Aaaaah la pauvreté!

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À cinq heure du matin le coq chanta. Vu qu'il n'avait pas les moyens de s'acheter ni téléphone, ni réveil, il était obligé de faire avec les moyens disponibles. Au bout du troisième chant il se leva; difficilement mais il se leva. Il avait très faim étant donné qu'il n'avait pas mangé la veille, comme bien souvent d'ailleurs.
Il prit l'initiative de fouiller dans ses poches, sans vraiment croire qu'il y trouverai quoique ce soit qui pourrait lui offrir un bon repas. Il fouilla dans toute ses poches; celles de ses vieux pantalons délavés, de ses chemises trouées et même dans les poches de la vieille veste de son père qu'il avait rapporté de Tchétchénie; pour dire qu'il était désespéré. Il ne trouva qu'un misérable dollar et 32 cents. Il n'en revenait pas; il avait quitté la Tchétchénie pour ça?! C'était inadmissible! Depuis qu'il avait fui la Tchétchénie et était arrivé aux États-Unis, il s'était installé dans l'Alabama. Il avait trouvé un job dans une vieille usine de fabrication de porte-clefs. Ils en fabriquaient de toute sortes. Mais les plus vendus était ceux en forme de tour Eiffel; les américains avait l'air de beaucoup apprécié Paris. Il n'était payé qu'un dollars de l'heure et travaillait dix-sept heures par jour. Voilà ce qui arrive quand tu ne possède pas la Green card; tu n'es pas censé travailler et donc les employeurs peuvent te payer comme ils le veulent sans que tu ne puisses te plaindre nul part. Le pays de la liberté vous dîtes ? N'importe quoi ! Après avoir réfléchi à ce qu'il pouvait bien s'acheter avec des miettes pareils, il décida d'aller travailler le ventre vide. Mieux valait faire des économies que de gaspiller son argent pour un repas qui à peine  te caresse l'estomac. Il porta ses vieilles chaussures, les même qu'il a depuis désormais près d'un an et dont les semelles étaient pratiquement finies. Il se mit en route, direction son lieu de travail. Sur la route, il rencontra madame Smith, qui comme tous les matins l'attendait pour l'aider à traverser la route. Elle ne voulait pas se faire aider par une autre personne, personne n'en connaissait vraiment les raisons. Comme tous les jours il fut ravi de lui faire traverser la voie. Un peu plus loin il salua monsieur Gerard d'un signe de la main, qui lui répondit chaleureusement de la même manière. Il n'était désormais plus très loin de l'usine, il avait déjà parcouru trois kilomètres. Mais il eu soudain l'impression de se sentir observé. Il se stoppa et regarda à gauche, puis à droite.

Charles -Est-ce qu'il y a quelqu'un?

Personne ne répondait. Il cru alors à une impression et se remit en route de plus belle. Arrivé sur son lieu de travail il croisa son collègue et son meilleur ami, Nolito.
Nolito était un expatrié espagnol qui avait perdu son père dans une fusillade de rue à l'âge de 15 ans.
Son père prenait sur lui toute les charges de la maison et sa mère était au chômage. Suite à cela sa mère et lui devinrent très pauvres; déjà qu'il n'était pas riche, les choses n'ont fait qu'empirer, raison pour laquelle ils ont fait le voyage jusqu'aux États-Unis, en espérant un meilleur train de vie que chez eux en Espagne. Il s'est d'ailleurs juré que peu importe qu'il soit riche ou non un jour, il obligera sa femme à travailler; ne sait-on jamais. Nolito vit son ami arriver déjà fatigué par la marche alors qu'il n'avait même pas commencé à travailler.

Nolito -Charles tu es encore en retard.

Charles -Je sais Nolito. Mais tu sais bien que ce n'est pas de ma faute si je n'ai pas d'argent pour m'acheter un réveille ou un téléphone. Tu crois que ça me fait plaisir de travailler une heure en moins? Nos heures de travail équivalent à nos salaires.

Nolito n'ajouta pas un mot de plus et recommença à travailler.
A la pause Nolito invita Charles à aller manger un hot dog ; mais vraiment ''un'' hot dog. Il le partagèrent en deux et engloutirent chacun une moitié. Le plus drôle c'est qu'ils avaient l'impression d'avoir bien mangé.
Aaah maudite pauvreté !
Ils retournèrent par la suite à l'usine pour achever leur journée de travail. A minuit pile l'alarme d'arrêt sonna et nos deux amis furent soulagés de pouvoir enfin rentrer chez eux avec quelques billets en poche. Monsieur Fitzgerald, le superviseur, descendit et fit les comptes avec le coordinateur, afin de pouvoir payer chaque travailleur en fonction de son nombre d'heures de travail. Quand le tour de Charles et Nolito arriva, Charles reçu quinze dollars et Nolito en reçu dix-sept. En effet Charles était arrivé à huit heure au lieu de six heure. Il a donc manqué deux heures de travail et perdu deux dollars. Il affichait une expression assez triste que Nolito remarqua rapidement.

Nolito -Tiens.

Nolito lui tendit un dollar. Immédiatement il refusa prétextant que c'était à la sueur de son front qu'il avait gagné cet argent et qu'il serait honteux pour lui de prendre ce billet.

Nolito -Écoutes, tu es mon seul ami, je sais que tu es présentement dans le besoin. Je t'en prie prends cet argent. Tu en as sûrement plus besoin que moi.

Charles -Je ne peux pas ! Tu ne travailles pas pour me nourrir dis moi ?

Nolito -Peut-être que non mais je tiens à prêter main forte à mon ami quand il a besoin de mon aide. Et puis si tu veux tu pourras me rembourser.

La dernière fois qu'il avait dit ça ils avaient eu à se disputer parce que Nolito refusait le remboursement.
Il savait bien que Nolito n'accepterait jamais qu'il le rembourse mais puisque ce dernier voulait se rendre utile, il accepta de prendre le dollar. Ils avaient maintenant seize dollars chacun. Ils sortirent de l'usine ensemble et ont cheminé un bon bout de temps, puis se séparèrent, chacun pour rentrer chez lui.
Sur la route Charles eu encore l'impression qu'on l'observait, mais cette fois il eut vraiment peur étant donné qu'il était presque deux heures du matin. Si c'était des agresseurs il n'aurait probablement pas la force de se défendre. À priori ce n'était personne, encore une impression.
Il regagna sa cabane de bois qu'il avait construite lui même comme le lui avait appris son père quand il était adolescent. Il fit sortir un sceau dans lequel il avait recueilli de l'eau de pluie, dans le cas où il n'aurait pas d'eau à boire en rentrant tard dans la nuit. Il bu dans ses mains, et chercha son paquet de cigarette. Il ne lui en restait qu'une. Demain il allait devoir aller en ville en acheter. Il fit sortir son briquet de sa poche et alluma sa ''fale''. Il se tenait debout à la fenêtre regardant le ciel. C'était la pleine lune. Il avait un mauvais pressentiment.

The Belial's echelon [en correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant