Alya- Tan ! Je crie à travers l'appartement. Tu peux mettre la crème solaire dans la petite poche de la valise grise, mon ange ?
Deux jours. 48 heures. J'en peux plus. Je suis à bout. Ça fait deux jours que je prépare ce voyage et j'ai la sincère impression que rien ne sera prêt à temps. Je m'affaire à plier les t-shirts et les shorts de mon fils pour la énième fois. Après tout, c'est de ma faute si tout à l'heure, en sautant sur son lit comme deux gros attardés, on a tout renversé. J'y peux rien aussi, quand je vois sa bouille d'ange armée d'un sourire, tous mes sens, toutes mes pensées semblent voler en éclats.
D'habitude, j'adore préparer les valises, c'est mon petit truc à moi. C'est peut-être long et ennuyeux pour certains mais moi ça me permet de faire le tri et de réaliser que je quitte vraiment ma maison pour m'en aller ailleurs. Je ne suis pas quelqu'un de sédentaire mais je pourrai toujours trouver quelque chose de nouveau et de beau à vivre chez moi, comme si mon univers n'avait pas de limites. Parfois, on n'a pas besoin de voyager plus loin que le bout de son nez pour découvrir des choses incroyables et inusuelles. Chaque objet que je pose dans la valise est comme un pas de plus qui m'éloigne d'ici et un pas de moins qui me sépare de là-bas. Un véritable petit rituel, je vous dis.
Cette fois par contre, c'est le chaos. Il y a des sacs et des tas de fringues à chaque coin de pièce et des valises à moitié faites au sol. Il est vrai que je ne suis pas quelqu'un de très organisée mais je ne suis pas non plus désordonnée. Deux jours pour faire deux valises et trois sacs, ça me paraît exagéré. Même si je le cache au plus profond de moi, je sais très bien que c'est parce que j'angoisse. J'accompagne Tan pour son voyage de classe dans le Sud et j'ai été assigné à un autre groupe que le sien. Jusque-là, rien de bien grave mais le problème c'est que du haut de ses 4 ans, il n'a jamais voyagé tout seul et ça me fait peur. Alors oui, depuis vendredi soir, je retarde inévitablement le moment de sceller la dernière valise, comme pour le garder près de moi un peu plus longtemps.
- C'est ce tube la crème solaire ?
Je relève la tête pour tomber nez à nez avec ses grands yeux interrogateurs qui me fixe. Le grand sourire vissé sur son visage me soulage un peu. Il n'a pas l'air inquiet du tout et c'est comme un poids qui se soulève de mes épaules. Dans le pire des cas, on se verra quand même au moment de manger et de dormir. Je devrais vraiment arrêter d'en faire tout un plat et profiter. C'est pas tous les jours qu'on part en vacances au beau milieu de l'année.
J'attrape le tube qu'il me tend et le glisse dans sa valise avant de lui ébouriffer ses cheveux châtains.
- Exactement, t'es le boss mon ange ! En fait t'as plus besoin de moi, t'es un grand garçon... je lui lance en faisant semblant de m'effondrer en pleurs.
Ni une ni deux, je sens deux petits bras me serrer bien fort et sa tête se nicher dans mon cou.
- C'est pas vrai maman, arrête de pleurer, j'aime pas ça ! Moi j'ai besoin de toi toute ma vie. Il me lâche. J'ai besoin de toi comme ça, et sur ces mots il écarte grand ces bras, beaucoup beaucoup !
Son geste me fait sourire et je l'attrape dans mes bras. Mais alors qu'il s'attend à un câlin, j'infiltre doucement mes doigts sur ses côtes et commence à le chatouiller. Un éclat de rire traverse alors la pièce et en se débattant, la canaille réussit à s'échapper et court se réfugier dans le salon.
- Allez ! Du nerf, on s'active ! Faut partir dans moins d'une heure et aucune valise est terminée. Ça va pas du tout ça, c'est quoi ce bazar ?
Tan pouffe de l'autre côté du mur en entendant mon sketch.
- Moi j'ai fini maman, c'est toi qui est lente comme l'escargot dans le film d'hier !
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T'y crois, toi ? · Nekfeu
FanfictionLe Sud. Une semaine. C'est ce qu'il a fallu à Alya pour découvrir que sa vie à Paris était plus morose que ce qu'elle aurait pu penser. Entre ses études et son fils, c'est pas toujours facile de se faire accepter dans un groupe. Que ce soit parmi se...