62- Un sacrifice

3 0 0
                                    


-Je suis peut-être la pire mère qui existe mais je sais que quand tu lis ici la nuit, ça signifie que tu es vraiment déprimée... Fais-moi de la place à côté de toi.

En rabattant mon livre, je me suis levée de mon transat pour faire de la place à ma mère qui s'est assise auprès de moi, en bordure de la piscine.

-L'hôpital a appelé, ton amie se sent de plus en plus mal depuis que tu as quitté sa chambre. Vous vous êtes disputé ?

-Non... enfin... oui ! Mais ce n'est rien de bien grave, j'irai la voir demain.

-Il s'en passe des choses, que tu ne me dit pas.

J'ai débuté un monologue.

-J'ai été virée de l'équipe de cheerleader, j'ai rompu avec Ty, j'ai flirté avec Alek et Alek firte avec Jordan. Sans oublier de mentionner la grosse collection de ' D ' que je me tape, je suis à 2 doigts de rater l'année...

Le docteur m'avait à présent donné l'autorisation de vadrouiller dans les couloirs au lieu de rester constamment au lit

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le docteur m'avait à présent donné l'autorisation de vadrouiller dans les couloirs au lieu de rester constamment au lit. Pour ça, j'avais une aide soignante que j'emmerdais sans cesse.

-Je n'aime pas ce qui se passe ! Elle aurait dû me faire des excuses depuis hier, grognais-je très fort.

-Détendez-vous mademoiselle, elle finira par venir, dit-elle excédée.

-Mais je déteste attendre !

-Levez le pied... Voilà. C'est confortable ?

-Ce qui est confortable, c'est de marcher. Là je me sens comme une infirme, marmonnais-je quand elle m'aida enfin à m'asseoir dans mon fauteuil roulant.

-Ce n'est pas grave. Vous vous remettrez sur pied dans très peu de temps. Vous avez eu beaucoup de chance comparée à votre ami... Ah lui, c'est vraiment très chaud pour lui !

Elle attrapa le poignet du fauteuil et j'ai pivoté la tête vers elle.

-Cameron? Rassurez-moi, il va bien ?

-Il ne parle pas, il ne bouge pas et d'après ce que j'ai pu entendre, il ne comprend pas ce qu'on lui dit.

A vrai dire, il n'avait pas quitté mon esprit depuis la soirée. Dès mon réveil, j'ai voulu le voir mais le médecin m'avait demandé de me détendre. Cameron allait plutôt pas mal et je pourrais le voir bientôt, mais pour cela, je devais me rétablir...

Mais entendre que son état n'était pas aussi bien que je le croyais suscita ma curiosité. Il me fallait obligatoirement le voir.

-Amène-moi le voir !

Après l'ascenseur, nous arrivions dans son couloir puis dans sa salle. La vaste chambre dans laquelle il se trouvait tout seul. Elle me poussa jusqu'à ses côtés.

-Il est vraiment paralysé et il ne parle vraiment pas... C'est drôle. Ça va lui permettre de la fermer pendant un bout de temps.

-Vous n'êtes pas un tout petit peu trop dure ?

-Oh que non. C'est un petit con et ça va faire du bien à tout le monde qu'il n'ait plus de langue pendant un moment... Enfin, jusqu'à ce qu'il guérisse.

-Il ne guérira pas.

L'expression de mon visage changea.

-Ne me dites pas que ce truc est incurable voyons, la médecine a évoluée ! Ai-je rigolé.

-Il a le cerveau et la moelle en patate. La chirurgie pour le guérir serait beaucoup trop longue et dangereuse. Sa famille a refusé qu'on l'opère. D'ici quelques semaines, il commencera à avoir les membres atrophié et ça sera la fin, on ne pourra plus rien faire du tout.

Entendre ces mots m'avait littéralement détruite. Il ne guérira pas. Et pourtant il m'avait sauvé la vie.

-Barrez-vous, attendez-moi juste à la porte.

-Appelez-moi si vous avez besoin de quelque chose.

Elle se retira et me laissa seul face à Cameron qui ne dormait pas. Ses yeux qui me fixaient étaient pâles et ne dégageait aucune émotion.

En regardant son visage, j'arrivais difficilement à concevoir qu'il ne parlerait plus ou qu'il sera un maigrichon tout pathétique... C'était inconcevable.

En hésitant un peu, j'ai glissé ma main par-dessus son drap pour lui prendre la sienne. Naturellement, je la lui caressais avec affection en le regardant.

AmneSia (RE-PUBLICATION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant