CHAMPION

65. ISOLATION

Cela faisait maintenant deux jours que j'avais appelé Matthew. Nous avions discutés pendant une longue heure afin de se mettre d'accord et de voir si nous étions sur la même longueur d'onde. Il avait l'air simple et très amical. Il avait la trentaine et avait déjà beaucoup expérience puisqu'il avait travaillé avec de grands mannequins, mais aussi des stars de n'importe quels milieux.

Malheureusement, il était en vacances à l'étranger et ne revenait que dans deux jours. J'étais toujours autant en train de galérer avec mes rendez-vous en attendant. Je ne sortais pratiquement que pour faire mes courses où aller travailler. Mes rendez-vous s'enchaînaient puisque j'étais incapable de les organiser et je passais mon temps libre à trier mes e-mails.

Mon portable sonna pour la énorme fois, me faisant soupirer. Cette fois-ci, j'avais reçu un message de Kylian.

Kylian : Ce soir t'es libre ? Y'a un restau qui vient d'ouvrir près de chez moi il a l'air bien.

Je mis quelques minutes avant de répondre.

Moi : Désolé, pas ce soir, je suis sur un shooting... une autre fois ?

J'avais menti. Je me maudissais intérieurement puisque ça n'était pas du tout mon genre mais j'étais obligée. Je n'avais toujours pas dit à Kylian que je n'avais plus de manager et que je galérais seule depuis deux semaines maintenant. Je n'avais pas envie de l'embrouiller avec ces histoires. Je lui en parlerais peut-être quand tout sera réglé.

Sa réponse ne tarda pas une seconde.

Kylian : Encore ? Tu fais que taffer en ce moment, j'te vois plus...

Il me manquait énormément et j'avais vraiment envie de le voir, mais je ne pouvais pas me permettre de mettre ma vie professionnelle sur pause.

Cela faisait quatre jours qu'il avait fini sa semaine d'intégration et qu'il voulait qu'on se voit mais je lui sortais toujours des excuses.

Moi : Je sais... mais j'ai pas été là pendant trois semaines faut que je rattrape. On se verra bientôt.

J'avais encore menti... Enfin, pas vraiment cette fois-ci puisque j'avais vraiment besoin de me rattraper.

Au même moment, je reçu un message de Presnel, comme s'ils s'étaient passé le mot.

Presnel : Wesh demain soir ça s'passe chez moi j'compte sur toi pour ramener tes fesses!

Moi : Une autre fois, je taffe dur là...

Presnel : Bas les couilles tu te ramènes ! T'aura que Sarah et Adri.

J'éteignais mon portable, saoulée. Décidément, tout était contre moi. Le destin voulait que je mente à tout le monde. Le moral à zéro, je replongeais la tête dans mes centaines d'e-mails.

Nuit blanche. Encore une. Mes cernes étaient devenus tellement grosses que je n'y prêtais même plus attention.

Je m'endormis vers neuf heures du matin, la tête posée sur mon ordinateur, comme les deux semaines précédentes. Je m'étais vraiment isolée. Je le savais mais je relativisais, en m'assurant que ça serait bientôt fini.

Je me réveillai vers treize heures, après de courtes heures de sommeil. Les cernes demeuraient voyantes mais étaient beaucoup moins prononcées. Je me levai difficilement et me dirigeai vers ma salle de bain pour me préparer.

Je devais aller chercher mes cours pour mon futur semestre à ma fac. J'attachais mes cheveux en chignon et m'habillais d'un jogging ; mon quotidien depuis mon retour sur Paris.

Je pris ma voiture et roulai en direction du campus universitaire. Par chance, je trouvai facilement une place non loin, de toute façon, place ou pas place, je n'étais pas d'humeur à chercher longtemps.

Je poussais la grande porte qui menait au hall. Cela faisait des mois que je n'étais pas venue.

Je traversai le hall et le dirigea dans les locaux de l'administration. Il y avait une queue immense. C'est en marmonnant que je pris place dans celle-ci, mes écouteurs sur les oreilles, pour pouvoir faire passer le temps.

Quand ce fut enfin mon tour, je dus remplir des tonnes de papiers avant de pouvoir récupérer mes cours.

Pour repartir, je fis le chemin inverse. Cette fois-ci, il y avait beaucoup plus de monde dans l'enceinte de la faculté.

Je priai intérieurement pour ne pas croiser cette personne...