64. CONTACT

4.6K 270 5
                                    

Moi : Putain c'est lourd ! J'espère que tu vas la détruire cette prod, dis-je quand l'instru s'arrêta.

Mohammed : T'inquiètes même pas.

Il se leva pour éteindre la musique. Je parcourais le studio des yeux. Il y avait quelques pochettes d'album accrochées, notamment de rappeurs. Il y avait quelques instruments par ci par là, un grand canapé, sur lequel j'étais assis et qui donnait en face de la table d'enregistrement. Je faisais aussi face à une grande vitre qui nous séparait de la salle insonorisée dans laquelle il enregistrait sa voix.

Mohammed : T'as repris le taff toi ? demanda-t-il en s'avachissant sur la chaise du beatmaker.

Moi : Mouais, soupirai-je en levant les yeux au ciel, j'suis dans une vraie galère... J'voulais te demander un service...

Mohammed : Racontes tout à tonton, dit-il en se rapprochant de moi pour mieux m'écouter.

Je me mis à lui raconter l'histoire de notre dispute avec Tony, qu'il ponctuait souvent par des « putain », « oh le con », « qu'il nique sa mère ce fils de pute ».

Moi : Du coup, voilà comment j'me retrouve sans manager, déclarai-je en haussant les épaules.

Mohammed : La seule chose que j'retiens c'est que vous êtes vraiment ensemble, avec Kylian, dit-il en se frottant les mains.

Je ris avant de redevenir sérieuse.

Moi : Tu connais pas un manager, j'sais pas... n'importe qui ?

Il réfléchis un instant avant de fouiller dans son téléphone portable.

Mohammed : Comme tu m'fais vraiment pitié, j'vais te présenter LE meilleur mana du monde. Tu me laisse deux secondes ? J'vais l'appeler.

J'hochais de la tête en le regardant partir. Je me retrouvais seule dans la salle et pris mon portable dans ma poche arrière pour passer le temps. Quelques secondes plus tard, j'entendis la porte se réouvrir.

Moi : T'es déjà revenu ? Il répond pas ? demandai-je en levant la tête, oh désolé, je croyais que c'était Mohammed, m'excusai-je en voyant qu'il s'agissait en fait du beatmaker.

Il me sourit et s'assit sur sa chaise, un silence gênant s'installa.

Moi : J'ai écouté la prod', elle est vraiment ouf, dis-je pour lancer une discussion.

... : Merci, c'est gentil ! J'y ai mis toutes mes tripes, dit-il en se retournant vers moi.

Moi : Hmm, il devrait pas tarder, Mo'... il passe un coup de fil, expliquai-je sans avoir autre chose à dire.

... : Il m'avait pas dit qu'il avait une copine, déclara-t-il en plantant ses yeux dans les miens.

Moi : Euh... j'suis pas sa copine, ris-je nerveusement.

... : Ah désolé je savais pas, moi c'est Thomas.

Il s'avança pour me serrer la main, ce que je fis en grimaçant intérieurement. Le même prénom que mon ex... J'étais définitivement au summum de la gêne.

Thomas : Et donc t'as quel âge ? demanda-t-il, soudainement intéressé.

Moi : 19.

Dieu merci, Mohammed arriva dans le studio, tout souriant.

Mohammed : C'est bon, il est d'accord ! Euh par contre la il est en vacances, expliqua-t-il en se grattant le menton, il rentre dans une semaine.

Moi : C'est pas grave, j'vais me débrouiller en attendant, haussai-je les épaules.

J'étais soulagée, à la fois parce que j'avais peut-être trouvé un manager, et à la fois parce qu'il avait coupé court à ma discussion avec ce fameux Thomas.

Il me donna les coordonnées de mon potentiel futur manager. Je restai au studio quelques heures. Mohammed était devenu Sneazzy derrière le micro et j'étais comme à chaque fois impressionnée par son charisme. Certaines de ses punchlines me faisaient rire, du Mo' tout craché.

A la fin de la session, nous étions resté ensemble quelques minutes, à se raconter nos vacances, étalés par terre, sur la moquette comme de gros gamins.

Moi : D'ailleurs, ma mère avait ramené un album photo, y'avait pleins de photos de toi avec mon frère, vous étiez trop mignons !

Nous nous remémorâmes les bons vieux souvenirs puisque nous nous connaissions depuis une éternité étant donné qu'il était en fait un ami d'enfance d'Evan.

Je l'ai ensuite raccompagné chez lui, en lui promettant de le tenir au courant pour le manager.

Arrivée chez moi, j'ouvris enfin le papier qu'il m'avait donné. Il y avait écrit « Matthew » suivi d'un numéro de téléphone et d'une adresse e-mail.

Je composai son numéro avant d'appuyer sur la touche « appeler ». Quelques tonalités seulement après, il décrocha.

Matthew : Allô ?

CHAMPIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant