CHAMPION

78. FROID

... : Donc vous aurez le choix entre fraise et chocolat ou vanille et chocolat pour les desserts, me proposa l'organisateur.

Moi : D'accord, il faut que je vois avec mon fiancé et je vous tiens au courant.

Le quarantenaire semblait énervé à cause du simple fait que je n'arrivais pas à choisir entre des desserts fraise/chocolat ou chocolat/vanille... Je raccrochai en pestant et composai le numéro de Kylian, qui devait à cette heure-ci être sorti de son entraînement.

Cela faisait plusieurs moi que j'organisais notre cérémonie de mariage. Bien que présent dans les décisions importantes, il m'avait laissé choisir la plupart des décorations.

Il mit du temps à répondre et comme j'allai raccrocher, il décrocha enfin.

Kylian : Oui ?

Moi : Saluuut, dis-je enjouée d'entendre sa voix, t'es sorti de ton entraînement ?

Kylian : Ouais.

Moi : Super, j'étais au tel avec l'organisateur, il demande si on préfère fraise/chocolat ou vanille/chocolat pour les desserts, tu penses que c'est quoi le mieux ?

Je l'entendis soupirer à travers le combiné. J'arquai les sourcils, ne comprenant pas sa réaction.

Kylian : Comme tu veux.

Moi : Si je te demande c'est que je sais pas, Kylian... insistai-je.

Kylian : J'en sais rien moi, je t'ai déjà dit que je voulais que tu fasse ce qu'il te plaisait ! me lança-t-il.

Moi : Qu'est-ce que t'as ? T'es pas comme ça d'habitude... lui demandai-je, inquiète.

Kylian : Rien. Prends ce que tu veux, je m'en fous.

Moi : C'est ton mariage aussi, Kylian !

Bip. Ce fut la dernière chose que j'entendis avant de me rendre compte qu'il avait raccroché. Je massai mes tempes en essayant de comprendre pourquoi il agissait comme ça. Il ne m'avait jamais parlé aussi froidement. Je réfléchissais à ce que j'aurai bien pu faire pour le mettre dans cet état mais rien ne me vînt.

Mon téléphone sonna. C'était l'organisateur.

Moi : Putain, tu peux pas attendre toi ? pestai-je au bord de la crise de nerfs.

Je laissai sonner avant de me décider à répondre.

... : Vous avez choisi ? me demanda-t-il directement.

Moi : On va prendre la moitié de chaque, s'il vous plaît.

... : Et pour la forme des petits fours ? ajouta-t-il.

Je passai une vingtaine de minutes au téléphone avec l'organisateur pour planifier le buffet.

J'allai ensuite chercher un colis à La Poste censé contenir les cartons d'invitation que j'avais fait fabriquer, avant de revenir à la maison. Kylian devrait être rentré depuis quelques minutes alors je sonna à la porte d'entrée, pour éviter d'avoir à sortir mes clés, enfouies au fond de mon sac.

Pas de réponse. Je soupirai et me mit à la recherche de mes clefs. Je montai mes marches quatre à quatre et ouvrit la porte de notre appartement.

Je posai le colis sur le plan de travail et le cherchai du regard. Apparement il n'était toujours pas rentré et je commençais à m'inquiéter.

Je jetai un œil à mon portable, qu'un appel ni message de sa part. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. J'éteignais rageusement mon écran en reportant mon attention sur les cartons d'invitations.

Près de deux heures après, j'entendis la serrure bouger. Devinant qu'il s'agissait de Kylian, je ne pris même pas la peine de lever la tête et augmentai le volume de mes écouteurs.

Des lèvres vinrent se poser sur les tempes.

Kylian : Tu m'as manqué, réussi-je a discerner à travers ma musique.

Je ne bronchai pas et continuai d'écrire la liste définitive des invités.

Kylian : Ehoh, tu m'entends ? demanda-t-il en m'enlevant un écouteur.

Je tournai ma tête pour le voir et lui lançai un regard noir, rempli de reproches.

Kylian : Qu'est-ce que t'as ?

Moi : Rien, dis-je ironiquement.

Kylian : J'sais pas t'as l'air énervée... t'as mal dormi ? Y'avait des orages cette nuit woaah, affreux.

Il se releva et parti dans la cuisine se chercher un verre d'eau dans le plus grand des calmes.

Je le regardais, abasourdie par sa capacité à ne rien comprendre, ou du moins a vite oublier la raison de mon énervement.

Kylian : Tiens, dit-il en posant un verre d'oasis sur la table basse devant moi.

Il s'assit à côté de moi et pencha sa tête sur mon épaule pour voir ce que je faisais, en sirotant son grand verre d'eau fraîche, comme si de rien n'était. Sa réaction me faisait bouillonner de l'intérieur.

Moi : Tu fais exprès en fait ?!