T'y crois, toi ? · Nekfeu

Chapitre 13

Alya

Alya : Je sais pas si t'es au courant mais si tu tapes 'droites concourantes' dans Google, tu obtiendras sûrement un résultat plus précis que celui que je pourrais éventuellement te donner.

Nek : Pourquoi 'éventuellement' ?

Parfois j'ai vraiment l'impression qu'il le fait exprès.

Alya : Parce qu'on est pas potes Ken.

Pendant une fraction de seconde, les trois petits points s'affichent puis disparaissent. Tant mieux. Je pensais pas que j'arriverais à lui clouer le bec si facilement.

Rangeant mon téléphone dans ma poche, je reprends ma route. Il commence à faire réellement froid depuis une semaine et j'ai toujours pas trouvé de manteau d'hiver. J'ai perdu le mien l'hiver dernier à une soirée étudiante. Soirée étudiante à laquelle je n'aurais jamais dû aller d'ailleurs.

De l'alcool. Beaucoup d'alcool. Et malheureusement, les gens de ma promo ne semblent pas comprendre le fait que certaines personnes n'ont juste pas ENVIE de se bourrer la gueule ou pire, qu'elles ne PEUVENT pas. J'ai abandonné l'idée qu'on me comprenne depuis un peu déjà mais ça ne m'empêche pas d'espérer parfois. Ma mère aussi espère. Elle espère sans relâche que je ramène des amis, des 'jeunes' de mon âge avec qui je fais la fête, avec qui je bois. Le problème c'est que j'en ai pas. Ou plutôt c'est que j'en veux pas. Je sais pas ce qui est le pire au final : que les personnes de mon âge ne me comprennent pas ou que ma mère ne me comprenne pas.

Qu'ils ne comprennent pas que je ne peux pas me permettre de rentrer complètement défoncée à la maison parce que Tan m'y attend. Ou plutôt qu'ils ne comprennent pas que mon fils me cherche juste d'excuse pour éviter ce genre de soirées. J'ai juste pas envie. Je préfère mille fois passer la soirée avec Tan à regarder un film ou à jouer à un jeu que de faire semblant de m'amuser à une soirée et au final finir seule à boire mon verre dans un coin.

Un soupir las s'échappe de ma bouche. Rien ne sert de ressasser des choses immuables. Justement parce qu'elles sont immuables. Je jette un coup d'œil aux vitrines autour de moi tout en marchant. Qui sait ? Peut-être que le manteau parfait s'y trouve. Mais au lieu de tomber sur la veste idéale, je rencontre mon reflet. Et plus particulièrement la casquette de Ken, visée sur ma tête.

Mon téléphone vibre à nouveau.

Nek : Je sais que tu me trouves grave canon avec une casquette mais ça veut pas forcément dire que c'est ton cas.

Je fronce les sourcils. Dites-moi que c'est juste une coïncidence. Sinon c'est glauque. Et effrayant. Ou les deux. Ou peut-être que j'ai trop regardé d'épisodes de You.

Nek : Tu vas continuer à te reluquer dans la glace indéfiniment ou tu veux pas enfin te décider à venir me filer un coup de main ?

Je relève la tête et regarde autour de moi. Aucune casquette à l'horizon donc pas de Ken à l'horizon non plus.

Nek : T'as pas regardé assez haut. En même temps vu ta taille c'est difficile de faire autrement.

Je relève la tête une nouvelle fois et cette fois, je croise son regard presque instantanément. De l'autre côté de la rue, dans l'immeuble, au troisième étage. Il est à la fenêtre. Je réitère, c'est glauque.

Alya : T'es un stalkeur en fait ?

Je peux voir son sourire en coin même d'ici.

Nek : Nan, juste je repère facilement ce qui m'appartient quand je le vois dans la rue. C'est legit. Surtout quand la casquette est rose fluo.