Chapitre 45

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Ken

Ça fait trois jours qu'on est rentrés de Mytilène. Et putain, ces trois jours m'ont paru interminables. Depuis que Lya m'a avoué qu'elle me connaissait déjà avant notre rencontre, j'arrive plus à me concentrer sur autre chose. Je suis ailleurs. Je me refais toutes les scènes dans ma tête, cherchant le moindre petit détail qui pourrait montrer qu'elle profite de nous. Je me sens comme un con à avoir manqué de prudence comme ça, c'est pas dans mes habitudes.

En général, je reste froid avec une personne jusqu'à ce que je sois sûr de pouvoir lui faire confiance. Ok, j'ai joué au con avec Lya au début mais j'ai pas tenu longtemps. Personne avait gagné ma confiance aussi rapidement depuis un bon moment. Depuis que je suis tombé sur Hakim dans la cour du collège. Un bail quoi. Elle a passé le nouvel an avec ma grand-mère putain. Ça me tend rien que d'y penser. Le laser game, le Noël avec ses parents, les chaussons de danse, le week-end à Toulon chez la daronne du Bigo... La seule possibilité qu'elle ait juste profité de moi me rend ouf.

Je l'évite. Et ça, ça me fait un mal de chien. J'ai pas le choix, si mes doutes sont fondés, je souffrirais bien plus que ça. J'ai le seum de devoir faire semblant d'avoir la crève juste pour avoir une bonne raison de rester loin d'elle. Elle dort plus dans mes bras, je l'ai pas touchée depuis la sortie de l'avion et je squatte au studio tout seul alors même que j'ai rien à y faire. Et ce qui me saoule le plus dans cette histoire, c'est que Thanos en souffre aussi. Depuis que je l'ai rencontré, c'est genre une évidence. Je sais pas ce que j'aurais fait si Lya m'avait pas laissé l'approcher. En attendant, ma supposée crève me permet de rester à distance de sa mère mais m'empêche aussi d'être là pour lui. Ça me déchire.

Je dépose ma tasse vide dans l'évier avant d'enfiler ma veste. En passant ma tête dans l'entrebâillement de la porte du salon, je repère vite ma brune, concentrée sur sa feuille de cours.

- Lya, je décale, j'annonce.

Sa tête se relève, son regard plonge dans le mien et un sourire éclaire son visage.

- Ok, elle hoche la tête. Fais attention. T'as pris des mouchoirs ?

Je brandis alors mon paquet et son sourire s'élargit.

- Parfait alors. À tout à l'heure, elle me lance avant de reprendre son travail.

Une fois installé au volant, je souffle un bon coup et appelle Doums. Au bout de 7 sonneries, il répond enfin, à moitié endormi.

- Wesh Nek, quel abus de se réveiller si tôt, il grogne.

- Je viens de décaler frère, je rigole. Je suis en bas dans dix minutes genre.

Seul un grognement me répond. Je raccroche avant de sortir de ma place de parking. Doums amène Ismaël chez une tante ce matin et celle-ci a fixé l'heure sans trop lui donner de choix. Et vu qu'il est toujours pas chaud pour conduire avec son fils derrière, c'est moi qui fais chauffeur. Ça m'arrange, passer du temps avec un de mes gars, ça va peut-être me changer un peu les idées.

Une fois en bas de chez lui, je lui envoie vite fait un message avant de sortir pour installer le siège enfant à l'arrière.

- Tonton Ken ! Isma crie depuis les bras de son père.

- Wesh calme-toi il est tôt là, grogne son père. On est pas dans The Voice Kids.

Je rigole avant d'attraper le petit pour le placer à l'arrière.

- Frère, tu fais ça comme un chef maintenant, Doums me complimente en me regardant m'occuper d'Isma. Un vrai daron.

- T'as cru quoi ? Que j'étais un père en carton genre ?

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant