorsque les trois officiers pénétrèrent dans l'enceinte du bureau de contrôle des caméras de surveillance, Angeni masqua un cri de surprise, feignant la peur. Bien visible sur les écrans de sécurité, leur amie était en train d'égorger un des soldats de garde. Le capitaine Svensson se précipita en dehors de la pièce. Sur les vidéos internes, il venait de voir des dizaines de soldats du groupe Moly se regrouper pour attaquer celle qu'il aimait.



Kéra vit une cinquantaine de soldats humains sortir de la cabane forestière, arme à la main. Elle se doutait bien que pour arriver jusqu'à ses deux proches, elle allait devoir passer par leurs subalternes, auxquels elle ne pourrait pas parler. Les humains ne savaient pas que les loups étaient dotés de parole et ce serait trop risqué pour son peuple qu'elle les trahisse ainsi. De plus, si les soldats du groupe Moly ne la prenait pas pour un « loup-garou » ordinaire, il était fort probable qu'ils la placent à l'écart, trop loin de Nathanaël et Angeni.

Pour survivre et ne pas risquer sa vie, elle lâcha immédiatement son poignard et son sac, et se précipita genoux à terre. Elle sentit aussitôt des coups de pieds dans son dos et mit par réflexe ses bras autour de son ventre pour se protéger, se plaçant en position fœtale. La douleur se fit de moins en moins grande, elle était dense et diffuse. Elle connaissait ce syndrome, plus les coups devenaient nombreux et répétés, moins la douleur se faisait présente, car la jeune louve se sentait proche de l'évanouissement. Elle sentait ses forces s'affaiblir, et entendit quelques-uns de ses os craquer, notamment au niveau de ses orteils, lorsqu'elle entendit une voix connue crier :

- Arrêtez immédiatement ! Nous avons besoin de ce lycanthrope !

Avant de s'évanouir, elle vit la silhouette de Nathanaël se pencher vers elle pour la ligoter, son regard bleu, triste, plongé dans le sien.



- Allez me chercher l'Alpha immédiatement et amenez-le jusqu'à notre prisonnière !, hurla Stan à Karl et Nathanaël. Je dois savoir s'il reconnaît cet animal !

Tandis que tous les deux sortaient du bureau, le capitaine Smith murmura à son acolyte :

- Le major général est bien tendu pour un seul loup-garou. Si ça se trouve, cette bête immonde est arrivée jusqu'à nous par hasard...

- Oui, c'est fort probable, même... Je vais chercher l'Alpha, d'accord ? Toi, peux-tu demander au lieutenant West de nous rejoindre ?

- Sans problème, mec ! Content de voir que tu as réussi à conclure avec elle. J'ai moi-même une nana bien croustillante, il faudra que je te la présente !

Après un clin d'œil, Nathanaël vit son collègue s'éloigner de lui et se précipita pour rejoindre la chambre dans laquelle se trouvaient Alpha et Omega.

- Alpha, ton maître requiert ta présence !, ordonna-t-il.

- Bien, maître.

Le loup, obéissant, se leva et se dirigea vers la porte, mais le capitaine Svensson le coinça et lui murmura :

- On va te demander de reconnaître une bête de ton espèce. Si tu dis quoi que ce soit confirmant que cet animal est celui qui a pénétré dans le faux laboratoire de Floride, je te tue. Est-ce clair ? Nous n'avons pas réussi à l'éliminer et avons fait croire à nos supérieurs qu'elle était morte, pour nous éviter des sanctions. Alors, tu te tais !

Alpha regarda l'homme et acquiesça. Si un de ses maîtres voulait qu'il mente, alors c'est ce qu'il ferait mais, il avait la nette impression qu'il allait devoir faire face à celle qui pensait être sa sœur. 

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant