35- Mise en garde

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Jordan se précipita vers moi. À 2 doigts de tomber, elle s'installa sur l'escalier à 2 marche en dessous de moi. Puis elle se mit à lire le journal qu'elle tenait.

-Heureusement que ton nom n'a pas été mentionné. Écoute ce qu'il disent à la page 5 : Une cheerleader adepte de la sodomie se bagarre après que ses amis aient découvert ses pratiques impudiques dans les locaux du lycée.

En grimaçant je lui ai demandé de se taire. J'ai refermé mon livre puis je lui ai glissé mon paquet de biscuits.

-Merci, me gratifia-t-elle.

-Réchauffement climatique, guerre en Irak, famine en Afrique, mais les journaux préfèrent écrire sur prétendue partie de jambe en l'air. Quel monde! Des incompétents ces types... en plus d'avoir une pierre de cœur.

-Un cœur de pierre, me rectifia-t-elle.

-Oh, qu'est-ce que ça change?

-Et ça dit à la page 8 que tes parents sont au bord de la rupture.

-Mes parents sont rentré de Suisse hier, toujours aussi complice. Alors si c'est ça être au bord de la rupture, eh bien ils le sont.

-C'est un tas de merde, ce journal.

Elle le referma.

-Merci de t'en rendre compte! T'as fais quoi Samedi soir? L'ai-je sondé.

Samedi dernier, je m'en rappelle exactement. Un garçon du lycée inaugurait l'ouverture de son petit bar à jeu. Et nous y avons tous été convié.

Au départ, je n'avais pas prévu d'y mettre pied. Jordan non plus. Flemme de nous faire dévisager comme des merde. Mais j'avais tellement envie de boire et d'oublier que je m'y suis rendue sur un coup de tête. Jordan s'y trouvait, avec Alek, en train de lui rire au bras comme s'ils se connaissaient depuis toujours.

La soirée, je l'ai terminée ailleurs à me bourrer toute seule.

-Waaah, l'ennuie totale! J'ai vu un film de merde et j'ai révisé toute la nuit. Et puis qu'est-ce que j'avais froid, le chauffage nous a lâché en matinée.

-Ah ouais? Bizarrement, je t'ai vu moi, à l'inauguration... avec Alek!

Elle fronça la mine.

-Oh... euuuh... ouais... merde je confond tellement les jours ces derniers temps, mon film je l'ai vu dimanche en fait, a-t-elle titubé en fermant les yeux. Samedi j'ai décidé de faire un tour et on s'est rencontré un peu au hasard lui et moi et du coup on a parlé vite fait. Disons que j'aimerai bien vous réconcilier...

Je l'ai regardé suspicieusement.

-Ça m'aurait fait plaisir que tu me demandes mon avis avant.

-Ça ne te plairai pas? D'être réconciliée avec lui?

-J'aime pas trop l'idée de l'amie intrusive. Surtout quand je ne sais absolument rien d'elle. Ni son mec, ni sa maison, ni sa famille... Avant de te mêler de ma vie personnelle, tu me consulte. N'est-ce pas la moindre des choses?

-Oulah, j'ai l'impression d'avoir tué quelqu'un... Relax! Dis, tu y vas toujours au gala du soir ? Fit-elle rapidement pour détourner la question. Je pourrai venir tu penses ?

-Non... Et en plus, tu risquerai de t'ennuyer. Y'aura plein de vieux.

-Mais tu y vas toi!

-J'ai pas le choix chérie, avec les parents que j'ai!

-Et la vie de princesse que tu as! Bouda-t-elle froidement. Allez, je retourne en salle.

A l'heure indiquée pour le gala, j'étais déjà prête.
J'étais vêtue d'un ensemble tailleur mauve avec une petite écharpe imprimée au cou et un chapeau large, d'escarpins aiguille Louboutin, et d'une paire de lunettes fines.

-Tu vas leur en mettre plein la vue, me siffla ma mère lorsque j'ai descendu les escaliers.

Nous nous installions à l'arrière du véhicule. Maman nous a servi du champagne.

-Si tu entends des rumeurs concernant un prétendu divorce, eh bien ce sont des ... rumeurs!

-J'imagine.

Puis elle posa sa main sur la mienne.

-Désolé d'être absente. Le boulot, la maladie de ton frère, c'est difficile à gérer. Tout va bien? Avec Ty aussi? Vous me semblez moins proche. Je pense que tu devrais l'inviter plus souvent à la maison.

-Et si on en parlait une autre fois? On est sensé être détendue ce soir! Haussais-je les épaules.

-Affirmatif! Sourit-elle.

On levait nos verres pour trinquer doucement.

Dans un atmosphère filtré animé de vieux jazz très doux, on n'entendait que les bruits des verres que portaient les employés, les claquements de talons des femmes habillées de façon très élégante et des chuchotements.

Tout le monde me toisait. Je me sentais ravissante, et Alek de l'autre côté ne cessait pas de me dévisager.

Une voix par derrière commença à me chantonner à l'oreille...

-Donne-moi un "A", un "L", un "E", un "K", youhou!

J'ai roulé des yeux. Cameron!

Cameron avec une coupe à la main me prit par le bras en me tirant.

-Viens par là, menaça-t-il.

AmneSia (RE-PUBLICATION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant