Chapitre 71

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Nessa

   BJe m'apprête à fermer la porte de ma chambre mais Taehyung apparaît dans l'encadrement de la porte.

« Un peu de compagnie ? »

    Finalement, je n'ai pas besoin de donner une réponse à Taehyung. Il pousse légèrement la porte et sans rien ajouter, il me prend dans ses bras et me fait poser la tête contre son torse.

« Ne t'en fais pas. Bientôt nous rentrerons et tu reverras Lucas. »

    Sa respiration est calme, ses gestes doux et son parfum réconfortant. C'est agréable d'être là, presque protégée du monde. C'est rassurant.

« Taehyung ?

– Oui ? »

    Je relève la tête vers lui et plonge dans ses iris sombres.

« À quoi tu rêves la nuit ? Qu'est-ce qui t'empêche de dormir ? »

    Je me suis toujours posée la question.

« C'est des choses qui me sont arrivées ou qui me font peur.

– Tu veux en parler ? »

    Honnêtement, j'aimerais qu'il m'en parle.

« Viens t'asseoir. »

    Il me prend la main et me fait asseoir sur mon lit. Taehyung vient à mes côtés.

« Je repense à ma mère et à mon père. Je vois souvent le départ de mon père lorsqu'il est parti de la maison. Et puis je revois mon quotidien avec ma mère. Ce qu'il nous est arrivé. Le harcèlement que je subissais dans les rues, la prostitution de ma mère. Ses pleurs, mes pleurs, mes blessures et les siennes. Je repense à la toute première crise psychotique que j'ai eue. Mes nuits me mettent en position de faiblesse pour que je cède au Propofol. »

    Taehyung ferme les yeux et prend une grande respiration.

« Des fois je ferme les yeux et je la vois. Je la vois qui me tient la main. Elle me sourit mais je sais qu'elle rêve de pleurer. Elle était brune, grande et vraiment très élégante. Quand mon père est parti, l'enfer de ma mère a continué petit à petit et le mien aussi. Des fois ma mère ne mangeait pas pour que je puisse manger. Ma mère devait se prostituer pour m'acheter de nouvelles chaussures car les miennes étaient mortes. Quasiment à chaque fois, des gamins avec qui j'avais été à l'école me persécutaient quand je les croisais dans la rue et ils repartaient avec mes chaussures parce qu'elles étaient neuves et que ma mère n'avait aucun moyen de m'en acheter de nouvelles. Quand ma mère m'a abandonné, elle m'a laissé dans un fast food très loin de la maison mais j'ai décidé de revenir à la maison pensant qu'elle avait eu un client à la dernière minute et arrivé là-bas, j'ai vu que la maison avait été vendue avec nos biens et ma mère n'était plus là. Elle avait espéré que je sois recueilli par des gens aimants et qui pourraient m'offrir un toit. Ce que je n'aurais pas en restant avec elle. Au début j'étais en colère après elle de m'avoir laissé puis ensuite, je me sentais coupable. Tout ce que ma mère a dû faire pour moi. Je ne l'oublierai jamais. Puis, j'ai connu Seo Jeo. J'ignorais que mes parents s'étaient remis ensemble avant qu'ils ne se séparent de nouveau selon ma soeur. J'en veux à mon père et à ma mère. Je lui en veux mais une part de moi n'oublie pas les sacrifices qu'elle a dû faire. Elle n'a pas eu un comportement exemplaire mais le comportement des gens envers nous, l'était encore moins. »

    Mon cœur se serre. Il ne m'avait jamais parlé de sa mère. Seulement une fois dans sa lettre qu'il m'a laissé il y a plusieurs mois.

« Est-ce que je lui manque ? Est-ce qu'elle pense à moi ? Est-ce qu'elle pense à ma soeur ? Est-ce qu'elle regrette ? Et mon père ? Est-ce qu'il regrette ? Est-ce qu'on lui manque ? A-t-il refait sa vie avec une autre femme ? Est-ce qu'il a refait des enfants qu'il a ensuite abandonnés ? Ou bien est-ce que cette fois, il est complètement gaga d'eux ? J'étais très proche de mon père lorsque j'étais enfant. Il était passionné de baseball et même si je ne comprenais rien lorsqu'il me parlait des règles du jeu, je ne pouvais m'empêcher de regarder mon père avec admiration. Quand je le voyais sourire, je souriais. Quand il riait, je riais. Je faisais tout comme lui car je rêvais d'être lui. Puis il a quitté ma mère en disant que c'était de ma faute. Ma mère a très mal supporté la rupture et je me haïssais. Qu'avais-je bien pu faire à mon père ? Je travaillais bien à l'école, j'étais obéissant et j'aimais mes parents. Je n'étais pas un enfant turbulent. Je n'avais pas de réponse et ma mère n'a plus jamais évoqué mon père à l'instant même où nous avons dû changer de maison. »

Love on lie 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant