Chapitre XII : Courage / Partie 1

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Kéra avançait prudemment dans le laboratoire qui semblait désert. Elle avait très vite analysé que les bruits qu'elle entendait et les « personnes » qu'elle voyait n'étaient en réalité que des hologrammes. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait ; soit les humains avaient déjà vidé les lieux, soit ce lieu était un piège. Et elle commençait à avoir un très mauvais pressentiment sur la suite des opérations. Ses pas se faisaient plus lents au fur et à mesure de son avancée, elle tenait son poignard à la main gauche, et ses crocs s'étaient allongés pour pouvoir parer à toute éventuelle attaque. Elle commençait sérieusement à douter du bien-fondé des informations transmises par son frère. Le laboratoire était vide et ne semblait pas avoir déjà été utilisé. L'odeur était comme aseptisée, alors qu'en Caroline du Nord, son odorat avait tout de suite détecté les produits nettoyants, le sang et l'urine, là, elle ne sentait rien... mis à part deux humains. A cette constatation, elle se retourna et se dirigea dans le couloir qu'elle avait déjà traversé. Les soldats étaient dans la première partie du laboratoire, elle le savait et comptait bien effectuer son travail de tueuse en les interrogeant avant de les assassiner. Elle était énervée d'avoir été ainsi piégée et ne voulait pas retourner au complexe avant d'avoir des informations ou des prisonniers. Elle avait déjà été humiliée par la marque que lui avaient faite le Shéker et Lorou, elle n'allait pas, en plus, revenir bredouille de sa mission.



- Il n'y a qu'un seul loup-garou, analysa Nathanaël. Ce n'est pas normal... Qu'est-ce qu'il s'est donc passé ? Cela fait presque quinze minutes que cette bête est entrée et elle est toujours seule...

- Ils ne sont peut-être pas aussi stupides que vous le pensez ! Ils ont senti le piège et n'ont envoyé qu'un seul d'entre eux en repérage !

- Il revient vers nous ! C'est le moment de fuir et de l'enfermer !

Nathanaël donna un coup dans la porte et sortit en courant, tenant fermement Angeni par la main gauche et la trainant vers l'ascenseur.

Le lieutenant West eut à peine le temps de se retourner pour apercevoir la jeune louve qui s'élançait derrière eux. Ça en était trop, elle ne voulait pas que l'animal ne meure. Avant que le capitaine Svensson n'ait pu appuyer sur le bouton de l'ascenseur pour le refermer, elle se dégagea de son emprise et sortit précipitamment. Elle avait l'espoir que si elle restait à l'intérieur, jamais l'homme ne l'enfermerait et ne risquerait sa vie.



Alors que les deux humains s'étaient engouffrés dans l'ascenseur, la jeune femme fit demi-tour et arriva presque dans les bras de Kéra. La jeune louve se saisit d'elle, tout en lançant son poignard en direction de l'homme, mais les portes se refermèrent avant. Elle referma davantage sa prise sur sa proie et ramassa son arme.

- Toi, humaine, tu vas rester avec moi !

Angeni ne put répondre aux paroles que venait de prononcer le lycanthrope. Non seulement elle parlait, mais en plus elle connaissait l'anglais et s'en servait de manière fluide. Alors, elle avait eu raison, les loups-garous n'étaient pas des animaux stupides, ils communiquaient, parlaient, comprenaient et étaient capables de formuler des ordres. Si celle-ci était plus ouverte d'esprit que les soldats qui l'entouraient, alors peut-être pourrait-elle discuter et présenter cette personne comme représentante de son espèce. Si l'existence des lycanthropes était révélée au grand jour, alors des pacifistes prendraient leur défense, et le projet Moly serait obligé d'arrêter ses expériences inhumaines.

- Je ne veux pas que tu meures, murmura Angeni à la loup-garou, qui maintenait sa prise sur elle. Ils avaient pour but de vous entrainer dans un piège, c'est pour cela que je suis restée avec toi !


Nathanaël avait coupé l'ascenseur dans sa montée. Il n'avait pas eu le temps de réagir lorsqu'Angeni s'était dégagée de son emprise, et la jeune femme était à présent prisonnière avec le monstre. Il mit la main dans la poche de son pantalon et se rendit compte que son beeper avait disparu.

- Elle n'aurait pas osé...

Il ne savait que faire. Le lieutenant West avait volé son beeper, ne sachant pas qu'il existait un système de fermeture automatique dans le faux laboratoire et qu'elle ne pourrait pas réenclencher l'ascenseur. A partir du moment où celui-ci était déclenché en montée, ils ne disposaient que de cinq minutes pour quitter le lieu. Le dilemme dans lequel se trouvait l'homme était intenable : soit il laissait la jeune femme seule mourir avec le lycanthrope, soit il revenait vers elle et se retrouvait prisonnier également, obligé d'attendre pendant deux semaines que les membres du projet Moly ne viennent les chercher...

Dans l'Ombre de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant