AmneSia (RE-PUBLICATION)

95- Ça va mal tourner

Toute la soirée, j'étais assez placide à cause du très mauvais pressentiment qui m'habitait. Cameron qui savait que je n'étais pas comme ça d'habitude essayait par tous les moyens de me tirer le ver du nez. Mais c'était impossible de lui expliquer que j'avais la trouille que mon plan foire et que me retrouve derrière les barreaux.

Est-ce que ça en valait vraiment la peine que je pousse mon ambition aussi loin ? Ma famille me manquait tellement. Maman, Kate... Putain!

-Je suis juste fatiguée, ai-je menti quand il me trouva assise au bord de la fenêtre.

Sans m'en avertir, il me porta jusqu'au lit.

-Cameron, je suis fatiguée, j'en ai pas envie! Tentais-je de le repousser.

Ce n'était pas qu'il ne m'attirait plus du jour au lendemain mais j'avais carrément les idées ailleurs et je ne voulais de rien.

-Je sais, et ce n'est pas pour le faire, me murmura-t-il. Repose-toi ! Conseilla-t-il en m'embrassant le front.

Très tôt le matin et à l'insu de tout le monde, je suis reparti dans ce même endroit, à la même table pour attendre ce Mr Mauzy.

Le goût du café était si amer. Non seulement je n'avais pas fermé les yeux de toute la nuit mais mes mauvaises intuitions ne cessaient de grandir. Mon 7eme sens commençait à me faire regretter d'avoir pris un risque aussi grand.

A son entrée, je ne pouvais pas deviner la nouvelle qu'il me rapportait. Son expression du visage était le même que la veille.

Sans me parler, il s'assit tranquillement en face de moi et me fixa. Mon cœur palpitait tellement fort que je ne peinais pas à croire qu'il était sur le point de mourir dans ma cage thoracique.

-Bravo ! Félicita-t-il en souriant lestement.

J'ai expiré de soulagement en fermant les yeux.

-Alors... c'est terminé ? Parlais-je avec frénésie.

-Bienvenue dans la petite famille des riches !

Toute la pression était retombée d'un seul coup pour faire place à la joie.

-Je ne sais vraiment pas quoi dire, titubais-je à la limite de la folie.

-Dites juste que vous acceptez mon cadeau : une invitation pour une partie de Poker ce soir. Vous rencontrerez des gens de votre milieu et en plus je vous ferai gagner 10 millions pour une mise de 3 millions. Comme ça, pour mon boulot, vous me paierai 2 millions au lieu d'un million.

-Je n'ai jamais joué au poker.

-C'est pour ça que j'ai dit que moi je vous ferai gagner. Je suis imbattable et en dehors de mon salaire, je vis du Poker... Je jouerai à votre place !

-Et si je perds ?

-Ne me payez rien !

-Je perdrais quand même de l'argent.

-Ne dit-on pas que qui ne risque rien n'a rien ? Vous êtes la mieux placée pour le savoir.

Nous nous fixions, moi avec suspicion et lui dans l'intention de me convaincre à l'aide de ses yeux.

-Bien, marché conclu, ai-je accepté en souriant.

-Bonne décision, je n'ai jamais douté une seule seconde de votre sens des affaires.

-Et moi non plus. Vous semblez être impeccable au travail et je voudrais que vous travailliez pour moi, en tant que gestionnaire de patrimoine.

Brent fut d'abord surpris de ma proposition mais par la suite rigola d'enthousiasme en haussant les épaules.

-Pourquoi pas ! J'accepterai volontiers et pour le fêter, j'offre le déjeuner. Ne vous inquiétez pas, ne vous dérangez plus, votre capital est entre de bonne main et je suis complètement à votre service.

Toute fière je le fixais et je souriais suffisamment au coin des lèvres. Je venais de me faire mon premier bras droit... Il semblait très loyal et dévoué. Et je l'adorais déjà.

J'entrais à la maison en valsant dans tous les sens avec une bouteille de champagne en main.

-Qu'est-ce qu'on fête ? demanda Helena en s'approchant de moi avec le sourire.

Tout d'abord, j'ai pété mon champagne.

-Aujourd'hui est un jour exceptionnel dans ma vie, fis-je en buvant la bouteille au clairon.

Puis je l'ai posé sur la table ainsi que mon sac. J'ai retiré mes chaussures que j'ai laissé en vrac dans le salon pour ensuite prendre la direction de la chambre en n'arrêtant pas de chantonner.

Couché dans le lit, Cameron m'ignorait en restant concentré sur les informations télévisées. Mon attitude lunatique de la veille l'avait déconcerté et il haïssait les cachoteries.